Voyage
au cœur de de la Thuringe, région de l’ex-RDA qui accueille tout un pan du
passé footballistique de l’ancienne Allemagne de l’Est avec un match, un derby
de la Thuringe : FC Carl Zeiss Jena - Rot-Weiss Erfurt, désormais un
siimple match de 3.Liga…
L’air de rien, le FC Carl Zeiss Jena est un club au passé relativement enviable. Finaliste de la Coupe des Coupes 1981, Jena s’inclinait contre le jadis redoutable Dinamo Tbilisi. Au total, le club comptabilise 87 matches de Coupe d’Europe à son actif. Autres temps, autres mœurs, il faut à présent attendre les derbys contre l’ennemi local pour pimenter un peu le quotidien.
L’air de rien, le FC Carl Zeiss Jena est un club au passé relativement enviable. Finaliste de la Coupe des Coupes 1981, Jena s’inclinait contre le jadis redoutable Dinamo Tbilisi. Au total, le club comptabilise 87 matches de Coupe d’Europe à son actif. Autres temps, autres mœurs, il faut à présent attendre les derbys contre l’ennemi local pour pimenter un peu le quotidien.
Samedi
midi, à deux heures du coup d’envoi, la gare est déjà quadrillée depuis belle
lurette par une polizei massivement déployée, l’objectif étant évidemment
d’éviter tout contact entre supporters des deux camps. De ce point de vue,
l’organisation à l’allemande est efficace et l’avant match se passe tranquillement.
Sur le chemin du stade, des Jenaer, une bière à la main, laissent échapper
quelques premières salves d’insultes et un groupe de jeunes se marre en
immolant une écharpe aux couleurs d’Erfurt.
Une
fois à l’intérieur du Ernst-Abbe-Sportfeld, on est d’emblée intrigué par une
maisonnette facon "club-house" servant de repère d’avant match aux
plus fervents supporters. La semaine, on y prépare entre autres des banderoles,
notamment sous l’égide du groupe ultra local : la Horda Azzurro. Pour l’heure, l’ambiance
y est détendue et conviviale, tranchant sensiblement avec l’enjeu symbolique de
la rencontre. Sur les gradins, on constate que l’enceinte n’est en réalité pas
bien grande (16 000 places tout au plus) ; par mesures exceptionnelles de
sécurité, seuls 13 500 spectateurs pourront en fait prendre place.
Le
coup d’envoi est à peine donné que l’ambiance démarre déjà sur les chapeaux de
roue, avec des chants lancés des quatre coins du stade. Exceptée la tribune
d’honneur, presque tout le monde suit la rencontre debout, sautillant et
hurlant comme un seul homme. En particulier, un rudimentaire « Schweine RWE »
(Schwein signifiant porc en allemand) - à l’attention des fans d’Erfurt - sera
le mot d’ordre le plus fréquent et le mieux repris.
De
leur côté, les ultras de la Horda Azzurro se font remarquablement et
constamment entendre, de même que leurs homologues visiteurs dont le parcage
est situé juste à côté d’eux, derrière l’un des deux buts. Bref, si sur le
terrain le jeu est d’une indigence rare, les tribunes font clairement plaisir à
voir et à entendre.
On
a tout juste le temps de démarrer la digestion de sa Bratwurst que le RWE ouvre
le score sur l’une de ses premières occases. Scheiße ! Nuit noire sur le public
jenaer qui accuse direct le coup, laissant le bloc erfurter faire la loi au
Ernst-Abbe-Sportfeld. Ne se sentant plus pisser de mener 0-1 chez l’ennemi,
certains fans rouge et blanc commencent à redoubler d’agressivité, déclenchant
l’arrivée d’un renfort de stadiers.
Au
fil des minutes, tant sur le pré que sur les gradins, il ne se passe plus rien
et on commence à s’ennuyer ferme. A cinq minutes de la fin, certainement sous
le coup de l’ennui, certains supporters d’Erfurt décident de simuler un
mini-incendie à l’aide de feux de Bengale, tout en balançant simultanément une
rafale de pétards en direction du terrain. L’arbitre interrompt tranquillement
la rencontre le temps que tout se calme. Presque une routine dans ce genre de
match, se dit-on.
Et
en effet, le match finit par reprendre après presque dix minutes de suspension.
Malgré cela, Jena ne parvient toujours pas à se montrer menaçant, et c’est même
Erfurt qui manque de peu de doubler la mise. On joue désormais la toute
dernière minute et miraculeusement le FC Carl Zeiss réussit à égaliser, dans
une furie sympathique bien que contenue : le public local attendait la
victoire.
On
quitte le stade, les dernières injures réciproques fusent : direction la gare
où la police est à nouveau sur le pied de guerre. Pour les uniformes verts,
c’est déjà le match retour...