C’est vers 1848 que furent inventées
des règles à ce sport, règles communes, d’ailleurs, au football et au rugby. Ce
n’est qu’un peu plus tard qu’apparaissent les premiers clubs de football. Le
premier club, le Sheffield Football Club, fut
créé par William Prest, avec quelques amis, afin de se démarquer du club de
cricket déjà existant. Même si on n’est pas d’accord sur les dates officielles
de la création (1854, 1855 ?), on peut considérer Sheffield comme le plus vieux
club au monde.
Anecdote amusante, le hors-jeu à cette époque était sifflé lorsque trois
joueurs se trouvaient entre l’attaquant et la ligne de but.
Pour en revenir à Sheffield, ce club disposait déjà à l’époque de son
propre terrain, à Bramall Lane. Les joueurs se distinguaient à l’époque par des
casquettes de couleur différente. À noter également un match en 1861 entre
Sheffield et Hallam qui avait attiré 600 spectateurs. Mais la scission allait
se faire avec le rugby à cause des difficultés à se mettre d’accord sur des
règles communes. C’est ainsi que fut créé, entre autres projet ambitieux, un
organisme central à Londres sous l’autorité duquel seraient placés les clubs,
les joueurs et les dirigeants : la fameuse Football Association le 26 octobre
1863.
Un petit point sur les nouvelles règles : le hors-jeu ne se jugeait
plus selon l’adversaire mais selon le ballon ; les buts devaient mesurer
20 pieds de large et 12 de haut ; un arbitre était instauré. A noter
également que les buts étaient des poteaux de rugby et qu’on pouvait marquer en
bottant au-dessus de la barre, ce qui ne facilitait pas la tâche du gardien de
but.
Cependant il fallut 13 ans de plus avant que les règles ne soient acceptées
par tous les clubs.
Pendant ces treize années le football avait évolué vers le jeu qu’il est
devenu aujourd’hui et ce d’autant plus qu’à ce moment-là des matchs
affrontaient déjà les sélections nationales anglaises et écossaises, et qu’une
coupe nationale, à Londres comme à Glasgow, permettait à une élite des clubs de
se dégager.
Moins de 15 ans après la naissance de la Fédération et moins de 20 ans
après le premier club, le football prenait son essor à une vitesse fabuleuse.
Le monde n’allait pas tarder à être frappé par la vague. Et si l’on ne peut
attribuer à l’Angleterre la paternité du football, il faut au moins lui
reconnaître le mérite d’avoir fait du football ce qu’il est aujourd’hui. C’est
déjà énorme.
26 octobre 1863 donc, date de
création de la FA. De cette naissance allaient naître une multitude d’évènements
dont le premier fut une bagarre entre les joueurs de Nottingham Forest et
Nottingham (Notts) County, à la suite d’un but
jugé valable par les uns et litigieux par les autres. Et pour cause : il
n’y avait pas de barre transversale...
Plus sérieusement, la FA organisa en 1870 le premier match international de
l’histoire. Il eut lieu à Londres entre l’Angleterre et l’Ecosse. En réalité
l’équipe d’Angleterre était composée, à deux ou trois éléments près de l’équipe
de Sheffield. L’équipe écossaise quant à elle, étant composée d’écossais
résidant à Londres, l’envoi d’une équipe de Glasgow jusqu’à Londres ayant paru
trop cher aux dirigeants écossais. L’Angleterre gagna 1-0.
Devant l’unanimité recueillie par cette expérience, l’idée germa dans
l’esprit du secrétaire général de la FA, Charles W.Alcock, de mettre sur pied
chaque année une compétition qui regrouperait toutes les équipes affiliées à
cette FA. Le 20 juillet 1871, le projet était rendu public : une
"Coupe du challenge de la Football Association" serait remise au
vainqueur de la compétition. Le même vainqueur se verrait qualifié d’office
pour la finale de l’année suivante, et c’est à lui que reviendrait le choix du
terrain où se disputerait cette finale. Et la compétition démarra.
La première Coupe d’Angleterre regroupa quinze équipes. De fait, elles ne furent que douze à y prendre part, trois ayant renoncé
au dernier moment. Parmi ces clubs, on peut noter la présence de Maidenhead et
Marlow, deux clubs existant toujours aujourd’hui, et qui, depuis 1871, n’ont
pas manqué une seule édition de la Cup. De plus, du fait de la distance
séparant les capitales anglaise et écossaise Queen’s Park Glasgow fut exempté
des tours préliminaires de la compétition et ne descendit à Londres que pour la
demi-finale.
La rencontre, contre les Wanderers, se termina sur un score nul, mais les
Écossais, dans l’impossibilité de rester à Londres plus longtemps ou d’y
revenir dans les jours qui suivaient, libérèrent aux Wanderers la route de la
finale. Les Wanderers ne laissaient pas passer cette chance et gagnaient cette
finale 1-0 contre les Royal Engineers (but de Betts pour les fous de
statistiques) devant 2.000 spectateurs...
Pour l’anecdote, les équipes jouaient en knickers et en grosses chaussettes
de laine, avec des casquettes vissées sur la tête. Elles changeaient de camp à
chaque but marqué, sur des terrains sans ligne médiane ni surface de
réparation, et dont les barres transversales des buts étaient représentées par
des rubans tendus.
Les Wanderers gagnaient de nouveau l’année suivante, d’autant plus
facilement qu’ils n’eurent qu’à jouer la finale, devant 3000 spectateurs. Mais
Alcock supprima la clause qualifiant directement le vainqueur pour la finale de
l’édition suivante.
Les premières éditions se déroulèrent ainsi cahin-caha, à l’avantage
quasi-général des équipes de Londres. En effet, on leur accordait quasiment
toutes les facilités : chaque match à rejouer devait être rejoué à
Londres, ce qui engendrait de nombreux forfaits.
En 1877 et 1878, alors que pour la première fois l’usage du sifflet était
recommandé aux arbitres, les Wanderers
signèrent leur quatrième et cinquième victoire dans la compétition.
Aujourd’hui, cette équipe, avec trois victoires consécutives n’a toujours pas
été surpassée, seul Blackburn égalant le record
entre 1884 et 1886.
Un petit mot sur un joueur, le joueur, peut-être la première star du
football. Kinnaird, sur les douze premières finales de Cup, en joua neuf et en
remporta cinq, trois avec les Wanderers et deux avec les Old Etonians après ce
qui aurait pu constituer le premier gros transfert de l’Histoire.
On est en 1878 et l’on va assister
à un tournant dans l’histoire du football anglais avec l’arrivée sur la scène
des puissants clubs nordistes. Ces clubs, tels Aston Villa, Blackburn, Bolton ou Newton Heath (plus connu
aujourd’hui sous le nom de Manchester United), créés en 1874 pour les trois
premiers et en 1878 pour le quatrième allaient changer la donne…
Source : "Le Football Britannique", par Patrick Blain, aux éditions Famot, 1979.