jeudi 17 décembre 2009

West Ham United : The working-class football institution…(II)

West Ham United s'appuyait historiquement sur une réalité sociale qui l’avait amenée depuis sa création en 1895 à demeurer la propriété d'une même famille de la bourgeoisie industrielle Londonienne, qui en a assuré sans interruption la direction jusqu’au début des années 90…

Club de la classe ouvrière par naissance, club familial par essence, West Ham a subi lors des deux dernières décennies une véritable révolution idéologique...

(Suite) Les deux membres les plus représentatifs du Conseil d’administration William White et J.W.Y.Cearns, assurent la direction du club de 1909 à 1935. En 1924 W.J.Cearns rejoint son père au sein du Conseil accompagné de son associé F.R .Pratt. Non seulement W.J.Cearns prend la succession de son père à sa mort en 1935 et demeure Président jusqu’à sa disparition en 1950, mais son fils L.C.Cearns le rejoint au bureau en 1948. F.R.Pratt, vice-président de 1935 à 1941 est remplacé à sa mort par son fils R.H.Pratt. Depuis 1924, il y toujours eu au moins un membre de chacune de ces familles au Comité directeur du club. Entre 1935 et 1986, le Président et le vice-président sont alternativement un Cearns ou un Pratt. Les liens entre administrateurs sont si forts que certains membres sont restés des « outsiders » quelle que soit la durée de leur mandat. Ainsi le Dr Thomas, un éminent chirurgien installé dans l’East End et ami personnel de R.H.Pratt. Enfin, les administrateurs nourrissent un profond mépris « pour la race des nouveaux managers, ces arrivistes qui envahissent les autres clubs en investissant de l’argent et en utilisant leurs positions pour faire carrière ».

Stabilité, famille, désintéressement, tels sont les traits saillants du conseil d’administration ; les intérêts du club devant passer avant ceux des actionnaires, on ne compte plus les années où aucun dividende n’a été versé. Conservateurs et paternalistes, les dirigeants de West Ham incarnent la tradition. Ils ne vivent ps du club, mais pour le club. Ils accomplissent leur devoir en servant une communauté au sein de laquelle chacun a sa place (les actionnaires, les joueurs, les supporters, les dirigeants…) mais tous doivent rester unis pour le meilleur et pour le pire. Investis de cette mission, ils sont fidèles au vieil idéal victorien « Faire le bien et bien le faire ».

Bien que les relations entre clubs de football et leurs supporters constituent un sujet très discuté, celui-ci n’a guère fait l’objet d’études précises sans doute parce qu’il s’agit là d’un phénomène fortement chargé et donc difficile à objectiver. Par ailleurs, pour des raisons sociales et culturelles, les dirigeants du football anglais ont souvent traité les supporters avec paternalisme (ne vous inquiétez pas, il suffit d’ouvrir les portes les jours de match et les gens viendront en foule au stade)

West Ham United, le club d’excellence de l’East London permet d’observer les changements importants qui sont survenus, depuis les années 1970 au sein du football anglais et notamment dans les relations entre les clubs et les supporters.

Comprendre l’originalité du club, c’est donc bien comprendre d’abord et avant tout le sens des investissements que les dirigeants ont engagé dans une entreprise pensée dans son aspect économique et assumée dans la plus pure tradition victorienne d’une école morale réglementant la vie privée des ouvriers.

C’est aussi constater que depuis sa création en 1895, le club n’a connu que 12 managers, Syd King, Charlie Paynter, Ted Fenton, Ron Greenwood, John Lyall, Lou Macari, Billy Bonds, Harry Redknapp, Glenn Roeder, Alan Pardew, Glenn Roeder, Alan Curbishley et Gianfranco Zola depuis 2008…

Autre particularité symbolique de cet état d’esprit, tous les joueurs ayant marqué l’histoire du club sont des joueurs du cru. Geoff Hurst certes né dans le Lancashire mais formé au club, Bobby Moore et Trevor Brooking qui sont nés à Barking, quartier voisin de celui d’Upton Park, Billy Bonds né à Woolwich dans le south-east London et Martin Peters né lui à Plaistow dans l’East London…

C’est aussi penser que West Ham est le seul club Anglais à avoir été « Champion du Monde ». 30 juillet 1966, finale de la Coupe du Monde (Angleterre – RFA), une victoire en Coupe du Monde n’aura jamais été autant liée à celle d’un (seul) club car ce jour-là, trois joueurs des Hammers sont titulaires, Bobby Moore le capitaine, Geoff Hurst et Martin Peters. Dans cette finale, ils seront décisifs, Hurst marquera trois fois (officiellement) et avec Bobby Moore soulevant la Coupe Jules Rimet et Martin Peters inscrivant l’autre but anglais de la finale, les fans des Hammers vous diront que c’est West Ham, et non l’Angleterre, qui a gagné ce 30 Juillet 1966 la Coupe du Monde…