jeudi 19 novembre 2009

Boca Juniors reste le club le plus populaire d’Argentine



Une récente enquête menée par un Cabinet spécialisé pour le journal "La Capital", de Rosario, indique que Boca Junios est le club qui compte le plus de supporters en Argentine, suivi de River, Independiente, Racing et San Lorenzo...


Rosario Central, arrive juste derrière les cinq grands historiques, les seuls dont les oppositions sont officiellement appelées « clasicos » …


C’est tout sauf une surprise, Boca est le club le plus populaire du pays, avec 40.6% des votes, tandis que River est deuxième avec 32.4%, soit quasiment 3/4 de la population qui supporte un de deux géants du football Argentin…


Loin derrière les xeneizes et les millonarios, on (re)trouve le Clásico de Avellaneda avec Independiente qui obtient 5.4% de votes devant l’autre club de la cité portuaire, le Racing Club qui occupe la quatrième place avec 4.3% des votants. San Lorenzo ferme la marche des « cinq grands » avec 3.8% des votes en sa faveur.


Derrière c’est Rosario Central qui arrive à la sixième place avec 1.8% des votants devant Estudiantes, pourtant dernier vainqueur de la Copa Libertadores…


Cette enquête révèle d’autres parts quelques résultats curieux ou tout du moins singuliers, à savoir que River Plate est le seul grand club d’Argentine qui compte davantage de sympathisants parmi les femmes que les hommes. Il en est de même avec Belgrano de Córdoba et l’autre club de Rosario, Newell’s Old Boys.


La courbe du nombre des supporters de Boca et de River augmente légèrement à l’inverse de l’âge de ceux qui sont interrogés tandis qu’à l’inverse, le nombre des sympathisants d’Independiente augmente dans la mesure où croît l'âge des votants…


La sympathie par Boca Juniors augmente significativement à l’inverse de la baisse du milieu social des personnes interrogées. Au contraire, River est le club prédominant dans les couches socio-économiques aisées tandis que le nombre des supporters d’Independiente et de San Lorenzo augmentent en suivant la courbe du niveau social des personnes sondées. Le Racing de son côté est principalement supporté par la classe moyenne Argentine…


Même si Boca et River sont les clubs les plus supportés d’Argentine, certaines villes comme Rosario (Rosario Central et Newells), Santa Fe (Club Atlético Colón et Union) et La Plata (Estudiantes et Gymnasia y Esgrima) font de la résistance et dénombrent au sein de la localité d'origine, plus de hinchas partisans des clubs locaux que des deux grands clubs de Buenos-Aires…


Enfin, seulement 9.7% des personnes interrogées ont indiqué être sympathisant d’aucun club, en majorité des femmes et un nombre qui croît avec l'âge et la catégorie socio-économique de ces personnes.

mercredi 18 novembre 2009

Roter Stern Leipzig eV'99, tendance « rouge» extrême...



Certains clubs possèdent de, par leur histoire, leur évolution, leur contexte économique et social, une identité sportive, culturelle, parfois politique.



Après la célébration du 20ème anniversaire de la réunification Allemande, il était intéressant, de saisir cette occasion pour évoquer la Roter Stern Leipzig eV'99, qui a quant à elle fêté ses 10 ans cette année, fondée spécifiquement sur la base d’une politique culturelle et d’un projet sportif placé quelque part entre un club de football et un mouvement politique d’extrême gauche…


Entrons dans le monde de la Roter Stern (l'Etoile Rouge) situé dans le secteur sud de Leipzig. Ici, on est dans la zone de Connewitz et à la différence des autres clubs de la première ville de la Saxe, de ceux des autres villes d’ex-Allemagne de l’Est, telles que Rostock, Dresde, Cottbus, ou surtout du Dynamo Berlin où les néo-nazis ont infiltrés les tribunes populaires. Ici la gauche alternative a créé un club, une famille, au sein desquels ces tendances fascisantes sont activement combattues…


Le fondement philosophique, sportif, la raison d'être, et les positions politiques de la Roter Stern Leipzig'99 font partie d’un projet global, même si initialement l’intention se voulait être avant tout de créer en 1999, un club de football, engagé certes, mais où l’aspect sportif se voulait (aussi) prédominant. Le nom, Roter Stern Leipzig'99 avait ainsi été choisi car il était « original » et adapté aux principes fondateurs.


