Les supporters du FC Sankt Pauli sont aussi
uniques que leur club qui lui-même est en fait aussi particulier que ses
supporters parmi lesquels on compte Andrew Eldritch le (mythique) chanteur et
leader de l’aussi mythique groupe The Sisters Of Mercy qui a habité Sankt Pauli
dans le milieu des années 80. Dans une de ses dernières tournées « Sisters
Bite the Silver Bullet » (2006) Eldritch n’hésitait pas à s’afficher avec
un tee-shirt portant le fameux « Totenkopf » de Sankt Pauli…
L’histoire de cet emblème « Totenkopf » (la
tête de mort) du FC Sankt Pauli a en fait commencé quand un supporter bien
connu du quartier, surnommé Doc Mabuse apporta un drapeau de pirate lors d’un
match. Rapidement ce drapeau devint un symbole de ralliement non seulement des
supporters mais aussi un symbole de la lutte des classes, au sein d’une
population issue des couches sociales les plus défavorisées, reprenant ainsi
« drapeau au vent » la succession du légendaire pirate Hambourgeois
Klaus Störtebeker, qui avait la réputation de s’attaquer aux riches pour aider
les pauvres…. Sankt Pauli et ses supporters par ce drapeau s’attaquaient aux
« riches » clubs de la Bundesliga ! Ce drapeau symbolise toujours
aujourd’hui pour les ultras de Sankt Pauli la lutte des « petits clubs
contre les grands », du « prolétariat contre le patronat », des
« minorités contre les préjugés », le symbole de toutes les luttes menées
par les fans du FC Sankt Pauli en quelques sortes…
Le FC Sankt Pauli fait également office de
« symbole » pour les cultures alternatives artistiques et notamment
musicales. Ainsi en plus d’Andrew Eldritch, le Totenkopf, logo (officieux) du
club et le maillot « braun/weiß » ont souvent été portés par des artistes
internationaux tels qu’Asian Dub Foundation mais c’est bien évidemment chez les
groupes « underground » que l’on trouve de nombreux fans du club tels
que Turbonegro, KMFDM et son leader Sascha Konietzko, natif de Hambourg et bien
d‘autres musiciens et groupes Allemands comme Fettes Brot, Bela B de Die Ärzte,
Kettcar, Tomte…
Sans lien direct mais toujours dans le domaine
musical, les plus nostalgiques ou les plus « anciens » auront noté
que c’est à Hambourg, dans le quartier de Sankt Pauli, au coin de la rue Reeperbahn
et de la rue Große Freiheit, que les Beatles ont véritablement débuté leur
carrière en 1960…Aujourd’hui la « Beatles-Platz » rend hommage aux rockers
anglais…
À Sankt Pauli, nul projet de construction d’un
nouveau stade, les supporters restent attachés au Millerntor, simplement rénové
pour augmenter sa capacité à 25.000 places. Il faut dire que certaines années,
St Pauli a réussi à avoir alors qu’il était en 3ème division notamment, une
moyenne de spectateurs supérieure à bien des clubs de 2ème division (environ
18.000 spectateurs de moyenne), et a même eu un nombre d’abonnés supérieur à
des clubs de Bundesliga…
Lors de chaque match à domicile c’est au son du
« Hell's Bells » d'AC/DC que les joueurs entre sur le terrain…Et l’enfer,
le club a failli le connaître quand en fin de saison 2002/2003, il fut relégué
en 2ème division avec un déficit de près de 2 M€ qu’il lui fallait rapidement
combler faute d’être administrativement relégué en 3ème division…
Ce sont les supporters qui mettent alors en place
de nombreuses initiatives pour sauver le club. De nombreux concerts sont
organisés, ainsi que des collectes. 140.000 tee-shirts portants l’inscription
« sauveur » avec le logo du FC Sankt Pauli seront vendus sur les
marchés, sur la Reeperbahn, dans des concerts et lors d’un match de
bienfaisance organisé contre le Bayern Munich…
La brasserie Astra, sponsor du club participe
aussi à l’effort de solidarité en lançant une campagne (qui restera
certainement unique sur son principe), dans tous les bars de St Pauli sous le
slogan : « se saouler pour Sankt Pauli » s’engageant à reverser 50
centimes par 1/2 de bière commandé…
En parallèle, le club lance sa campagne
d’abonnement annuelle et sans savoir à quel niveau jouera l’équipe, ce sont
12.000 personnes qui vont s’abonner durant cette période, permettant ainsi de
collecter en tout plus de 2 M € qui permettront de sauver définitivement le
club.
Dans ce football moderne où tout n’est que
business, le club de St Pauli a réussi à garder un côté si atypique que l’auto
dérision en est même devenu un moyen de communication. Ainsi le site officiel
du club sur Internet affiche sur sa page d’accueil, le logo du club avec la
mention explicite "non established since 1910". Un jeu de mot (en
anglais dans le texte) affirmant l’instabilité du club au haut niveau…
Si vous cliquez sur le lien censé présenter le
palmarès, là où tous les clubs se vantent de la moindre finale perdue en
compétition officielle, on peut lire : « Vous ne voulez sûrement pas
voir les multiples titres de vice champions de 3ème division, les éliminations
en 1/4 de finale la coupe d’Allemagne, et les bilans des 3 promotions en 1ère
division pour autant de descentes. L’important est que nous ayons conscience
que le chemin pour parvenir (aux titres) reste notre objectif »…
Mais quoi qu’il en soit, les résultats sportifs
restent (jusqu'à présent) sans (aucun) lien avec l’engouement suscité par le club. Une des seules
fiertés « sportives » date du 6 février 2002, lorsque Sankt Pauli,
alors dernier du championnat arrive à battre le Bayern Munich (2-1) qui vient
quelques semaines auparavant de gagner la Coupe Intercontinentale, ce qui en
fait (implicitement) le Champion du Monde des clubs
(« Weltpokalsieger » en Allemand). À l’issue du match, les
supporters, toujours avec cette ironie teintée de l’auto- dérision
caractéristique du club, feront imprimer des tee-shirts avec l’inscription :
« Weltpokalsiegerbesieger », ce qui veut dire : « vainqueur du
club vainqueur de la coupe du monde »…
Le FC Sankt Pauli peut pourtant prétendre à un
autre titre puisque certains sondages en font une des équipes les plus supportées
d’Allemagne avec 11 millions d'admirateurs (potentiels) déclarés, et celle,
comptant le plus de supporters à l’étranger avec environ 200 clubs de
supporters dans le reste du monde…
Pas mal pour un club de quartier qui vient de
fêter sa (re)montée en Bundesliga, huit ans après y avoir fait un dernier
passage. Histoire de battre à nouveau le Bayern ?…