Dortmund…Dans cette ville industrielle où l’on se croit plongé dans un épisode de Derrick, tout le monde vit au rythme du football. Des drapeaux sur les voitures aux décorations aux fenêtres des maisons, les couleurs du BVB sont omniprésentes. 1er mai oblige, les commerces sont fermés, les rues quasi désertes…
Cette
métropole avec ses 585 000 habitants est en train de dormir paisiblement en ce
jour férié. Paisiblement, oui, sauf au Westfalenstadion où la foule grouille,
les trams affluent et la bière n’en finit pas de couler. À 2,50 euros la
Dortmunder Kronen de 4 dl, tu n’as pas besoin d’être riche pour finir ivre.
L’ambiance
est bon enfant, joyeusement festive, sans aucune animosité entre les supporters
des deux camps. On entre dans le stade, on s’avance, on tourne la tête à
droite, puis à gauche et là, devant nous la vue sur la Südtribune nous prend à
la gorge. Immense, gigantesque, majestueuse. D’autant plus saisissante qu’elle
est pleine à craquer alors que le reste du stade est vide.
Ce
mur de 24454 fanatiques transpire la passion, la ferveur, la magie du
football. Tout le monde sort son appareil photo et immortalise le monument. On
va à Rome pour son Colisée, à Zermatt pour son Cervin, à Sydney pour son Opéra,
à Dortmund c’est sa Südtribune qu’on veut garder en souvenir…
Près
de 25000 fans s’entassent à chaque match dans ce virage sans étage, sans
séparation, un bloc surchauffé et compact. Toutes les places sont réservées aux
abonnés et il n’y a pas moins de 5000 personnes sur la liste d’attente.
Le
You’ll never walk alone, hymne que le BVB a «emprunté» à Liverpool et au Celtic
Glasgow, est repris en chœur par 80 000 passionnés. L’entrée des joueurs est
saluée par un vacarme incroyable. Malgré une prestation mitigée du BVB et un
pénalty raté par Nuri Sahin, l’ambiance ne faiblit pas tout au long de la
rencontre. Une clameur envahit le stade et des «Scheisse Null-Vier»
retentissent : Werder Brême a ouvert la marque chez le rival honni de Schalke,
un nom qu’il ne faut surtout pas prononcer dans les travées du
Westfalenstadion, sous peine de prendre une brossée monumentale.
L’excitation
atteint son paroxysme lorsque Stiepermann égalise à la 81e minute. Les
encouragements redoublent, le mur frémit, le stade s'embrase, vacille, tremble
mais le BVB en restera là…
À
défaut de scènes de liesse collective, nous avons droit à une énorme ovation
pour fêter la qualification du BVB en «Europapokal». Les joueurs défilent avec
une banderole, la communion est immense entre tribune et pelouse. Kevin
Grosskreutz s’empare d’un porte-voix et exhorte la foule. La plus grande tribune
d’Europe entretient son mythe. Indescriptible…