La mort d'un policier lors de violents
affrontements entre barrabravas d’Estudiantes était en fait prévisible tant
l'histoire récente des violences internes dans les barras des clubs Argentins a
écrit de nombreux chapitres ces derniers temps, provoquant, dans des cas comme
celui de mercredi dernier des morts et des blessés sans lien avec ces luttes de
pouvoir internes…
Le cas particulier d’Estudiantes débute le 25
Juin 2009 quand Sergio Chans, El Uruguayo a été agressé à l'Estadio
Único…
Agression suivie le 27 Octobre, par l’agression
d’Omar Alonso, « El Hache » à Mendoza, blessé de plusieurs coups de
couteaux et par une fusillade le 16 Novembre qui fera plusieurs blessés.
Ces événements seront suivis par deux autres
attaques en Février dernier, quand un groupe d'inconnus a mitraillé des façades
de maisons sans toutefois ne blesser personne…
Avant la tragédie de la gare de La Plata, une
autre attaque avait eu lieu le dimanche précédent, quand les trois occupants
d’une voiture avaient ouvert le feu sur un groupe de quatre personnes (dont
deux femmes) qui s'étaient rassemblées près des Docks, faisant un blessé,
Jonathan Ibarra, touché à l'abdomen et transféré à l'hôpital Rossi.
Des sources policières ont confirmé que Ibarra
faisait partie d'une section de la hinchada appelée « Los Leales »…
C’est en 1995, qu’une fusillade entre des
membres des différentes factions qui étaient dans des bus lors d’un déplacement
à Tucuman avait fini par diviser la barra en deux groupes irréconciliables…
Depuis la liste des affrontements, des blessés
et des morts n’a fait que s’allonger et la guerre intestine se poursuivre notamment
après l’arrestation pour le « braquage » d’une bijouterie de « Morsa Montero » qui déclencha une nouvelle lutte pour s’emparer du
pouvoir…
Le 8 août 2009, l'assassinat de Juan José
Maldonado devant la porte d'un bowling de Berisso dont ont été accusés les
principaux chefs et membres de la barrabrava d’Estudiantes a également mis en
lumière l'activité parallèle de la barra pincharata et les méthodes radicales
qu’elle peut utiliser pour contrôler ces (ses) activités quasi mafieuses…
Les activités « annexes » (illégales)
de la barra Bonaerense sont tellement « essentielles » et
« importantes » qu’après l’arrestation l’année dernière de Fabián
Giannotta (photo liée) alors chef de la barra « Pincha », son successeur désigné,
Diego Martínez, originaire du secteur de Los Hornos et membre de la barra
depuis trois ans par amitié pour Gordo Pelín (le second de Giannotta incarcéré
lui aussi pour meurtre) avait été identifié comme un supporter…du Gimnasia y
Esgrima La Plata, l’autre club de la ville et rival historique d’Estudiantes…
Étonnant à priori mais somme toute une pratique
courante quand le « business » compte avant toutes choses et surtout
avant « l’amour du club » au sein de la barra d’Estudiantes puisque
son ami Gordo Pelín était lui-même un hincha de San Lorenzo malgré son statut
de numéro 2 de la barra Pincha.
Les derniers incidents tragiques de la gare de
La Plata viennent confirmer cette situation de chaos et d’extrême violence de
la barra platense…
Trois hinchas suspectés d’être le ou les
auteurs des tirs mortels, Esteban Gallardo (29 ans), Pablo Herrera (23 ans) et
Raul Gomez (29 ans) ont été arrêtés et présentés devant le procureur chargé de
l’enquête.
L'incident a commencé vers 17h à la gare de La
Plata quand un groupe de 40 hinchas qui étaient escortés par la police pour
aller en train assister au match opposant la « Pincha » à Argentinos
Juniors à Quilmes a été attaqué à coups de pierres par une autre faction de la
barra qui se trouvait (déjà) sur place.
Durant les affrontements, les passagers d’une voiture
ont tiré plusieurs coups de feu contre le deuxième groupe, touchant à la tête
un sergent de la police fédérale et à la jambe et au genou deux autres
personnes…
Vendredi dernier, c’est un groupe de barras
d’Estudiantes qui à bord d'une voiture a mitraillé des membres d’une faction
rivale. L’alerte rapidement donnée, les assaillants ont été pris en chasse par
la Police et interpellés quelques instants plus tard…
Parmi le groupe agressé se trouvait Gustavo
Mastrovitto, ancien numéro deux de la barra pendant le règne de Fabian
Gianotta.
Mastrovitto était avec d’autres barras quand
sont arrivés en voiture des membres du groupe « Los Leales » qui
dominent aujourd'hui la barra de Central et qui ont fait feu à de nombreuses
reprises, touchant Mastrovitto, sans que ses jours ne soient (toutefois) en
danger. Parmi les cinq agresseurs interpellés par la Police se trouvait Iván
Tobar, le numéro deux des Leales….
Mastrovitto aurait, il y a deux semaines avec
d'autres membres de groupes violents rencontré, Morsa Montero (l’ancien chef de
la barra) afin de monter un groupe apte à reprendre la tête de la
« popular »…
Cette réunion aurait aussi impliqué « El
Hache » Alonso, un autre homme fort de la Barra del León au début des
années 2000 qui avait (donc) été lui-même agressé en Octobre dernier…
Quatre jours après cette réunion, ont eu lieu
les incidents de la Gare de la Plata où des membres de Los Leales affirment
avoir été pris dans une embuscade…
L’attaque de vendredi ressemble donc à une
vengeance et même s’il y a eu cinq arrestations, personne ne peut croire qu’il
s’agissait là de l’épilogue des violences qui touchent la barra Platense…