Rosario
Central, un club surnommé populairement « Canalla », (la canaille)
pour une vieille histoire de match de bienfaisance que le club avait refusé de
jouer.
Ce surnom prend sans doute tout son sens aujourd’hui au sein de la barra
brava rosarina où la lutte pour le pouvoir et surtout le contrôle des affaires
illégales liées à la barra ont transformés la hinchada du club en véritable
guerilla interne.
Parce que Central est un club important et que le
« butin » l’est tout autant, la guerre que se mènent « Los
Chaperos » et « Los Pillines » deux groupes de la barra dure
depuis pratiquement une décennie…
L’assassinat de Juan Alberto Bustos, chef du
premier groupe vient de pousser les autorités à regarder d’un peu plus près les
zones d’ombres qui accompagnent les activités de la barra. Même si cet
assassinat pourrait être lié à bien d’autres activités plus ou moins légales,
la police privilégie le scénario de la guerre interne des Canallas.
Tout débute
en 2002, lorsque Andrés Bracamonte à la tête des Pillines a évincé de la
tribune les frères Juan Alberto et César Bustos qui ont hérité de la barra vers
la fin des années 90 de leur père, Juan Carlos, chef historique des tribunes du
Gigante de Arroyito.
À partir de là, il y a eu une guerre constante entre les
différentes factions, sans cependant remettre en cause le pouvoir de
Bracamonte, qui fera (toutefois) l’objet d’une tentative d’assassinat en
2006…
Grâce à ses impeccables connexions politiques, policières et son
« influence auprès des dirigeants du club, Pillín a maintenu et même
élargi son influence. Mais en 2006 à la suite de menaces contre un employé du
club, la justice a commencé à s’intéresser à lui d’un peu plus près. La même
année, son lieutenant Oscar Pacomono Ferreyra était agressé à coups de
couteau…
Dès lors, le premier à s’opposer à lui sera Luciano Molina, de la zone
sud, où se trouvent Los Chaperos. Il y aura deux immenses batailles qui se sont
terminées par le mitraillage de la maison de Molina qui le mettra hors de
combat….
Pillin pensa alors qu’il pouvait continuer de diriger la barra
tranquillement. Mais la « tranquillité » aura duré moins de temps que ce qu’il prévoyait…
L'année
dernière, la pression judiciaire commença à être de plus en plus forte et dans
les gradins, quelques incidents survinrent, au sujet desquels Bracamonte vit la
signature des Chaperos.
L’estimant affaibli, le groupe de la Sud revint à la
charge sous la conduite cette fois de Cato Molaro…L'histoire s'est terminée
comme d'habitude par plusieurs confrontations et par une nouvelle tragédie avec
la tentative d’assassinat de Mauro Molaro, le fils de Cato dont la mère a
ouvertement accusé Bracamonte d’en être le responsable. Interpellé dans cette
affaire il y a une vingtaine de jours et il a réussi à sortir de prison avec
comme seule contrainte de venir une fois par semaine au Tribunal confirmer sa
présence en ville alors qu’initialement le Juge avait envisagé de lui appliquer
une interdiction de stade lors de chaque match au Gigante comme à l’extérieur.
Conditions contestées par ses avocats et retirées du fait du manque de
preuves…
De fait, le 16 Février, un jeune homme de 21 ans, dont le nom n’a pas
été révélé (Damián C..) s’est présenté devant le juge en prétendant être
l’auteur de la tentative d’homicide contre Mauro Molaro, indiquant que cela
n’avait rien à voir avec les problèmes de la barra mais avec d’anciennes
querelles familiales…
À Rosario, cette libération anticipée a quoi qu’il en soit
été prise comme un signe de puissance et d'impunité…
Avec la mort jeudi dernier
de Juan Alberto “Chaperito” Bustos, le fils du « Chapero », l’ancien chef
de la barra, abattu de plusieurs balles tirées par deux hommes, Andrés “Pillín”
Bracamonte a de nouveau tous les yeux de Rosario et de la Justice Argentine
tournés vers lui…