Avec le temps, la question de l'identité (politique) du club est devenue de plus en plus importante…Aujourd’hui la Roter Stern Leipzig se considère comme un projet de politique culturelle et d'émancipation. L'objectif du club est d'exposer et de lutter via le sport contre toute exclusion sociale et de l'abolir dans ses propres structures.Leipzig, avec plus de 515 000 habitants est la première ville de la Saxe (un des seize Länder composant l'Allemagne). Après la seconde guerre mondiale, Leipzig se retrouva en zone d'occupation soviétique, puis dans la RDA dont elle était la deuxième ville, après Berlin. C’est de Leipzig qu’en 1989 débutèrent « les manifestations du lundi » aux cris de « Nous sommes le peuple », qui précipitèrent la fin de la RDA et la réunification Allemande dont on vient de fêter les 20 ans…


Leipzig, aujourd'hui, retrouve, une santé économique et tend à devenir un important centre bancaire et financier. Toutefois comme pour l’ensemble des villes de l’ex RDA, le taux de chômage y reste élevé, apportant son lot de dérives populistes, base d’une résurgence néo nazis importante, même si la ville vote majoritairement pour le SPD ou les partis de gauche…


Le constat des fondateurs de la Roter Stern était qu’au regard du consensus raciste prédominant majoritairement parmi la population de l’ancienne Allemagne de l’Est, le club se devait d’essayer de lutter contre ces comportements….Le club s’est donc voulu être un projet ouvert, accessible au plus grand nombre et donc gratuit (dans la mesure du possible) en rejetant les structures traditionnelles d’un club de football….


C’est donc par le biais de réunion hebdomadaire que toutes les questions concernant le club sont examinées et que les décisions sont prises collégialements


Il est particulièrement important pour le club de lutter activement contre le racisme mais aussi contre le sexisme, le club essaie donc d’agir contre ces phénomènes par le biais d'un programme visant à sensibiliser et à travers l'organisation structurelle du club.


Ainsi, pour les fondateurs et les membres actifs, le club ne doit pas se comprendre uniquement au titre d’un projet sportif, mais comme une organisation avec des exigences politiques concrètes. Le club prend acte des questions sociétales, comme le racisme, le sexisme, la mondialisation, l’exclusion etc.…à l'extérieur et à l'intérieur de sa structure et tente de s'attaquer à ces problèmes dans la mesure où ses ressources le permettent.


La Roter Stern affiche régulièrement ses positions sur les questions pertinentes de la société, que ce soit par des manifestations antifascistes, contre les incidents racistes dans les stades et à l'extérieur, ou des manifestations contre tout ce qui peut apparaître comme « liberticide »…


Ce sont précisément de tels principes et engagements qui font de la Roter Stern Leipzig un club différent des autres…


Mais cela ne va pas sans poser de problèmes dès lors que cette « ambivalence » entre club de football et association politique ne permet pas de définir exactement la nature réelle des activités du club.Ainsi, quelque temps après sa création, l'Office d'État de la Saxe a annulé le statut d'organisation d’intérêt public du club, au motif que les membres fondateurs de la Roter Stern étaient des membres de la scène politique autonome de gauche, sans affiliation à un parti….


C'est ainsi que le dogme de la non politisation du club sera « officiellement » établi. La Roter Stern restant en parallèle un conglomérat de personnes avec un engagement politique marqué, il demeurait inévitable que les questions politiques restent prégnantes à titre individuel et indépendamment de la construction de la « Roter Stern Leipzig eV'99 »…


En fait, tout a commencé au milieu des années 90, quand quelques adolescents se sont rencontrés à Leipzig et bien qu'ils se connaissaient à peine, ils ont vite été unis par leur engagement politique anti-capitaliste (manifestations antifascistes, meetings politiques…) et leur soutien mutuel d’un des club de football de la ville, le Sachsen Leipzig.


