De manière souvent simpliste, l’image des skinheads a été utilisée (notamment en France) à des fins politiques par méconnaissance ou amalgame, sans distinction entre le mouvement skinhead « original » (non politisé) et la tendance d’extrême droite qui s’est ensuite développée….
De fait, dès les années 70 jusqu’aux 80’s et encore aujourd’hui, le mouvement skinhead via les groupes musicaux issus de sa tendance a toujours affiché une proximité particulière avec certains clubs de football et leurs supporters…
C’est en 1969 que le mouvement skinhead apparaît en Grande-Bretagne parmi les jeunes des quartiers ouvriers, blancs comme noirs, sans lien avec tout mouvement politique.
Les premiers skinheads écoutent du reggae, du ska, du rocksteady et déjà les chansons parlent des problèmes sociaux, des conditions de vie de la classe ouvrière, de celle des noirs, des émeutes, difficultés de la condition ouvrière ou de la condition noire mais aussi de football.
Hooligans et skinheads se mélangent dès lors dans les tribunes populaires (terraces) des stades Anglais, comme le Shed à Stamford Bridge, le Kop d’Anfield, le Stretford End de Old Trafford ou encore le North Bankd’Upton Park et le Shelf de White Hart Lane. Dès le début des années 70 des milliers de Skinheads s’entassent dans le Shed à Stamford Bridge, chaussés de Doc Martens, en Levi’s, polo Fred Perry, chemise Ben Sherman et en Harrington et tous reprennent des airs à la mode détournés à la gloire des « blues » comme The Liquidator, un instrumental du musicien jamaïcain Harry.J All Stars ( qui atteindra la 9ème place des charts anglais en 69) et qui deviendra même l'hymne de Chelsea. Cette chanson est d’ailleurs toujours entendue à Stamford Bridge…
En Angleterre, ce morceau demeure fameux pour avoir été joué dans de nombreux stades. D’ailleurs un débat persiste pour déterminer qui de Chelsea, de West Bromwich Albion ou des Wolverhampton Wanderers a été le premier club à le programmer…Cette « mélodie» est ainsi également reprise par les supporters des Wolverhampton Wanderers et les rivaux de West Bromwich Albion. Cependant, la police des West Midlands a interdit la diffusion de cette musique, transformée en « abuse song » (ces chants contre la police, contre les adversaires ou les arbitres) les jours de matchs.
Lors de saison 2005-2006, West Bromwich Albion et les « Wolves » ont brièvement réintroduit cette chanson en demandant aux supporters de ne pas la détourner en « abuse song », requête vaine qui obligera les clubs à la retirer de nouveau de leur « playsist » avant de faire une éphémère réapparition en 2007 lors de la phase finale des « play-off » du Football League Championship (L2) qui accueillait à Wembley, West Brom et les Wolves (ainsi que Derby County et Southampton).
Dans les années 80, les skinheads évoluent vers une musique plus violente, le street punk, ou la « Oi » qui, en argot cockney, correspond à la contraction de « Hey you ! », un cri de ralliement des skinheads, rendu célèbre par les Cockney Rejects, un groupe Londonien, fans absolus de West Ham United, qui produit de nombreuses chansons en hommage au club de l’East End et aux hooligans de l’Inter City Firm. Un de leurs plus grand succès « I'm Forever Blowing Bubbles » est tiré de l’hymne de West Ham.
D’autres titres comme War On The Terraces (« The seats and the stands are bare but you remember, not long ago, all the times that we battled there…War on the terraces, War on the terraces, It was war on the terraces »…), West Side Boys (« We are the West Side Upton Park, we meet in the Boyleyn every Saturday talk about the team that we're gonna do today, steel cap Dr. Martens and iron bars »…), We Are The Firm (« We're the firm and they all know, when we come they don't wanna know, we're the ones who still win the day, running rouning that's our way…We're the firm! We're the firm »…) célèbrent ouvertement la violence de l’ICF…
Mais si le début des années 80 connaît aussi un revival rocksteady et ska avec des groupes comme The Specials, Madness, The Selecter, contrairement aux années 70, la grande majorité des skinheads sont blancs…Dès lors, c’est le début de la récupération politique par l'extrême droite britannique du British Movement, du National Front ou du British National Party à l’image du groupe Skrewdriver, et de son leader Ian Stuart (1957- 1993) désormais ouvertement néonazie, qui créera Blood and Honour (mouvement nationaliste, raciste et antisémite) dans les années 80 .
De nombreux skinheads (boneheads) et donc beaucoup de hooligans, suivront cette évolution. C’est aussi à partir de cette époque que les « firms » londoniennes (notamment) verseront vers l’extrême droite comme les Headhunters de Chelsea, dont une majorité formera la base des fans de Skrewdriver et de B&H, de même pour les Bushwackers de Millwall, l’ennemi séculaire de West Ham, qui comptera aussi dans ses rangs des partisans du groupuscule néo-nazis (Tous participèrent à la fameuse "Battle of Waterloo" en 1992). De nombreux membres des Headhunters seront parallèlement impliqués dans des incidents à caractères racistes imputés à Combat 18, la "branche armée" de Blood and Honour, tels que Jason Marriner ou Andrew Frain, condamnés en 1999 à 7 ans et 8 ans de prison ferme avec interdiction de stade à vie...
Du côté d’Upton Park, les Cockney Rejects rejetèrent les accusations d’appartenance au British Movement même si cet amalgame les suivra longtemps.
Autre groupe de Oi! fan des « Hammers » à avoir souffert d’une tentative de récupération politique par le National Front, Sham 69 (fondé en 1976) rapidement devenu un des groupes les plus suivis par les Skinheads et réputé pour la violence qui accompagnait chacun de ses concerts. Expressément rejetée par Jimmy Pursey, le chanteur et leader du groupe, cette proximité avec l’extrême droite britannique restera toutefois toujours sous-jacente…
Les deux groupes étaient par contre intimement liés au milieu hooligan, Sham 69 avait sa bande, la Sham Army et les Cockney Rejects aussi, d’ailleurs le bassiste du groupe, Vince Riordan (un ancien roadies de Sham 69) était membre de l’Inter City Firm qui fournissait des roadies et des « minders » qui assuraient la sécurité des concerts des deux groupes.
Aujourd’hui les hooligans ont évolué vers le mode casuals, plus discret et les Skinheads ne sont plus « à la mode » en Angleterre. Mais l’esprit perdure, même au-delà des Iles Britanniques, par exemple jusqu’en Italie, Vérone plus précisément d’où sont originaires les membres de Los Fastidios un groupe de « Oi! », fondé en 1991 et affilié au mouvement skinhead SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice).
Tifosi de la VirtusVecomp Verona, la troisième équipe de la Ville (avec le Hellas et le Chievo) qui joue actuellement en Série D, le groupe participe au « Progetto Virtus Fans » une initiative antiraciste mise en place par le club de Borgo Venezia dans une cité, Vérone ou le fascisme reste une réaiité quotidienne « officielle » (Le Maire Flavio Tosi est issu des rangs du parti fasciste Movimento Giovani Padani)
Liés aux Tifosi antifascistes gravitant dans le mileu ultra’ Italien, Los Fastidios, qui sont aussi proches des Ultras Marseillais (une bache « FANS Virtus Verona » est parfois présente dans le secteur du CU au Virage Sud du Stade Vélodrome et ils se sont souvent produit en concert au local des ultras à Rabatau) ont publié une chanson « culte », mélangeant tendance politique et mentalité ultra : Antifa Hooligans…
Oi!…Pogo !!!!…