samedi 15 mai 2010

Bundesliga : Les pirates de Sankt Pauli sont de retour ! (Vol II)


Les supporters du FC Sankt Pauli sont aussi uniques que leur club qui lui-même est en fait aussi particulier que ses supporters parmi lesquels on compte Andrew Eldritch le (mythique) chanteur et leader de l’aussi mythique groupe The Sisters Of Mercy qui a habité Sankt Pauli dans le milieu des années 80. Dans une de ses dernières tournées « Sisters Bite the Silver Bullet » (2006) Eldritch n’hésitait pas à s’afficher avec un tee-shirt portant le fameux « Totenkopf » de Sankt Pauli



L’histoire de cet emblème « Totenkopf » (la tête de mort) du FC Sankt Pauli a en fait commencé quand un supporter bien connu du quartier, surnommé Doc Mabuse apporta un drapeau de pirate lors d’un match. Rapidement ce drapeau devint un symbole de ralliement non seulement des supporters mais aussi un symbole de la lutte des classes, au sein d’une population issue des couches sociales les plus défavorisées, reprenant ainsi « drapeau au vent » la succession du légendaire pirate Hambourgeois Klaus Störtebeker, qui avait la réputation de s’attaquer aux riches pour aider les pauvres…. Sankt Pauli et ses supporters par ce drapeau s’attaquaient aux « riches » clubs de la Bundesliga ! Ce drapeau symbolise toujours aujourd’hui pour les ultras de Sankt Pauli la lutte des « petits clubs contre les grands », du « prolétariat contre le patronat », des « minorités contre les préjugés », le symbole de toutes les luttes menées par les fans du FC Sankt Pauli en quelques sortes…

Le FC Sankt Pauli fait également office de « symbole » pour les cultures alternatives artistiques et notamment musicales. Ainsi en plus d’Andrew Eldritch, le Totenkopf, logo (officieux) du club et le maillot « braun/weiß » ont souvent été portés par des artistes internationaux tels qu’Asian Dub Foundation mais c’est bien évidemment chez les groupes « underground » que l’on trouve de nombreux fans du club tels que Turbonegro, KMFDM et son leader Sascha Konietzko, natif de Hambourg et bien d‘autres musiciens et groupes Allemands comme Fettes Brot, Bela B de Die Ärzte, Kettcar, Tomte…

Sans lien direct mais toujours dans le domaine musical, les plus nostalgiques ou les plus « anciens » auront noté que c’est à Hambourg, dans le quartier de Sankt Pauli, au coin de la rue Reeperbahn et de la rue Große Freiheit, que les Beatles ont véritablement débuté leur carrière en 1960…Aujourd’hui la « Beatles-Platz » rend hommage aux rockers anglais…

À Sankt Pauli, nul projet de construction d’un nouveau stade, les supporters restent attachés au Millerntor, simplement rénové pour augmenter sa capacité à 25.000 places. Il faut dire que certaines années, St Pauli a réussi à avoir alors qu’il était en 3ème division notamment, une moyenne de spectateurs supérieure à bien des clubs de 2ème division (environ 18.000 spectateurs de moyenne), et a même eu un nombre d’abonnés supérieur à des clubs de Bundesliga…

Lors de chaque match à domicile c’est au son du « Hell's Bells » d'AC/DC que les joueurs entre sur le terrain…Et l’enfer, le club a failli le connaître quand en fin de saison 2002/2003, il fut relégué en 2ème division avec un déficit de près de 2 M€ qu’il lui fallait rapidement combler faute d’être administrativement relégué en 3ème division…

Ce sont les supporters qui mettent alors en place de nombreuses initiatives pour sauver le club. De nombreux concerts sont organisés, ainsi que des collectes. 140.000 tee-shirts portants l’inscription « sauveur » avec le logo du FC Sankt Pauli seront vendus sur les marchés, sur la Reeperbahn, dans des concerts et lors d’un match de bienfaisance organisé contre le Bayern Munich…

La brasserie Astra, sponsor du club participe aussi à l’effort de solidarité en lançant une campagne (qui restera certainement unique sur son principe), dans tous les bars de St Pauli sous le slogan : « se saouler pour Sankt Pauli » s’engageant à reverser 50 centimes par 1/2 de bière commandé…

En parallèle, le club lance sa campagne d’abonnement annuelle et sans savoir à quel niveau jouera l’équipe, ce sont 12.000 personnes qui vont s’abonner durant cette période, permettant ainsi de collecter en tout plus de 2 M € qui permettront de sauver définitivement le club.

Dans ce football moderne où tout n’est que business, le club de St Pauli a réussi à garder un côté si atypique que l’auto dérision en est même devenu un moyen de communication. Ainsi le site officiel du club sur Internet affiche sur sa page d’accueil, le logo du club avec la mention explicite "non established since 1910". Un jeu de mot (en anglais dans le texte) affirmant l’instabilité du club au haut niveau…

Si vous cliquez sur le lien censé présenter le palmarès, là où tous les clubs se vantent de la moindre finale perdue en compétition officielle, on peut lire : « Vous ne voulez sûrement pas voir les multiples titres de vice champions de 3ème division, les éliminations en 1/4 de finale la coupe d’Allemagne, et les bilans des 3 promotions en 1ère division pour autant de descentes. L’important est que nous ayons conscience que le chemin pour parvenir (aux titres) reste notre objectif »…

Mais quoi qu’il en soit, les résultats sportifs restent (jusqu'à présent) sans (aucun) lien avec l’engouement suscité par le club. Une des seules fiertés « sportives » date du 6 février 2002, lorsque Sankt Pauli, alors dernier du championnat arrive à battre le Bayern Munich (2-1) qui vient quelques semaines auparavant de gagner la Coupe Intercontinentale, ce qui en fait (implicitement) le Champion du Monde des clubs (« Weltpokalsieger » en Allemand). À l’issue du match, les supporters, toujours avec cette ironie teintée de l’auto- dérision caractéristique du club, feront imprimer des tee-shirts avec l’inscription : « Weltpokalsiegerbesieger », ce qui veut dire : « vainqueur du club vainqueur de la coupe du monde »…

Le FC Sankt Pauli peut pourtant prétendre à un autre titre puisque certains sondages en font une des équipes les plus supportées d’Allemagne avec 11 millions d'admirateurs (potentiels) déclarés, et celle, comptant le plus de supporters à l’étranger avec environ 200 clubs de supporters dans le reste du monde…

Pas mal pour un club de quartier qui vient de fêter sa (re)montée en Bundesliga, huit ans après y avoir fait un dernier passage. Histoire de battre à nouveau le Bayern ?