Mais révoltés par les comportements racistes et fascistes rencontrés dans les tribunes des stades et notamment dans presque tous les clubs de Leipzig, cette vingtaine de jeunes pris la décision durant l'été 1998 de s’impliquer directement dans la mise en place d’une autre vision sociale du football.


Le groupe a d’abord voulu intégrer un club classique (le FC Blau-Weiß Leipzig), afin d’y apporter une autre culture, une autre approche sociale du football, mais les limites de la capacité du groupe à agir de manière indépendante au sein du Blau-Weiß sont rapidement devenues évidentes…


C’est ainsi qu’en Février 1999, la Roter Stern Leipzig a été fondée. Il y eu d'abord 2 équipes séniors, jouant en 3ème Kreisklasse (le plus bas de classement de ligue), puis une équipe de jeunes etc…


En marge donc, ou en parallèle du football, l’activité militante des dirigeants et membres du club reste forte. Ils sont d’ailleurs rejoints dans leur lutte par la scène culturelle et musicale de Leipzig sous la forme d’un CD dédié au club tandis que les groupes, à leur tour, peuvent s'attendre à un public large et enthousiaste accueilli sous l'étiquette « Roter Stern » qui jouit désormais d'une excellente réputation auprès des militants et amateurs de football partageant les mêmes idéaux.


La Roter Stern est aujourd’hui un symbole de la culture alternative de gauche et de son implication quotidienne auprès des populations défavorisées et des jeunes auprès desquels elle effectue un travail social de proximité…


Le 24 Octobre 2009, lors d’un cours déplacement à Brandis, face au FSV Brandis, une cinquantaine de néo-nazis ont attaqué durant le match, les joueurs, les supporters et les dirigeants de la RSL avec des barres de fer, des battes de baseball, des pierres et des cocktails Molotov ont même été lancés faisant trois blessés graves. Un des blessés présente de graves séquelles puisque touché au visage, les médecins ne peuvent pas exclure une perte définitive de la vue…Si l’Allemagne est « officiellement » réunifiée, elle n’a pas fini de payer les conséquences sociétales d’un mur érigé une nuit d’Août 1961…

mardi 17 novembre 2009

Independiente, "el sentimiento Rojo"



Le Club Atlético Independiente est un club omnisports dont le siège social se trouve à Avellaneda dans la Province de Buenos-Aires, au sud de la Capitale Argentine…


Independiente qui trouve ses origines à Monserrat, un barrio (quartier) historique de Buenos-Aires a été fondé en 1905 et est considéré comme un des cinq « grands » d’Argentine, les seuls dont les oppositions s’appellent des clasicos.


Avec 7 victoires en Copa Libertadores (un record), Independiente est un des plus grands clubs d’Argentine, voire d’Amérique du Sud, le plus grand pour Fabri, présent à Buenos-Aires une partie de l’année et qui nous livre ici, une évocation de sa passion pour le CAI…


Ici le vrai est chez lui, l'authentique se sent à l'aise. Le maillot se présente à nous en toute sincérité…


Bienvenue en Argentine, bienvenue à Independiente !


Le maillot est un patrimoine à lui tout seul. L'expression même de notre identité. Usé, il en a vu des matchs. Détrempée par la pluie diluvienne qui précéda le Independiente - Argentinos Juniors de l'Apertura 2002 le maillot d'Independiente semble lourd à porter pour ceux qui n'ont pas les épaules assez larges. Cette nuit sera une parmi tant d'autre où seule la magie rouge fait du feu le grand vainqueur contre l'eau. Car la tasse est pour les juniors du football, perdu dans l'enfer d'Independiente. Le flocage Milito s'effritera avec les années, mais son match restera à jamais intact. 8-1 la messe est dite. « I'm singing in the Hell ». La soirée ne fait que commencer...


La chaleur est insoutenable. La pelouse fraîchement arrosée nous renvoie un parfum délicieux d'été. L'humidité monte en flèche. L'ambiance aussi. Le second contre le premier. Independiente - Huracan. Tout Avellaneda était là, venu pour prouver une nouvelle fois qu'il n'y avait qu'une seule place pour le plus grand d'Argentine. Les ballons rouges dansent, les « papelitos » semblent envelopper le peuple rouge, décuplant ses forces. Les chants raisonnent, la tribune tremble.


