Les affrontements
entre supporters de West Ham et ceux de Millwall le 24 Août
dernier ont replongé l’Angleterre dans la crainte de voir un retour du
hooliganisme…
Pourtant la haine plus que séculaire
entre les supporters des deux clubs est bien connue, reconnue même comme un des
plus grands antagonismes du football britannique…
Boleyn
Ground Stadium,
plus communément appelé Upton Park. Une adresse, une rue, désormais mythique : Green
Street, London, E13 9AZ, celle du stade de West Ham, une ambiance unique, la
plus belle, la plus populaire, la plus « typique« version London's
East End…
Ici on est
supporters de West Ham United, on parle «cockney», l'Anglais des
faubourgs et même si le stade est le plus modeste en capacité (35 650 spectateurs)
des cinq clubs londoniens actuellement en Premier League, il affiche toujours
complet malgré des résultats sportifs peu en rapport avec l’enthousiasme des
supporters « Hammers ».
Lorsque tout le
stade se tenait (encore) debout, il régnait à Upton Park qui fut inauguré le
1er Septembre 1904 par un match de championnat de Southern League entre West
Ham et…Millwall, une telle ambiance que les équipes adverses craignaient plus
que tout ce déplacement dans le district d'Upton Park (d’où le nom usuel donné
au stade ).
Dans les tribunes,
la crainte était sensiblement la même tant le trajet qu’il fallait faire entre
la station de métro d’Upton Park Station et la section visiteurs du stade dans
le South Bank était risqué et propice aux affrontements. Il faut dire que c’est
dans ces années 70 et 80 que les supporters de West Ham ont gagné leur
notoriété et sont devenus une des "firms" les plus craintes et les
plus dangereuses de Londres et du Royaume-Uni…
L’Inter City
Firm
(qui tient son nom du réseau de chemin de fer inter urbain utilisé lors des
déplacements) prenait ses racines autour de l'East End, Canning Town, Plaistow,
Stratford qui ont fourni la plupart des hools qui allaient devenir des légendes
dans les pubs et « terraces » de West Ham, formant ainsi l’un des
groupes de hooligans les plus important du pays regroupant des membres de
toutes origines raciales, bien que sa base soit constituée de purs cokneys
londoniens. Un de ses leaders historiques, Cass Pennant était d’ailleurs
d‘origine Jamaïcaine, même si abandonné à sa naissance, il a été élevé par une
famille d’accueil « blanche ». Beaucoup des meneurs les plus violents de
l'ICF se rassemblaient également dans le Lower West Side du quartier de West
Ham, là ou le West Stand et le South Bank se rejoignaient avec comme seul
objectif d’aller au « combat » contre les supporters visiteurs…
Et parmi les
principaux ennemis, se sont toujours trouvés ceux de Millwall. Il faut là
encore savoir que West Ham et Millwall étaient à la base deux clubs du East End
de Londres dont l’antagonisme a débuté dès le début du 20ème siècle sous la
forme d’une rivalité entre dockers de deux chantiers navals de Londres situés
de chaque côté de la Tamise…Millwall a ainsi été fondé en 1885 par des dockers
et des ouvriers du chantier naval de l’Ile des chiens (Isle of Dogs) tandis que
West Ham a été fondé par des dockers de la ferronnerie de la Tamise
(Fondé en 1895 sous le nom de Thames Iron Works FC)
Millwall
Football Club. Club de League One (équivalent du National) quartier pourri du
South East Londonien, l'ennemi numéro un, le plus proche aussi
(géographiquement)…
Aujourd’hui la
situation économique du pays, la déshérence sociale de l'East End ouvrier, les
prix des billets désormais inaccessibles, l’alcool et le racisme latent ne
pouvaient que créer les éléments d’une résurgence de cette violence endémique et
séculaire qui oppose les "Bushwachers" de Millwall à l’ICF de West
Ham. Les nouveaux hooligans d'Upton Park se recrutent dorénavant parmi ceux qui
se sentent les plus menacés par la récession économique que connaît
l'Angleterre. « United » sous les couleurs de West Ham comme avant leurs
pères et leurs grands-pères…
Face au football
« business », marque déposée de ce Championnat d’Angleterre formaté pour
être vendu aux TV avant d’être organisé pour « le peuple »
Britannique, les supporters de base se sentent délaissés, désormais obligés de
regarder leur équipe favorite sur un écran de TV dans le coin d’un pub du
quartier, comme le « Boleyn » (situé à l’angle de Green Street et de
Barking Road), le « Queens » (entre la station de métro de Green Street et
le stade), ou encore le « Duke of Edinburgh », le « Barking Dog » ou
bien le « Black Lion ». Alors quand l’occasion se présente, hors de
question de la rater !
Déjà les premiers
éléments de l’enquête diligentée par la Police Londonienne font apparaître que
les affrontements avaient été prémédités par les deux camps. Comme le retour
(médiatique) d’un rituel perdu dans une Angleterre du football qui a laissé
disparaître de ses tribunes sa base populaire pour attirer un public capable de
payer sa place à des tarifs de plus en plus exorbitants…
Le
Crown Prosecution Service annonce de manière péremptoire, des centaines
d’arrestations à venir dans les prochains mois (14 personnes sont actuellement
poursuivies en relation avec ces affrontements…) et le Gouvernement via le
Ministre des Sports Britannique, Gerry
Sutcliffe, a d’ores et déjà promis de
sévir sans aucune concession. Ainsi toutes les personnes Identifiées par les
caméras de vidéosurveillance pourraient se voir interdites de stade à vie…M.Sutcliffe
ne s’est apparemment pas encore rendu compte qu’ils l’étaient déjà (de fait) dans ce football Anglais désormais en
mode VIP…
One man went to war, (war), went to war with Millwall, one man and a baseball bat, went to war with Millwall. 2 men went to war, (war), went to war with Millwall, 1man, 2 man and a baseball bat, went to war with Millwall. 3 men went to war (...) We hate Millwall and we hate Milwall, we hate Millwall and we hate Millwall, we hate Millwall and we hate Millwall, we are the Millwall, haters...