vendredi 30 avril 2010

Yougoslavie : La guerre qui a commencé dans les stades…(Vol V)

Retour du côté de Belgrade, où l’utilisation des supporters – miliciens par le régime de Slobodan Milosevic doit être comprise dans le cadre de la difficile transition yougoslave. La crise économique, sociale et politique des années 1980 avait fait voler en éclats les bases du consensus social en Yougoslavie.




Slobodan Milosevic a réussi à réunifier la société serbe, en mobilisant tous les secteurs de cette société, à commencer par les plus populaires. Dans cette mobilisation, la guerre va jouer un rôle de légitimation du régime et de cohésion sociale.

La première milice, la Garde Serbe, avait d’ailleurs été créée à l’initiative du SPO de Vuk Draskovic. Il importait au régime de couper court à cette dérive et de mobiliser lui-même les supporters et les hooligans. C’est la mission qui fut dévolue à Arkan. Ce dernier, après l’époque "héroïque" de la guerre de Croatie, va créer le Parti de l’unité serbe (SSJ), qui lui permet de se faire élire député au Kosovo en 1994.

Arkan ne renonce pas à sa vieille passion pour le football, en devenant Président du FK Obilic, un modeste club de Belgrade qui parviendra toutefois à gagner le Championnat en 1998 (doublé Coupe/Championnat). Aujourd’hui Obilic est redescendu en 4ème division (niveau amateur)…

Le 15 janvier 2000, Hôtel Intercontinental de Belgrade, Zeljko Raznatovic, "Arkan", tombe sous une pluie de balles. A ses côtés, gisent les corps de son ami et associé Milenko Mandic et celui de Dragan Garic, un garde du corps...

Cet assassinat participait à la longue série de règlements de comptes qui marqua les dernières années du régime Milosevic et qui toucha notamment des proches d’Arkan tels Nebojsa Djordjevic et Vukasin Gojak, officiers de la milice des "Tigres" ou Radovan Stojicic. "Badzda", qui s'était "illustré" comme Commandant des escadrons de la mort serbes, (notamment à Vukovar). Chef de la police et  vice-ministre de l'intérieur serbe, il fût abattu trois ans avant son ami.

Avec le meurtre d’Arkan, beaucoup de secrets sur les liens entretenus par le régime, la police spéciale, les miliciens et les hooligans furent dissimulés à jamais…