West Ham United s'appuyait historiquement sur une réalité sociale qui l’avait amenée depuis sa création en 1895 à demeurer la propriété d'une même famille de la bourgeoisie industrielle Londonienne, qui en a assuré sans interruption la direction jusqu’au début des années 90…
Club de la classe ouvrière par naissance, club familial par essence, West Ham a subi lors des deux dernières décennies une véritable révolution idéologique…
(Suite) C’est vers la fin des années 80 que tout va changer pour West Ham, période annonciatrice de ce que sera le foot-business des temps moderne, quand un homme d’affaires de la région prendra le contrôle du club en achetant quelques actions, siège au bureau puis commence à acheter par personnes interposées, des actions supplémentaires sans que le bureau ne réagisse, voyant en lui un allié.
Les problèmes n’apparaissent qu’en Janvier 1990 quand deux actionnaires exigent la tenue d’une assemblée générale extraordinaire pour élire trois directeurs supplémentaires : Brian Wallace, Geoff Hurt, un des plus grands joueurs de l’histoire du club et John Cearns, le frère de deux directeurs et l’oncle d’un troisième…
C’est une véritable guerre de famille qui s’annonce : Le vice-président Martin Cearns fait remarquer que « John Cearns n’a pas eu la courtoisie de consulter ou de demander conseil aux membres de sa famille » avant d’envisager des changements dans le club.
Cette tentative de prise de contrôle du club échoue finalement, mais pousse les autres membres du bureau dans une guerre d’achat des actions disponibles et les aura obligés à se préoccuper de la gestion du club. A la demande de Martin Cearns, un nouveau directeur, Terence « Terry » Brown, rejoint le bureau. C’est un abonné qui s’identifie au club, soucieux de l’avenir de son avenir, qui a financièrement les reins solides et qui est prêt à consacrer du temps et de l’argent pour sa passion…
C’est pendant l’hiver 1991 que West Ham United subit donc la première grave crise de son histoire dans ses relations avec ses supporters. Les nouveaux dirigeants n’ont pas encore tiré les fruits de leur politique que déjà le club doit affronter deux séries de problèmes. Au niveau proprement sportif, les supporters craignent une relégation en fin de saison et les finances du club ne permettent pas d’envisager des renforts car le club doit financer les travaux de rénovation et de mise en conformité avec les normes désormais obligatoires du « Taylor Report » (relatif aux conditions de sécurité dans les stades)
Les résultats de la saison 1991/1992 sont en dessous des pires pronostics et ravivent les critiques contre la direction du club. En parallèle les aménagements pour remettre en service Upton Park après la saison 1994 sont estimés à plus de 15 millions de livres, ce qui excède les fonds propres du club. Les dirigeants décident alors de lancer un emprunt auprès des supporters en jouant sur la fibre émotionnelle, ce qui ne fait qu’aggraver les craintes de ceux-ci sur l’avenir du club. Ils se regroupent au sein d’une association la HISA « Hammers’ Independant Supporters Association » (l’association des supporters indépendants des Hammers) qui tiendra sa première réunion le 20 Janvier 1992, dans un pub local, le Denmark Arms où quelque 500 supporters se retrouvent pour discuter des perspectives d’avenir du club et de leur rôle.
Des manifestations sont organisées, l’affrontement entre l’association des supporters et les dirigeants du club est mis sur la place publique, ce qui amènera Martin Cearns à démissionner sous la pression de son poste de vice-président remplacé par Terry Brown, plébiscité par les fans des Hammers.
Pour les membres de l’HISA, il s’agit de maintenir le club à Upton Park et voir West Ham figurer parmi les meilleurs…
La création d’une organisation militante, prise en charge et intelligemment menée par des supporters, était bien la dernière chose que les dirigeants de West Ham souhaitaient voir.
C’est pourtant ensuite, la mobilisation efficace, bien que tardive de l’HISA dans la réalisation de l’emprunt (Hammers bonds) qui fournira au club les bases de sa survie économique…et sportive.
Terence Brown est devenu Président de West Ham en 1992 et a dirigé les « claret and blue » au travers d’une quinzaine de ses plus turbulentes années dans un football anglais en pleine évolution économique et idéologique…
Il a vendu le club en 2006 à Eggert Magnússon et Bjorgolfur Gudmundsson deux hommes d’affaires Islandais, après avoir lui aussi au final vivement été critiqué par les supporters pour sa gestion sportive et financière.
En décembre 2007, Magnússon quitte le club en revendant ses parts à Bjorgolfur Gudmundsson, alors Président de la banque Islandaise Landsbanki, mais en juin 2009, la crise financière mondiale touche de plein fouet West Ham. La Straumur-Burdaras Investment Bank reprend les actifs de Hansa Holding dont dépendait CB Holding qui détenait le portefeuille d’action du club et nomme alors un de ses administrateurs, Andrew Bernhardt, comme nouveau Président.
Début Décembre, David Gold et David Sullivan, anciens propriétaires de Birmingham, ont mis 55,6 millions d'euros sur la table pour racheter West Ham…