Historiquement, les clubs de Londres
n’ont jamais établi de domination sur le football Anglais (à l’instar des clubs
du nord-ouest comme Manchester United ou Liverpool). De fait il a (même) fallu
attendre la saison 2003/2004 pour voir (enfin) deux clubs Londoniens (Arsenal
et Chelsea) terminer aux deux premières places du Championnat, pourtant telle
une affiche sans cesse renouvelée, Londres offre de façon quasi ininterrompue
l’occasion de voir jouer chaque week-end, un nombre incomparable de clubs
intra-muros…
La Capitale Anglaise possède ainsi 13 clubs de football de
League (au statut professionnel) dont cinq qui évoluent en Premier League (West
Ham, Arsenal, Chelsea, Fulham, Tottenham).
Les autres clubs évoluent dans les
trois divisions inférieures (Barnet, Brentford, Charlton Athletic, Crystal
Palace, Dagenham & Redbridge, Leyton Orient, Millwall, Queens Park Rangers)
et on pourrait encore rajouter à la liste Watford et dans les divisions
inférieures, Wimbledon AFC, Hayes & Yeading United, Bromley, Welling
United, Hampton & Richmond Borough, Carshalton Athletic, Harrow Borough,
Hendon, A.F.C. Hornchurch, Sutton United, Wealdstone, Tooting & Mitcham
United etc…
Un particularisme unique qui permet
aux passionnés de vivre des derbys toujours aussi passionnés même en cette
période de football business qui tend à dénaturer la nature même du rôle
populaire et sociétal du football britannique…
Ainsi aujourd’hui, parmi les plus
connus et reconnus, on trouve Chelsea (41590 spectateurs de moyenne la saison dernière).
Chelsea relativement méconnu du grand public avant l’arrivée de Roman
Abramovitch, est désormais un des clubs les plus riches de la planète (endetté
aussi…) et des plus suivis par les médias Européens, même si le club est
détesté en Angleterre pour son côté «nouveau riche».
En Angleterre, par principe populaire,
on peut être riche mais c’est mieux d’avoir un passé, quelques références
(quand même) et un ennemi historique (c’est encore mieux)…
Ce que n’a manifestement pas Fulham (24340 spectateurs de moyenne la
saison dernière), situé en bordure de la tamise, dans un quartier calme et
pavillonnaire, autre « club de riches » propriété du milliardaire
égyptien Mohammed Al-Fayed.
Ici on est dans l’Ouest Londonien et
le West London Derby qui concerne les oppositions entre Chelsea, Fulham, Queens
Park Rangers et Brentford n’a (évidemment) pas la même renommé que ceux du Nord
ou de l’Est Londonien…
Dans le Nord de Londres justement, on
trouve (par contre) deux clubs considérés par les supporters comme des
références historiques du football Londonien et Anglais.
Tottenham Hotspur (35930 spectateurs de moyenne la
saison dernière) fut ainsi en 1901 le premier club Londonien à remporter sous
l’ère professionnelle la Coupe d’Angleterre, prenant la suite des Wanderers FC
(basé à Battersea, South London) qui durant la période amateur domina la
compétition avec cinq victoires entre 1872 et 1878. À noter qu’à cette époque
les « Spurs » jouaient en Southern League, équivalent de la League
One actuelle (3ème division). Ce fût aussi le premier club britannique à gagner
un trophée européen, la Coupe des Coupes et ses affrontements (The North London
Derby) avec Arsenal
(60040 spectateurs de moyenne la saison dernière), venu le défier sur ses
terres dès 1913 (lorsqu’Arsenal déménagea et s’installa à Highbury) restent des
affiches indémodables quels que soient les résultats et le classement des deux
clubs, ennemis séculaires…
Arsenal de son côté fût le premier club Londonien
a rejoindre la Football League en 1893 (sous le nom de Woolwich Arsenal) avant
d’être le premier club de Londres à remporter le Championnat en…1931 sous son
appellation définitive cette fois…
Reste que l'Emirates Stadium, ce n’est
pas Highbury ! Les « modernistes » diront que c’est désormais le
symbole du développement économique du club, les « traditionalistes »
regretteront toujours l’ambiance populaire des vieilles tribunes en bois de
Highbury….
Si l’on cherche du traditionnel et du
populaire, c’est à West Ham, dans l'East London qu’il faut aller ! On y parle toujours
le «cockney», l'anglais des faubourgs et Boleyn Ground, (Upton Park) affiche
toujours complet (34210 spectateurs de moyenne la saison dernière) , malgré des
résultats sans rapport avec la ferveur qui accompagne les « hammers »… Le East
London derby opposant
West Ham à Millwall
reste un des matchs les plus « âpres » du football britannique (Cf
les derniers évènements du mois d’Août dernier)…
Le côté rassurant du football
Londonien c’est certainement qu’ici l’amour du club reste sacré, quels que
soient les résultats et quels que soient les résultats des voisins aussi… Une
preuve supplémentaire avec Charlton Athletic qui en Championship (2ème division)
attirait régulièrement plus de 20 000 personnes dans son stade (The Valley) la saison dernière…
Il faut dire qu’à Londres, la plupart
des clubs ont été fondés vers la fin du XIXème siècle (début du XXème) et cela
alors même que déjà ce « nouveau » sport avait trouvé une base de
développement populaire dans les bassins industriels des Middlands et du
nord-ouest de l'Angleterre. Millwall (1885), Queens Park Rangers (1882), Arsenal (1886), Tottenham (1882), West Ham United (1895 sous le nom de Thames Ironworks),
Fulham (1879), Charlton (1905), Chelsea (1905), Crystal Palace (1905), ….
Ici la passion et l’amour du maillot (avec les vraies couleurs historiques)
se transmettent de génération en génération, même si les populations évoluent
dans un Londres qui attire aujourd’hui de nombreux immigrants qui eux aussi
adoptent (rapidement) un club, un maillot, une passion qu’ils transmettront
…plus tard.