dimanche 13 décembre 2009

Chacarita Juniors, passionnément funèbre …



Fondé le 1er Mai 1906, le Club Atlético Chacarita Juniors se situe à Villa Maipú, San Martin, dans la zone nord du « Gran Buenos Aires »
Si le club est modeste, fréquentant souvent les divisions inférieures, il possède, à l’instar de certains (autres) clubs, une énorme renommée liée à sa « Barra Brava », une des, sinon la plus violente(s) du pays …
Cette saison, la Banda de San Martin a retrouvé la Primera et dans les tribunes ça s’est remarqué…
Une raison à cela, la hinchada des Funebreros (surnom du club qui est situé a coté d'un cimetière) est parmi les plus violentes du pays. La Barra Brava de « Chaca », la Banda de San Martin, regroupe à la base plusieurs groupes en l’occurrence, elle est composée de la Banda de Villa Maipu, de Los Pibes del Bar et d’El Conventillo qui forme ainsi une des Barras les plus redoutables d’Argentine.
Les incidents et les affrontements liés à la Banda de San Martin sont (très) nombreux. Impossible de tous les citer, une liste non exhaustive pourrait faire état des incidents :
Face à River Plate au Monumental en Tournoi de Clôture 2000, où après être tout d’abord tombés dans une embuscade organisée par « Los borrachos del tablón » avant le match, ceux de Chaca n’ont eu de cesse durant la rencontre d’agresser des supporters River avant d’être dispersé par les canons à eau des pompiers à la demande de la Police…Avec les hinchas de Newell’s Old Boys lors du Tournoi de Clôture 2003. Toujours en 2003 la Banda San Martin se fait remarquer lors d’un déplacement à la Bombonera, face à Boca Juniors et la 12 de Rafa Di Zeo, une barra détestée et plus que ça (Rafael Di Zeo été condamné en 2007 à 4 ans et 3 mois de prison pour avoir été l’instigateur de violents affrontements avec la Barra de Chaca en…1999. Il vient d’être libéré en conditionnelle…) lorsque avant d'entrer dans le stade, les bravas de Chaca ont détruit des portes d'accès et plusieurs buvettes. Arrivés dans le secteur réservé aux visiteurs, ils ont jeté les morceaux de fers et de planches récupérés vers les supporters de Boca situés en contrebas. En seconde mi-temps, ils réussiront à casser une grille pour aller affronter ceux de la 12 qui étaient venus à leur rencontre suite aux incidents. Il a eu plus de 60 blessés…et aucune arrestation. Contre la Barra de San Lorenzo en 2004, quand une cinquantaine de hinchas de Chacarita ont pris d’assaut à son arrivée dans la Gare de San Martin le train qui amenait 300 hinchas depuis Boedo …Avec les forces de Police à San Martin, en mai 2005, en marge d’un match face au CAI lorsque des hinchas de Chaca ont forcé les grilles qui séparent les virages des tribunes pour aller « s’en prendre » aux dirigeants du club, forçant la police à les repousser avec des gaz lacrymogènes et des tirs de flashball, un policier a été blessé et 2 hinchas arrêtés… Toujours avec la Police, à Victoria, en avril 2005 quand en première mi-temps des supporters de Chacarita ont menacé de lancer des planches en bois sur le terrain, interrompant la rencontre durant quelques minutes. Finalement c’est en fin de match qu’ils ont tenté de détruire une grille de sécurité avec les planches récupérés dans la tribune, forçant les policiers à intervenir et l’arbitre à arrêter la rencontre… À nouveau avec la Police à Saavedra, en septembre 2006 quand les bravas de Chacarita se sont durement affrontés avec les forces de police bonaerense avant le début du match lorsque celles-ci leur a interdit l’entrée d’une partie de leur « matos » dans le stade, ce qui a provoqué le début des incidents, qui se sont amplifié jusqu’à ce que les hinchas de Chaca atteignent malgré l’intervention musclée de la police les guichets de la billetterie qui seront détruits… Avec Tigre et la Police en 2007 lorsqu’un groupe de hinchas de Chacarita (n’appartenant pas à la Banda de San Martin) a commencé à se battre avec des supporters de Tigre. À la fin du match, la Police parque ces supporters des Funebreros sur le terrain pendant 30 minutes jusqu’à ce qu’un policier face un geste menaçant qui les fera réagir de manière virulente. Pour essayer de sortir du stade, ils s’affrontent durement, pratiquement à corps à corps avec les policiers qui utilisent des gaz lacrymogènes et leur tirent dessus au flashball. En voyant ceci, la Barra de Chacarita escalade les grilles des tribunes pour leur prêter main-forte et forcent les portes du stade permettant à tout le monde de sortir à l’extérieur du stade où les affrontements se sont longuement poursuivis…
La liste reste à continuer et encore Chacarita n’a pas affronté son ennemi traditionnel du Club Atlético Atlanta depuis 1999. Cette rivalité prend ses origines dans la proximité initiale des deux clubs qui de 1922 jusqu’à 1930 se trouvaient environ à 100 mètres l’un de l’autre. Bien que Chacarita ait ensuite déménagé de Villa Crespo jusqu’à San Martín en 1945, la rivalité avec Atlanta a perduré dans le temps..
