La consécration inattendue de Banfield lors du dernier Tournoi
d’Ouverture 2009 est venue illustrer sans ambiguïté la situation sportive et
économique dans la laquelle se trouve actuellement le football Argentin.
Terminée l’hégémonie historique de Boca Juniors et River Plate,
qui à eux deux ont remporté la moitié des tournois disputés ces dix dernières
années.
Désormais de nouveaux clubs arrivent au sommet et parviennent
même à remporter des titres comme Lanús, sacré lors du Tournoi d’Ouverture
2007, et désormais Banfield, là encore lors d’un Tournoi d’Ouverture…
De fait, derrière Boca Juniors, sans nul doute la véritable
équipe de ces dix dernières saisons, neuf autres équipes (Racing Club,
Independiente, Newell’s Old Boys, Estudiantes de La Plata, San Lorenzo, Lanús
River Plate, Vélez Sarfield, Banfield) ont été championnes d’Argentine et une
dixième, Arsenal de Sarandi, peut se prévaloir d’avoir remporté deux Coupes
Internationales…
L’Argentine va donc continuer de revoir, si ce n’est ses
références historiques des cinq « grands » tout du moins ses
principes immuables au regard de l’évolution de son Championnat.
De son passage au professionnalisme en 1931 jusqu’en 1966, cinq
clubs se partagèrent sans discontinuité les titres de champion (Boca Juniors,
River Plate, San Lorenzo, Independiente et Racing).
Cette saison pour la première fois en près de trois décennies,
(27 ans) la Copa Libertadores se déroulera sans la présence d’un seul de ces
cinq grands du football argentin, faute de résultats cette saison (clôture 2009
et ouverture 2009)
Le seul précédent remonte à 1983, lorsque Estudiantes de La
Plata et Ferro Carril Oeste représentèrent l’Argentine…
En 2010, l’Argentine sera donc représentée par Estudiantes de La
Plata, tenant du titre, par Velez Sarsfield vainqueur du Tournoi Clausura 2009,
Banfield donc, et Lanús. Ainsi que Colón, et Newell's si ces deux équipes
passent les barrages qualificatifs de premier tour…
L’absence des cinq grands historiques a une explication,
plusieurs même, selon les problématiques récurrentes ou nouvelles des clubs
concernés…
Ainsi River Plate, l'équipe argentine qui compte le plus grand nombre
de participation à la Copa Libertadores (30) sera absent pour la première fois
depuis 1994. Pourtant rien d’étonnant dans cette absence au regard des
dernières saisons pour la plupart calamiteuses des Millonarios, que Daniel
Passarella, ancienne icône du club et nouveau Président devra ramener à leur
véritable place. River n'avait pas passé la phase de groupes en 2009…
L’autre géant du football Argentin, Boca Juniors, qui a débuté
la première décennie du XXIème siècle avec quatre victoires en Libertadores
(2000, 2001, 2003 et 2007), sera absent de la compétition pour la deuxième fois
depuis le début du siècle (précédemment en 2006). Un accident industriel en
quelque sorte qui devrait (certainement) être rapidement corrigé même si
l’effectif actuel semble déséquilibré entre jeunes espoirs et (trop ?)
vieux combattants. Les problèmes de vestiaires n’ont pas facilité le tout…
Independiente, surnommé «Rey de Copas » recordman des
victoires dans la compétition (7 titres) mais qui court après son passé depuis
des années. Ainsi le club d’Avellaneda n’a pas participé à la Libertadores ces
cinq dernières saisons et sa dernière victoire « locale » date de
2002 (Tournoi d’Ouverture). Quant à son dernier titre international, il date de
1984 avec une dernière victoire en Libertadores et un titre de Champion du
Monde des clubs obtenu face à Liverpool…L’année 2009 a laissé apparaître un
certain renouveau synonyme de nouvel espoir pour la hinchada des« Diablos
Rojos», mais il faudra
confirmer…
Le Racing, comme son rival d’Avellaneda court après son passé et
n’a plus participé à la Libertadores depuis 2003. Ces derniers temps « La
Academia » pensait plus à lutter pour sauver sa place en
« Primera » qu’à jouer le haut du tableau ou une éventuelle qualification
à la prestigieuse compétition internationale, remportée en 1967. Avec un
dernier titre qui date de 2001 (Tournoi d’Ouverture) le Cilindro rêve (désormais) de pouvoir fêter une nouvelle consécration…
Enfin San Lorenzo, le seul des cinq grands a n’avoir jamais
gagné la Copa Libertadores reste sur un titre obtenu en 2007 lors du Tournoi de
Clôture. L’absence de l'édition 2010 est une grande gifle pour les Azulgrana
qui avaient réalisé un
beau parcours en 2008 avec une
victoire historique face à River mais avaient ensuite chuté en quarts de finale
face à la LDU Quito, futur vainqueur de la compétition. La saison dernière El
Ciclon, avait été
éliminé dès la phase de groupe…
Quoi qu’il en soit et même si la situation pourrait paraître
étonnante, voire effroyable pour le football Argentin, celui-ci a pourtant
appris à compenser l’absence de « ses cinq grands » historiques au
plus haut niveau. Ainsi la saison dernière, alors que River et San Lorenzo
n'ont pas passé la phase de groupes et que Boca a été éliminée par le modeste
club Uruguayen du Defensor Sporting au second tour, c’est pourtant au final
Estudiantes de La Plata qui a (dé)montré pourquoi le football argentin était de
loin le meilleur d’Amérique du Sud avec un 22ème titre remporté en
Copa Libertadores…