Everton qui s’impose (3-1) samedi après-midi à Goodison Park face à
Manchester United, une semaine après s’être imposé sur cette même pelouse face
à un autre représentant du « Big Four », Chelsea, c’est tout un pan
des années 80 qui revient en (notre) mémoire…
Une époque oubliée, occultée par les évènements tragiques du Heysel
qui condamneront toute une génération du football anglais et peut être la plus
belle d’entre elles du côté du Everton FC, punie par la faute du voisin honni
du Liverpool FC d’un destin (européen) qui s’annonçait grandiose…
C’était il y a bientôt 25 ans, le 15 mai 1985 à Rotterdam, deux
semaines, jour pour jour avant la dramatique soirée du Heysel, l’Europe tout
entière découvrait que Liverpool n’était pas que la ville des
« reds » mais qu’au bord de la Mersey, un autre club jouait et
gagnait en « blue », le Everton Football Club, fondé sous le nom de St.
Domingo’s en 1978 pour que les paroissiens de l'église méthodiste St.
Domingo's puissent pratiquer un autre sport en dehors de la période de pratique
du cricket.
En novembre 1889, le club est renommé Everton Football Club d'après
le nom du district de Liverpool quand les activités du club sont élargies
au-delà des limites de la paroisse…
En ce mois de Mai 1985 pour tous les supporters des Toffees la
domination des Reds de Liverpool sur le foot européen n’a que trop duré. Quant
aux joueurs du Everton FC ils avaient décidé de démontrer à l’Europe que le
premier club de la ville était bien celui qui jouait en bleu.
Depuis quatre saison, c’était Howard Kendall qui dirigeait le club
de Goodison Park, sans grand succès à vrai dire, tout juste une victoire en
finale de la FA Cup face à Watford (2-0) en 1984, le premier trophée d’Everton
depuis le dernier titre de Champion en 1970.
Déjà satisfaisant pour un club sans gros moyens financiers, mais
les supporters en demandaient plus, histoire de faire taire tous ces sarcasmes
subis quotidiennement de la part des fans du Liverpool FC…
Alors Everton aligne des joueurs issus de ses équipes de jeunes,
les recrutements se font dans les divisions inférieures comme pour le gardien
gallois Neville Southall transféré du Bury FC ou le milieu de terrain Peter
Reid né à Liverpool, mais que Kendall ira chercher à Bolton. Kevin Sheedy, le
milieu Gallois en échec du côté de Anfield est aussi « récupéré »,
tout comme en ce début saison 1984-85 le sont Paul Bracewell, le milieu
offensif en provenance de Sunderland et Pat Van Den Hauwe, l’arrière latéral
venu de Birmingham City.
Six anglais, trois gallois et deux écossais dont l’attaquant
international écossais Andy Gray, la seule « vedette » d’Everton,
forment ainsi l’équipe type d’Everton en cette saison 1984-1985 et cet
assemblage hétéroclite va débuter tranquillement mais sûrement la saison avant
de prendre la tête du Championnat, demeurant même invaincu pendant cinq mois, toutes
compétitions confondues.
En Coupe des Coupes, le parcours n’est même qu’une formalité face
aux adversaires de second plan qu’étaient l’UC Dublin, l’Inter Bratislava et le
Fortuna Sittard. Mais les demi-finales allaient offrir un opposant d’un tout
autre calibre, le Bayern Munich que les Toffees parviennent pourtant à écarter
sans trop de difficultés avec un 0-0 en Bavière et une victoire (3-1) au match
retour après toutefois avoir été mené
(0-1) à la mi-temps, tenant ainsi sa qualification pour la finale…
Histoire de préparer au mieux sa finale et d’écarter un peu de
pression, Everton assure son titre de Champion d'Angleerre lors de l’avant-dernière journée
du Championnat en l’emportant (2-0) contre Queen’s Park Rangers. Cerise sur le
gâteau, Everton est champion devant son voisin d’Anfield Road devancé de treize
points au final.
C’est donc en Champion d’Angleterre qu’Everton arrive à Rotterdam
le 15 mai 1985 pour y affronter le Rapid Vienne de Hans Krankl et du
Tchécoslovaque Antonin Panenka, en Finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupes
La rencontre se résume à une domination constante des joueurs d’Everton qui
se concrétisera à l’heure de jeu par un but d’Andy Gray, suivi un quart d’heure
plus tard par un but du alors (très) jeune Trevor Steven (21 ans). La réduction
du score d’Hans Krankl, à cinq minutes de la fin n’y changera rien et sur le réengagement
Everton ajoutera aussitôt un troisième but par Sheedy (toujours au club, en
charge des jeunes de 17 à 19 ans au sein de l'Everton Academy, le centre de formation Evertonian)
Après sa première victoire en compétition Européenne, Everton
deviendra l’une des plus belles équipes de la fin des années 1980 mais l’Europe
n’en saura (plus) rien. Quinze jours plus tard surviendra donc la tragédie du
Heysel et la suspension des clubs Anglais de toutes les compétitions organisées par l’UEFA…
Cinq années de bannissement, cinq années durant lesquelles Everton
remportera un nouveau titre en 1987 (second en 1986) et disputera deux
nouvelles finales de Cup (1986 et 1989) perdues à chaque fois contre Liverpool…
En 1990, lorsque les clubs Anglais réintègreront les compétitions
Européennes, Everton n’aura déjà plus que son (récent) passé à offrir et malgré
une victoire en Cup en 1995 (1-0 face à Manchester United) les Toffees restent
depuis lors dans l’attente d’une nouvelle ligne à leur palmarès…