Le maillot d'Independiente colle à la peau, le tissu brûle sous un ciel bleu azur. La chevelure Del Negro Alveiro Usuriaga semble jaillir à chaque crochet. La jeunesse du club incarnée par Garnero, Lopez et Gambert en attaque, Rotchen et Rios en défense, celle-là même qui a grandi et appris à jouer dans les potreros où la boue et les cailloux sont les seules compagnes, cette jeunesse Argentine promise à ne pas vivre du foot a, cet après-midi-là, donné une leçon de football. Sauvée par le Diable, la vie n'en devient que plus douce. 4-0.


Le contraste est saisissant. 8000 personnes s'embrassent dans une folie déconcertante. 120 000 autres restent muettes, immobiles. Comme frappées d'un mal terrifiant, elles sont hiératiques, se demandant encore ce qui s'est bien passé en cette soirée de décembre 95.


Au coeur de l'euphorie, le maillot d'Independiente est tiraillé, tiré d'un côté pour mieux être distendu de l'autre. Chacun veut partager sa joie avec son voisin. On se saute dessus, on s'étreint. On désire observer plus sereinement le spectacle histoire de le graver dans notre mémoire mais c'est impossible. Les yeux sont gorgés de larme, le regard est flou, la gorge serrée. On finit dans les bras d'une demoiselle au maillot assoupli.


Et ça chante, encore et toujours. Nos voix doivent traverser des milliers de kilomètres. Car la famille n'est pas au complet. Plus de 50 000 Argentins sont restés au pays, regroupés au stade qui nous a fait gagner 2-0 le match aller. Ils nous entendent je le sais.


Je peux voir mon oncle qui m'a fait pénétrer dans la Doble Visera alors que je n'avais que 4 ans. Je le sais fier. Fier de ne pas m'avoir déçu. Même s'il est impossible pour moi de fêter ce triomphe avec lui, je sais qu'il m'observe de la plus haute des tribunes. Oui tio, Independiente es el mas grande !


Le but de Romario n'a pas suffi. Flamengo saigne, a les deux genoux à terre. La pelouse est rouge, un rouge Diabolique. Le Maracana est notre antre. Noël sera magnifique.Independiente a son histoire à laquelle se rattachent une multitude de maillots. En les observant de prêt, on peut lire ses récits.


Independiente a son peuple.


La grand-mère qui a placé le calicot du club au dessus de la croix du petit Jésus. Le grand père qui ne sort pas sans sa casquette rouge qui semble éternellement visée sur sa tête.


Son couple enlacé descendant un soir d'été l'avenue La Rambla à Mar del Plata unifiant deux maillots rouge vif d'un amour indépendant.Son jeune homme offrant toute sa jeunesse à la folie des tribunes, présent à tous les matchs de son club, s'enivrant de son plus précieux patrimoine pour mieux se sentir vivant.


Sa bande d'amis et amies, qui un après-midi d'hiver se réchauffent le corps et le cœur en buvant du maté tout en se remémorant la victoire du week-end dernier.


Ses enfants qui font entendre leurs glapissements entre les coups de bombo, les étendards et les trompettes d'un carnaval inoubliable. Et ses jeunes filles, nombreuses, toutes plus ravissantes les unes que les autres. Ces dernières sont une de nos fiertés. Comme si la beauté du maillot ne suffisait pas, elles viennent offrir leurs courbes délicieuses à nos regards gourmands. Independiente est grand Madame, Independiente est immense Monsieur. Les Diablitas le savent mieux que quiconque, elles en sont fiers et nous les aimons.


J'allais oublier Django, le petit chien qui a bu de la bière l'après midi d'une Apertura 2002 où Pusineri égalisa à la dernière seconde contre Boca pour nous offrir le titre et faire de Boca le vice. Non content de mettre ces poils sur nos maillots, il voulait aussi être sur la photo. Sacré Django, t'en fait pas va, on ne t'oubliera pas…


Fabri