mercredi 9 septembre 2009

West Ham et Upton Park : "United"…



Les affrontements entre supporters de West Ham et ceux de Millwall le 24 Août dernier ont replongé l’Angleterre dans la crainte de voir un retour du hooliganisme…
Pourtant la haine plus que séculaire entre les supporters des deux clubs est bien connue, reconnue même comme un des plus grands antagonismes du football britannique…







Boleyn Ground Stadium, plus communément appelé Upton Park. Une adresse, une rue, désormais mythique : Green Street, London, E13 9AZ, celle du stade de West Ham, une ambiance unique, la plus belle, la plus populaire, la plus « typique« version London's East End


Ici on est supporters de West Ham United, on parle «cockney», l'Anglais des faubourgs et même si le stade est le plus modeste en capacité (35 650 spectateurs) des cinq clubs londoniens actuellement en Premier League, il affiche toujours complet malgré des résultats sportifs peu en rapport avec l’enthousiasme des supporters « Hammers ».
Lorsque tout le stade se tenait (encore) debout, il régnait à Upton Park qui fut inauguré le 1er Septembre 1904 par un match de championnat de Southern League entre West Ham et…Millwall, une telle ambiance que les équipes adverses craignaient plus que tout ce déplacement dans le district d'Upton Park (d’où le nom usuel donné au stade ).
Dans les tribunes, la crainte était sensiblement la même tant le trajet qu’il fallait faire entre la station de métro d’Upton Park Station et la section visiteurs du stade dans le South Bank était risqué et propice aux affrontements. Il faut dire que c’est dans ces années 70 et 80 que les supporters de West Ham ont gagné leur notoriété et sont devenus une des "firms" les plus craintes et les plus dangereuses de Londres et du Royaume-Uni…
L’Inter City Firm (qui tient son nom du réseau de chemin de fer inter urbain utilisé lors des déplacements) prenait ses racines autour de l'East End, Canning Town, Plaistow, Stratford qui ont fourni la plupart des hools qui allaient devenir des légendes dans les pubs et « terraces » de West Ham, formant ainsi l’un des groupes de hooligans les plus important du pays regroupant des membres de toutes origines raciales, bien que sa base soit constituée de purs cokneys londoniens. Un de ses leaders historiques, Cass Pennant était d’ailleurs d‘origine Jamaïcaine, même si abandonné à sa naissance, il a été élevé par une famille d’accueil « blanche ». Beaucoup des meneurs les plus violents de l'ICF se rassemblaient également dans le Lower West Side du quartier de West Ham, là ou le West Stand et le South Bank se rejoignaient avec comme seul objectif d’aller au « combat » contre les supporters visiteurs…
Et parmi les principaux ennemis, se sont toujours trouvés ceux de Millwall. Il faut là encore savoir que West Ham et Millwall étaient à la base deux clubs du East End de Londres dont l’antagonisme a débuté dès le début du 20ème siècle sous la forme d’une rivalité entre dockers de deux chantiers navals de Londres situés de chaque côté de la Tamise…Millwall a ainsi été fondé en 1885 par des dockers et des ouvriers du chantier naval de l’Ile des chiens (Isle of Dogs) tandis que West Ham a été fondé par des dockers de la ferronnerie de la Tamise (Fondé en 1895 sous le nom de Thames Iron Works FC)
Millwall Football Club. Club de League One (équivalent du National) quartier pourri du South East Londonien, l'ennemi numéro un, le plus proche aussi (géographiquement)
Aujourd’hui la situation économique du pays, la déshérence sociale de l'East End ouvrier, les prix des billets désormais inaccessibles, l’alcool et le racisme latent ne pouvaient que créer les éléments d’une résurgence de cette violence endémique et séculaire qui oppose les "Bushwachers" de Millwall à l’ICF de West Ham. Les nouveaux hooligans d'Upton Park se recrutent dorénavant parmi ceux qui se sentent les plus menacés par la récession économique que connaît l'Angleterre. « United » sous les couleurs de West Ham comme avant leurs pères et leurs grands-pères…
Face au football « business », marque déposée de ce Championnat d’Angleterre formaté pour être vendu aux TV avant d’être organisé pour « le peuple » Britannique, les supporters de base se sentent délaissés, désormais obligés de regarder leur équipe favorite sur un écran de TV dans le coin d’un pub du quartier, comme le « Boleyn » (situé à l’angle de Green Street et de Barking Road), le « Queens » (entre la station de métro de Green Street et le stade), ou encore le « Duke of Edinburgh », le « Barking Dog » ou bien le « Black Lion ». Alors quand l’occasion se présente, hors de question de la rater !
Déjà les premiers éléments de l’enquête diligentée par la Police Londonienne font apparaître que les affrontements avaient été prémédités par les deux camps. Comme le retour (médiatique) d’un rituel perdu dans une Angleterre du football qui a laissé disparaître de ses tribunes sa base populaire pour attirer un public capable de payer sa place à des tarifs de plus en plus exorbitants…
Le Crown Prosecution Service annonce de manière péremptoire, des centaines d’arrestations à venir dans les prochains mois (14 personnes sont actuellement poursuivies en relation avec ces affrontements…) et le Gouvernement via le Ministre des Sports Britannique, Gerry Sutcliffe, a d’ores et déjà promis de sévir sans aucune concession. Ainsi toutes les personnes Identifiées par les caméras de vidéosurveillance pourraient se voir interdites de stade à vie…M.Sutcliffe ne s’est apparemment pas encore rendu compte qu’ils l’étaient déjà (de fait) dans ce football Anglais désormais en mode VIP…
One man went to war, (war), went to war with Millwall, one man and a baseball bat, went to war with Millwall. 2 men went to war, (war), went to war with Millwall, 1man, 2 man and a baseball bat, went to war with Millwall. 3 men went to war (...) We hate Millwall and we hate Milwall, we hate Millwall and we hate Millwall, we hate Millwall and we hate Millwall, we are the Millwall, haters...