22
Juin 1986, tandis que jusqu’alors, les rencontres entre l’Argentine et
l’Angleterre n’avaient jamais présenté de signe particulier de rivalité, le
match qui les a opposés en quart de finale de la Coupe du Monde 1986 au Mexique
a déclenché un véritable déferlement de violences entre supporters des deux
camps.
Il faut en fait se souvenir que ce match avait été rendu particulièrement périlleux par la « guerre des Malouines » qui avait vu les deux pays se combattrent quatre ans auparavant…
Il faut en fait se souvenir que ce match avait été rendu particulièrement périlleux par la « guerre des Malouines » qui avait vu les deux pays se combattrent quatre ans auparavant…
Beaucoup
en Argentine avaient vu dans ces retrouvailles sportives une occasion de se
venger sur l'Angleterre de la défaite militaire et d’incidents au cours des
combats comme le naufrage, dans des circonstances (jugées en Argentine)
méprisables, du navire de guerre General Belgrano, qui avait entraîné la mort
de 323 marins, soit la moitié des pertes de l'Argentine durant ce
conflit…
Ainsi
pour chaque match de la sélection Albiceleste durant cette Coupe du Monde
Mexicaine, les hinchas Argentins exhibaient des banderoles « Les Malouines
sont Argentines » accompagnées de chants nationalistes et provocateurs appelant
à « tuer les Anglais »…La présence parmi les supporters Argentins de
membres des barras de Chacarita et de Boca Juniors conjuguée à l'arrivée
massive de hooligans anglais avaient dès le début de la compétition soulevé de
grandes craintes d’affrontements entre les deux camps surtout en cas de
confrontation directe, ce qui sera le cas en quart de finale..
La
tension (politique) était telle, que des rumeurs avaient même circulé au
Mexique sur une intention de députés péronistes de demander à la sélection
Albiceleste de se retirer de la compétition si elle devait jouer contre
l’Angleterre, ce que l’AFA (Fédération Argentine de Football) avait dû démentir
via un communiqué.
L'ombre
de la guerre des Malouines planait donc depuis longtemps sur cet Argentine -
Angleterre qui se jouait le
dimanche 22 Juin 1986 au Stade Azteca de Mexico…
Si
les joueurs et les dirigeants des deux équipes s'étaient efforcés de retirer de
ce match de football toute connotation politique, il suffisait ainsi d'ouvrir
dans les jours précédents cette affiche les pages du principal journal mexicain
Excelsior, pour y trouver un titre affichant : « Ne manquez pas dimanche 22, la deuxième version de la
guerre des Malouines : Argentine - Angleterre », suivie par une publicité
offrant des billets pour le match…
Explicite
et au final quasiment de la prédiction, car malgré une surveillance étroite de
la (redoutable) Guardia de Infantería Mexicana, les noyaux durs des deux camps
de supporters parviendront à se retrouver et à s’affronter à l'intersection des
avenues « Reforma » et « Revolución » au pied de la colonne
de « l’ange de l’indépendance »…
Le
plus gros du contingent Argentin était constitué de barrabravas de la
« 12 » la Barra de Boca dirigée par José Barrita « El
Abuelo » et de la Banda de San Martin de Negro Vilches et Gordo Roque,
celle des Funebreros de Chacarita Juniors.
Pourtant
les deux barras « traînaient » un antagonisme récurent depuis
notamment le 4 Novembre 1984, quand des barras de Boca avaient tenté d'entrer
sans billets dans le stade de Chacarita, et après s’être confrontés aux forces
de police s’étaient attaqués à des supporters locaux, qui avaient rapidement
réagi à l'agression.
El
Abuelo, le chef de La 12, avait donc établi un pacte de non-agression avec ceux
de Chacarita et les deux barras avaient voyagé ensemble au Mexique, et uni
leurs forces pour faire face aux hooligans Anglais. (Elles ont également fait
la Coupe du Monde Italienne en 1990, mais se sont finalement battues quand les
Xeneizes ont gardé l'argent qui avait été collecté par les deux groupes avant
la Coupe du Monde et qui devait être réparti selon un accord qui ne sera pas
respecté…)
Le
déplacement de la Barra de Boca Juniors avait été financé par Antonio Alegre,
alors Président du club Xeneize, et une collecte avait aussi été organisée par
Diego Maradona lui-même parmi les joueurs Argentins…
La
« barra » avait de plus été « renforcée » par des militants
politiques, syndicalistes et des expatriés Argentins, endurcis aux batailles
politiques des années 70 et aux techniques de combat et de guérilla urbaine.
C'était une force de frappe redoutable. Tous étaient (plus ou moins experts)
dans les combats de rue et les luttes au corps à corps…
Il
faut aussi savoir que quelques dizaines de supporters écossais s’étaient
ralliés aux Argentins pour l’occasion, histoire « de faire payer » à
leur homologues Anglais leur haine ancestrale des sujet de sa gracieuse
majesté, historiquement considéré en Ecosse comme des « occupants »,
tout comme les Argentins considéraient les Anglais au sujet des « Islas
Malvinas » (Iles Malouines)…
Pour
les deux groupes c’était donc une question d'honneur, l’affrontement était
inévitable et la déroute des Anglais fût mémorable…
Des
dizaines de blessures légères, 72 admissions dans les hôpitaux (dont une
trentaine de blessés graves) et une déroute totale des « forces »
Anglaises, obligées de battre en retraite, laissant le terrain et abandonnant
des « Union Jacks » et des « croix de St Georges »
ensanglantés aux barrabravas Argentins.
Plus
tard et désormais « maîtres de la rue », les Argentins fêteront
leur(s) victoire(s) (la sélection albiceleste avait éliminé l’Angleterre grâce
à la désormais célèbre « Mano de Dios » jusqu'à l'aube, en agitant
les drapeaux Anglais tels des trophées pris à l'ennemi. Durant de longues
années et encore maintenant certains de ces « prises de guerres » ont
été présentes dans les secteurs de la « Banda de San Martin » et de
la «12 »…
Pour
tout Argentins présents à Mexico, la guerre des Malouines n'avait pas pris fin
avec « l’infâme reddition de Galtieri »…