En dehors des affrontements entre barras, un des hauts-faits mémorables de la Banda de San Martin date du Mondial 1986 au Mexique lorsque des membres de la Barra de Chaca venus supporter la sélection albiceleste se sont très violements affronté avec des supporters (hooligans) Anglais faisant de très nombreuses victimes (72 blessés) parmi ceux-ci. Le paradoxe veut que lors de ces affrontements, ceux de Chaca se soient « associés » avec les ennemis jurés de "La 12", la Barra Brava de Boca Juniors causant ainsi de nombreux dégâts et blessés dans un déchaînement de violences qui reste encore dans toutes les mémoires. Ce fût une des seules fois où « hinchas » Argentins et « supporters » Anglais se sont véritablement affrontés…Des drapeaux anglais volés lors de ce match peuvent encore se voir dans les tribunes de Chacarita…
Depuis Mai 2008, le stade de Chacarita a été fermé dans des conditions assez obscures, rénové, il devrait rouvrir en 2010. En attendant les Funebreros ont dû jouer toute la saison passée sur le terrain des « amis » d’Argentinos Juniors. Les supporters d’Argentinos et de Chaca sont en fait liés depuis très longtemps, depuis 1953 et « la murga », c’est une véritable culture populaire qui fédère les deux clubs et leurs supporters…
Le premier facteur commun entre Argentinos et Chacarita n'a pas été le football, ni même une passion populaire mais plutôt une idéologie. Un groupe de partisans de Pietr Propotkin, idéologue russe de l'anarchisme, a fondé le club d’Argentinos Juniors (en principe, le nom initial aurait dû être "Mártires de Chicago" en hommage à la mort de plusieurs militants anarchistes qui en 1886 furent exécutés par la police de la capitale de l’Illinois à la suite d’une manifestation ouvrière) dans le quartier de La Paternal le 15 août 1905.
Le Club Atlético Chacarita Juniors fut fondé moins d’un an plus tard, un 1er mai 1906 (date symbolique pour les travailleurs du monde entier), par des membres d'un Comité Socialiste, en majorité employés du cimetière du même nom dans une librairie anarchiste situé entre Villa Crespo et les environs de Chacarita …Le premier maillot du Funebrero était rouge (pour le socialisme) et noir (couleurs mortuaires…et des anarchistes) mais à la demande du prêtre du quartier, une bande blanche a été rajoutée comme signe de la « pureté »…
Suite à des problèmes de fonctionnement interne, Chacarita n’a eu d’existence concrète qu’à partir de 1919…Membre de la première division amateur depuis 1924, Chacarita participa au championnat professionnel à compter de 1931 avant d’être rétrogradé en 1940 en seconde division, de déménager vers San Martín et de remonter immédiatement au niveau supérieur.
De nouveau en 1956, le club sera relégué en seconde division pour la quitter en 1959, retrouvant ainsi le plus haut niveau où 10 ans plus tard en 1969, Chacarita gagnera le Tournoi Metropolitano, son seul titre en Primera…
Cependant les années suivantes furent bien plus difficiles pour Chacarita qui tomba jusqu’en 4ème division avant de remonter en 1984 en Première division, mais suspendu de compétition durant un mois et sanctionné de dix points de pénalités pour les actes de violences de ses hinchas (supporters) le club ne pu éviter la relégation immédiate.
Le club fera ensuite régulièrement l’ascenseur entre la deuxième et la troisième division avant de retrouver le plus haut niveau en 1999 et de s’y maintenir jusqu’en 2004 qui le verra à nouveau rétrogradé en Primera B Nacional jusqu’à la saison dernière où Chacarita obtint grâce à sa seconde place une nouvelle promotion en Primera División après cinq ans d’absence…
Cette saison, la Barra de Chaca n’a pas manqué de se « faire remarquer » bien évidemment. Ainsi dès la première journée de championnat, des affrontements ont eu lieu à proximité du Stade José Amalfatini de Liniers (le stade de Velez où se jouait le match) avec des hinchas de Tigre, faisant quelques blessés sans gravité toutefois. Pour cette rencontre un dispositif opérationnel de…840 policiers avait été mis en place. Et Bis repetita la journée suivante avec un déplacement au Monumental de Núñez face à River Plate, où les hinchas de Chacarita ont agressé des passants qui circulaient dans leur zone de transfert vers le stade, dérobant téléphones portables, bijoux, vêtements, malgré la présence de 750 policiers auxquels ils se sont ensuite opposés tout comme aux supporters de River Plate avec lesquels ils ont échangé des jets de projectiles. Les incidents ont duré plus d’une demi-heure et 76 barras de Chacarita ont été interpellés…
La « frontière » entre la violence des barras dans et autour des stades et les violences de droit commun est parfois très mince en Argentine. Ainsi début Septembre, deux jeunes mineurs (15 et 16 ans) ont été interpellés à la suite du meurtre d’un autre jeune de 16 ans survenu le 29 Août dernier à la sortie d’un Bowling. Deux adultes, dont le père d’un des deux jeunes détenus ont aussi été arrêtés pour détention d’armes et de produits stupéfiants (1,5kg de cocaïne)… Les responsables de la police ont indiqué que le père, comme les deux adolescents détenus sont des membres de la barra brava de Chacarita…