Toutefois,
ces incidents sont restés depuis l'exception. Il y a certainement aujourd’hui
un sentiment croissant anti-islamiste parmi de nombreux hooligans, mais ce
n'est probablement qu'un reflet des mentalités de la société en général.
De
nombreux hooligans soutiennent sans aucun doute le BNP mais là encore, cela ne
peut pas constituer une grande surprise, ni une particularité étant donné la
croissance du parti fasciste dans de nombreuses régions du pays et le profil de
l'électeur typique du British National Party. Mais cela ne signifie pas qu’ils
sont susceptibles d'être encore à l’origine de troubles raciaux…
La
très faible mobilisation des hooligans lors de la manifestation de Birmingham
en août dernier en est la preuve flagrante. La présence massive de contre-manifestants d'United Against Fascism et de leurs capacités de réponses violentes aussi. C’est surtout dans des villes de
moindres importances telles qu’Oldham ou Luton que tout incident local peut
très facilement inciter à une réaction violente des casseurs, racistes comme
immigrés. Dans l’ensemble il n'y a donc aucun signe que les firms britanniques
soient susceptibles de se regrouper pour une cause politique d’autant plus que
la rivalité est telle entre certains groupes hooligans que même (surtout)
lorsqu’elles se situent à quelques kilomètres les unes des autres aucune
connivence fût-elle politique n’est susceptible de permettre un quelconque
rapprochement idéologique, y compris dans ces villes moyennes et banlieues
toujours prête à s’enflammer…
L’exemple
le plus frappant est la quasi-disparition de la Scottish Defence League qui ne
compterait plus qu’une vingtaine de membres officiels. Moins d’une centaine de
personnes étaient d’ailleurs présentes lors d’une récente manifestation à
Edimbourg…
Car
en Ecosse, il est inenvisageable que les casuals d’Hibernian et du Celtic
s’associent à ceux des Rangers ou de Hearts. Pire, ces
« Catholiques » avaient planifié d’attaquer les manifestants de la
SDL à Edimbourg car les unionistes protestants issus des rangs des Rangers et de l'autre club d'Edimbourg composent (composaient ?)
le noyau hooligan de ce mouvement nationaliste Britannique.
Mickey
Smith, un hooligan de la Soul Crew de Cardiff City et porte-parole de Casuals
United qui soutient les English, Scottish and Welsh Defence Leagues a reconnu
qu'il n'avait pas été possible de réunir les firms au nord de la frontière
Anglaise…
Son
collègue Jeff Marsh, membre fondateur de Casuals United et de la Welsh Defence
League (Pays de Galles) a été condamné, il y quelques jours pour avoir
déclenché une bagarre et avoir été arrêté en possession d’une arme offensive.
Marsh a plaidé coupable et a été condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Il a également été interdit de stades pendant cinq ans. Il avait été arrêté à
Cardiff, l'été dernier après avoir attaqué des supporters du Celtic qui étaient
venus assister à un match amical à Cardiff…
Au-delà
de ces rivalités historiques, la répression policière, la menace d'une
arrestation, les interdictions de stades et la perspective de se retrouver en
prison sont aussi des éléments à prendre en compte. Autant une interdiction de
stade peut être envisageable lors d’affrontements avec des hooligans adverses,
autant prendre ce risque pour un parti politique n’est pas quelque chose de
pleinement assimilé et assumé en l’état…
Enfin,
il y a la nature même des hooligans, de manière générale indisciplinés,
difficilement manipulables par des dirigeants politiques, groupe paresseux qui
préfèrent parler ou préparer un bon « fight » que s'impliquer dans
une bataille politique. Sans parler de ceux qui sont gênés voire contrariés par
la présence du BNP et d'autres groupes fascistes. Même à Luton, où le cœur de
la mobilisation hooligan actuelle a vu le jour, il y a de plus en plus les voix
de mécontentement quant à la proximité du BNP…
Les
dirigeants de l’English Defence League and Casuals United ont annoncé leur
intention d'organiser de nouvelles manifestations à travers le pays mais les
risques se situent moins dans les grandes villes que dans les agglomérations
plus petites, où des tensions existent déjà.
Dans des endroits comme Luton,
Oldham et le West Yorkshire, il y a suffisamment de hooligans
« volontaires » pour semer le trouble, sans nécessité d’aide
extérieure avec une perspective de violence entre communautés bien réelle…
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