La Serbie et la Croatie sont les seules
à avoir des équipes capables de s’imposer dans des compétitions
internationales, notamment en football où la politisation des groupes de
supporters remonte au milieu des années 1980.
En exprimant leur attachement à leur
club, les supporters manifestent de plus en plus des sentiments d’appartenance
nationale, tout en exprimant leur antipathie pour les autres communautés. Des
banderoles avec des messages politiques, des portraits de dirigeants nationaux,
de saints ou de grandes figures nationales font leur apparition dans les
tribunes. Les drapeaux que l’on brandit sont de plus en plus souvent les
drapeaux interdits par le régime communiste yougoslave, qu’il s’agisse du
drapeau de la Serbie royale ou de la bannière croate à l’échiquier rouge et
blanc, souvent frappé du «U», du régime collaborationniste des oustachis de la
Seconde Guerre mondiale.
Dès 1989, début de l’époque charnière
de l’éclatement de la Yougoslavie, les médias Belgradois dénoncent ce qu’ils
désignent comme une hystérie nationaliste chez les supporters des clubs croates
de Split, Zagreb ou Dubrovnik. Les supporters du Dinamo de Zagreb et Hajduk de
Split sont particulièrement stigmatisés pour leur violence exaltée.
On dénonce les « clameurs pro-fascistes »
qui s’élèveraient du stade Maksimir de Zagreb et les dirigeants politiques
croates sont directement accusés d’entretenir de tels sentiments.
Dans ce contexte, la traditionnelle
rivalité entre les deux grands clubs Belgradois passe au second rang. Les «
Cigani » (manouches en serbe), supporters de l’Étoile Rouge et les «
Grobari » (fossoyeurs) supporters du Partizan, oublient leurs antagonismes et
les surnoms insultants (qu’ils se donnent) et serrent les coudes face à ceux
qui désormais apparaissent comme l’ennemi commun.
D’ailleurs les médias Serbes et proches
avec le pouvoir central sont beaucoup plus tolérants s’agissant des supporters des clubs Serbes en
évoquant seulement quelques éléments perturbateurs dans le public du Partizan
et de l’Étoile Rouge.
De fait, le nationalisme des supporters
Belgradois serait l’oeuvre d’agents provocateurs, naturellement à la solde des
partis d’opposition. En l’occurrence, d’un homme, Vuk Draskovic, le leader de
l’opposition serbe. En effet, au cours de l’année 1990, on pouvait entendre les
supporters de l’Étoile Rouge entonner ce chant : « Étoile, Étoile, crions d’un
seul élan, Vuk Draskovic est dans nos rangs ».
L’écrivain monarchiste Vuk
Draskovic (qui sera ensuite Ministre des Affaires étrangères jusqu’en
2007) proclamait un nationalisme exacerbé (avant de se rallier au pacifisme dès
le début effectif des guerres) Son parti, le Mouvement serbe du renouveau (SPO)
s’engageait alors fortement dans une réhabilitation des nationalistes serbes de
la Seconde Guerre mondiale, les tchétniks, et de leur chef, Draza Mihajlovic
Le régime de Slobodan Milosevic comprend vite la menace car en s’infiltrant dans les clubs de supporters (et en nouant des liens étroits avec les milieux criminels), l’opposition risque de devenir hégémonique dans les rues de la capitale. S’assurer du contrôle des manifestations sportives et des clubs de supporters devient dès lors une priorité politique pour le pouvoir de Milosevic…
Le régime de Slobodan Milosevic comprend vite la menace car en s’infiltrant dans les clubs de supporters (et en nouant des liens étroits avec les milieux criminels), l’opposition risque de devenir hégémonique dans les rues de la capitale. S’assurer du contrôle des manifestations sportives et des clubs de supporters devient dès lors une priorité politique pour le pouvoir de Milosevic…