Si dans de
nombreux stades ibériques (Madrid, Valence, Bétis Séville, Espanyol…) on trouve
encore de nombreux nostalgiques de l’époque franquiste ou bien comme au Nou
Camp des extrémistes de droites régionalistes, dans d’autres stades, d’autres
régions, d’autres cultures, on trouve à contrario des groupes ultra’
politiquement engagés à gauche, fondant leur collectif sur l’identité
régionale, le social et la lutte politique contre les dérives fascisantes.
C'est à
Pampelune dans la grada baja del gol sur du stade Reyno de Navarra
(anciennement appelé El Sadar) que l’on trouve l’Indar Gorri d'Osasuna, un des
kops rouges et antifascistes les plus réputés du championnat espagnol.
Le nom Indar
Gorri (Force Rouge en Basque) a été choisi pour sa connotation politique mais
aussi parce que le rouge est la couleur du maillot d'Osasuna. Indar Gorri s'est
formée le 13 décembre 1987, avec à la base un groupe de Izquierda Abertzale (la
gauche indépendantiste). Le but était de soutenir Osasuna et d'être uni et
structuré car dans d'autres villes il y avait eu des problèmes avec des kops
pro gouvernement espagnol comme à Saragosse ou Valladolid .
Indar Gorri
s'est toujours basée sur trois piliers. L'Osasunisme, le sentiment abertzale
(indépendantisme basque, ils sont liés la faction Batasuna Segi), et
l'antifascisme. Pour rentrer dans le kop il faut respecter ces trois principes.
Pas besoin d'être communiste déclaré mais juste de respecter les principes.
Dans Indar Gorri il y a des gens de la Jarrai, de Euskal Herritarrok, de divers
gaztetxes et d'autres groupes d'extrême gauche.
Leur travail se reflète donc
dans le stade et en dehors…
En dehors des
activités typiques d'un kop, Indar Gorri a aussi d'autres engagements politique
bien évidemment mais aussi dans le domaine associatif. Ainsi il organise
« la journée contre le racisme » dans le football et fait partie de Euskal
Hintxak, qui se bat pour une sélection de foot basque.
Les relations
avec les dirigeants sont assez particulières puisque lorsqu’en janvier 98 il y
eut des élections pour la présidence, le groupe a décidé de soutenir Javier
Miranda, (aujourd’hui remplacé par Francisco José Izco), ex-indépendantiste,
avec un frère membre d'ETA et un fils membre…d’Indar Gorri. Elu en partie grâce
à ce soutien, Indar Gorri a réussi par son biais à faire rentrer la langue
basque dans le stade et à célébrer le Bai Euskarari avec d'autres collectifs
populaires.
L'histoire
d'Indar Gorri est aussi parsemée d’affrontements notamment face aux Ultras Sur
du Real Madrid, ennemi héréditaire d'Osasuna. Une fois un match a même été
suspendu du fait d’affrontements avec la police pendant des heures qui se
solderont par plusieurs arrestations et blessés.
Il y a quelques
années, de violents affrontements ont eu lieu dans une station service de
Pampelune contre le Frente Atletico de Madrid faisant de nombreux blessés des
deux côtés.
De manière plus
générale, l’Indar Gorri est opposée à tous les groupes ultras d'extrême droite
comme les Ultra Sur du Real Madrid, Ligallo Fondo Norte de Saragosse et Frente
Atletico de l'Atletico Madrid. D’autres kops fachos cherchent parfois à se
faire remarquer en venant provoquer l’Indar Gorri ou les Biris de Séville
(autre kop rouge). Parmi eux, il y a les Gaunas Sur de Logrones qui ont des
liens avec d’autres groupes fascistes comme celui de Saragosse, le Frente
Atletico et le Yomus de Valence dont des membres ont assassiné Guillem Agullo
du SHARP Valence (Skinheads Against Racial Prejudice, mouvement, crée aux États-Unis
en 1987, les skinheads SHARP sont fondamentalement antifascistes et
antiracistes) les Ultra Boys de Gijon, Area Blanquiazul Leganes et d'autres
encore….
Indar Gorri est
aussi évidemment politiquement très engagée, groupe activiste militant que ce
soit d’un point de vue identitaire mais aussi lors d’actions violentes comme en
octobre 2007, lors du Festival « antifascista » de Saint Sébastien (Pays
Basque) où avec les jeunesses d'Aralar, Batasuna, ANV,
LAB et Segi, les Indar Gorri ont participé aux affrontements avec les forces de
l’ordre et certains membres d’extrême droite venus organiser une
contre-manifestation….