jeudi 1 avril 2010

Yougoslavie : La guerre qui a commencé dans les stades…(Vol I)


Le rôle qu’ont joué les compétitions sportives et notamment le football dans l’éclatement de la Yougoslavie est à la mesure de la forte considération sociale dont bénéficiait la pratique sportive et en premier lieu celle du football, sport populaire par essence…

La Yougoslavie valorisait le sport comme outil de formation de l’homme nouveau, comme tous les régimes communistes, et le pays a été doté d’institutions et d’infrastructures sportives de bon niveau. Le sport avait à la fois vertu d’entraînement physique prémilitaire et d’instrument de propagande politique. Les compétitions internationales étaient en effet l’occasion d’accroître la réputation du pays.

Depuis la rupture avec Staline en 1948, la Yougoslavie était largement isolée sur la scène internationale, avant que le Mouvement des non-alignés ne lui reconnaisse un rôle dirigeant. Les succès sportifs étaient une illustration des vertus de la voie socialiste yougoslave.

Dans ce cadre, le football a souvent été le porte-drapeau des passions identitaires et nationalistes, essentiellement au travers des affrontements entre les clubs Serbes et Croates

Par ailleurs, les citoyens yougoslaves ayant la possibilité de voyager librement et de s’établir à l’étranger pour travailler, des footballeurs professionnels yougoslaves ont très tôt rejoint les championnats Européens, avides de ces magnifiques techniciens.

Contrairement aux pays du bloc soviétique, la Yougoslavie socialiste n’a jamais condamné ces « désertions ». Au contraire, les joueurs et les entraîneurs yougoslaves se voyaient attribuer une véritable fonction d’ambassadeurs de leur pays.

Durant les années 1990, quand la Yougoslavie et globalement les Balkans coïncidaient, pour les Occidentaux, avec violences et guerres ethniques, les footballeurs des Républiques ex-yougoslaves ont toujours eu à coeur de donner une image positive de leur pays et/ou de défendre la cause nationale.

Certains poussant leur engagement (politique et nationaliste) jusqu’à partir combattre tel Vladan Lukic, international Serbe et actuel Président de l'Etoile Rouge de Belgrade qui fit un passage par le FC Metz où il signa en 1997 avant de le quitter (précipitamment) en 1999 pour s'engager dans l'armée Serbe, alors que l'OTAN venait de bombarder Belgrade…

Les sociétés balkaniques sont aussi des sociétés traditionnelles où le prestige lié à la force et à l’endurance physique est très important. L’esprit de compétition est donc naturellement répandu puisque exprimées à travers le football, la rivalité et l’identification prennent une importance cruciale quand les identités nationales se redéfinissent.

À travers le football, les nouvelles frontières nationalistes pouvaient donc s’exprimer et se consolider.

Ainsi, lorsque commence le processus d’éclatement de la Socijalisticka Federativna Republika Jugoslavija (République fédérale socialiste de Yougoslavie) les différentes nations composites reprendront toute à leur compte le prestige lié au football yougoslave et en premier lieu la représentation identitaire des principaux clubs…

à suivre...