lundi 1 mars 2010

This is England : Hooligans et extrême droite, une proximité ou un mythe ? (Vol II)

Dès le début des années 1980, cette tendance a disparu dans un grand nombre de « firms » associées aux clubs des grandes villes. Le changement de culture du football, l'émergence de joueurs noirs et probablement, plus significativement, l'importance croissante de hooligans noirs ont  poussé les fascistes vers la sortie des stades.


La plupart des firms liées aux clubs de Londres, Cardiff, Birmingham, Manchester City et United, Leicester, Derby et les clubs de Sheffield a vu un nombre important de hooligans noirs apparaître durant les années 1980.

Il y avait évidemment des exceptions telles que Leeds et Newcastle où le National Front avait une forte influence au sein de leurs firms. De même pour bon nombre de firms liées aux petits clubs, où il n'y avait guère, voire pas de population « de couleur », à défaut des communautés asiatiques qui portaient peu d'intérêt pour le football.

Chelsea reste une énigme. Aucun club n'a eu de relation aussi longue avec l'extrême droite, du National Front et du British Movement des années 1970 à Combat 18 dans les années 1990. Et pourtant, malgré cela, il y eu également des hooligans noirs et ils étaient généralement acceptés. En fait, le seul problème connu au sein des Headhunters de Chelsea en relation avec Combat 18 a été quand Mark Atkinson un activiste néo-nazi de la Firm de Chelsea a laissé un message menaçant sur le pare-brise de Big Willy, un leader noir des hooligans du club Londonien. Rien de bien problématique en somme...

La relation entre les hooligans et les fascistes à Millwall a été encore plus marquée dans un quartier où le British National Party a fait sa première percée électorale lors d'une élection partielle en 1993. Pourtant, là encore, Millwall a toujours eu des hooligans noirs. Même en 1977 comme le montre un reportage de la BBC « The infamous Millwall “F-troop » où l'un des personnages principaux était un hooligan noir appelé « Tiny ».

De fait en 1993, peu après la victoire électorale de Derek Beackon, des membres de Combat 18 firent le tour de quelques-uns des pubs de Millwall pour essayer de recruter, mais ils se sont fait violement « refouler » par les hooligans de Millwall. Pour eux, Combat 18 était trop fortement associé à Chelsea. Pas question d’accepter des gars qui ne soient pas loyaux au southeast  London et à Millwall…

Cette priorité donnée au lien géographique, culturel, identitaire, sera aussi de mise en Avril 1994 quand en marge d’un match amical prévu au stade Olympique de Berlin, le jour anniversaire de la naissance d'Hitler, fascistes britanniques et allemands espéraient se réunir pour attaquer une manifestation turque dans la ville la veille de la rencontre.

Cependant, malgré les liens avec Combat 18, Tony Covelle, le chef des Headhunters de Chelsea et considéré par beaucoup comme un des hooligans les plus importants sur la scène Anglaise à l'époque, n’avait pas approuvé ce projet, Il était Anglais et les Allemands étaient l’ennemi « prioritaire »...

Face aux risques de toutes sortes et à « l’inadéquation » de la date, le match sera annulé…