lundi 15 mars 2010

Rosario Central : Canailles et assassins…

Rosario Central, un club surnommé populairement « Canalla », (la canaille) pour une vieille histoire de match de bienfaisance que le club avait refusé de jouer. 

Ce surnom prend sans doute tout son sens aujourd’hui au sein de la barra brava rosarina où la lutte pour le pouvoir et surtout le contrôle des affaires illégales liées à la barra ont transformés la hinchada du club en véritable guerilla interne.

Parce que Central est un club important et que le « butin » l’est tout autant, la guerre que se mènent « Los Chaperos » et « Los Pillines » deux groupes de la barra dure depuis pratiquement une décennie…

L’assassinat de Juan Alberto Bustos, chef du premier groupe vient de pousser les autorités à regarder d’un peu plus près les zones d’ombres qui accompagnent les activités de la barra. Même si cet assassinat pourrait être lié à bien d’autres activités plus ou moins légales, la police privilégie le scénario de la guerre interne des Canallas.

Tout débute en 2002, lorsque Andrés Bracamonte à la tête des Pillines a évincé de la tribune les frères Juan Alberto et César Bustos qui ont hérité de la barra vers la fin des années 90 de leur père, Juan Carlos, chef historique des tribunes du Gigante de Arroyito.

À partir de là, il y a eu une guerre constante entre les différentes factions, sans cependant remettre en cause le pouvoir de Bracamonte, qui fera (toutefois) l’objet d’une tentative d’assassinat en 2006…

Grâce à ses impeccables connexions politiques, policières et son « influence auprès des dirigeants du club, Pillín a maintenu et même élargi son influence. Mais en 2006 à la suite de menaces contre un employé du club, la justice a commencé à s’intéresser à lui d’un peu plus près. La même année, son lieutenant Oscar Pacomono Ferreyra était agressé à coups de couteau…

Dès lors, le premier à s’opposer à lui sera Luciano Molina, de la zone sud, où se trouvent Los Chaperos. Il y aura deux immenses batailles qui se sont terminées par le mitraillage de la maison de Molina qui le mettra hors de combat….

Pillin pensa alors qu’il pouvait continuer de diriger la barra tranquillement. Mais la « tranquillité »  aura duré moins de temps que ce qu’il prévoyait…

L'année dernière, la pression judiciaire commença à être de plus en plus forte et dans les gradins, quelques incidents survinrent, au sujet desquels Bracamonte vit la signature des Chaperos.

L’estimant affaibli, le groupe de la Sud revint à la charge sous la conduite cette fois de Cato Molaro…L'histoire s'est terminée comme d'habitude par plusieurs confrontations et par une nouvelle tragédie avec la tentative d’assassinat de Mauro Molaro, le fils de Cato dont la mère a ouvertement accusé Bracamonte d’en être le responsable. Interpellé dans cette affaire il y a une vingtaine de jours et il a réussi à sortir de prison avec comme seule contrainte de venir une fois par semaine au Tribunal confirmer sa présence en ville alors qu’initialement le Juge avait envisagé de lui appliquer une interdiction de stade lors de chaque match au Gigante comme à l’extérieur. Conditions contestées par ses avocats et retirées du fait du manque de preuves…

De fait, le 16 Février, un jeune homme de 21 ans, dont le nom n’a pas été révélé (Damián C..) s’est présenté devant le juge en prétendant être l’auteur de la tentative d’homicide contre Mauro Molaro, indiquant que cela n’avait rien à voir avec les problèmes de la barra mais avec d’anciennes querelles familiales…

À Rosario, cette libération anticipée a quoi qu’il en soit été prise comme un signe de puissance et d'impunité

Avec la mort jeudi dernier de Juan Alberto “Chaperito” Bustos, le fils du « Chapero », l’ancien chef de la barra, abattu de plusieurs balles tirées par deux hommes, Andrés “Pillín” Bracamonte a de nouveau tous les yeux de Rosario et de la Justice Argentine tournés vers lui…