Désormais devenue le symbole de la lutte contre la
violence dans les stades Italiens instituée par le gouvernement italien, la "tessera del tifoso" entre en vigueur pour la saison 2010-2011 dès aujourd’hui, mais
sa mise en place reste activement contestée par la plupart des groupes ultras
qui refusent de s’y soumettre, avec pour corollaire un risque de violences
accru…
La "tessera del tifoso" qui est délivrée par
les clubs est aussi un instrument
de fidélisation pour ceux-ci, mais d’un point de vue sécuritaire, elle sera
surtout indispensable pour les tifosi souhaitant suivre leur équipe en
déplacement et assister aux matches dans le secteur "visiteurs" des
tribunes.
Pour les autorités, cette carte permet surtout de mieux
contrôler et encadrer les ultras, notamment lorsqu'ils se déplacent. Les ultras
soumis à une daspo (interdiction de stade) ou condamnés pour violences en marge
d'un match au cours des cinq dernières années ne pourront pas obtenir cette carte,
les autorités effectuant des vérifications avant la délivrance de la carte par
les clubs.
Ce sont ces dernières dispositions qui provoquent la
colère de la plupart des groupes ultras, lesquels dénoncent un
"fichage" et une atteinte aux libertés publiques. Au cours de la
saison passée, les ultras ont régulièrement manifesté leur mécontentement à
l'égard de cette carte, manifestant ou brandissant des banderoles au cours des
matches.
Mercredi, la contestation s'est même transformée en
violences lorsque près de 500 ultras radicaux de l'Atalanta Bergame ont
perturbé un meeting de la Ligue du Nord qui se déroulait près de la cité
Lombarde où se trouvait le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, obligeant la
police à intervenir avec un bilan de cinq arrestations, plusieurs agents
blessés et des voitures brûlées.
Des incidents qui amènent les autorités à redoubler de
vigilance pour le premier week-end du championnat de Serie A, d’autant plus que
plusieurs groupes ultras ont menacé de perturber le bon déroulement des
rencontres avec comme à Rome la décision des ultras giallorossi de ne pénétrer
dans la Curva Sud qu’en seconde mi-temps et de rester en dehors du stade durant
la première période…
Dans de nombreux clubs, les "tifoserie
organizzate" ont aussi pris la décision de changer d’emplacement, la
plupart du temps en descendant au plus bas de la Curva, tournant ainsi
ostensiblement le dos à ceux qui auront accepté de se soumettre à la tessera.
Une situation source de conflits internes avec un risque constant d’incidents
entre pro et anti Tessera.
Selon l'Observatoire sur les manifestations sportives qui
dépend du Ministère de l'Intérieur, les clubs ont pris du retard dans la
délivrance des cartes puisque selon les chiffres annoncés 522.379 demandes ont
été faites mais seules 378.455 cartes ont été délivrées, un retard
"imputable exclusivement aux clubs" …
Toutefois d’autres sources font état d’un (net) recul du
nombre d’abonnés de 18% soit entre 65 à 70.000 ultras qui ont "refusé" de prendre la tessera del tifoso, ce qui laisse présager
d’une saison qui pourrait débuter avec des Curve à moitié vide.
La tessera del tifoso pourrait donc rapidement apparâitre comme un
demi-échec pour le Ministre de l’Intérieur qui en avait fait son symbole de la
lutte contre les violences dans les stades Italiens. Certes à l'Inter et au
Milan AC le nombre d’abonnés est maintenu à peu près au même niveau que la
saison dernière et Galliani a envoyé la tessera à domicile pour tous les tifosi
Rossoneri répertoriés par le club…du Président du Conseil Italien. On parle de
plus de 200 000 cartes, que du côté du Milan AC ...
Cependant, avec un
total qui dépasserait tout juste les 200 000 abonnés, on reste loin du total de
l’an dernier et ses 340.000 abonnés en fin de campagne d’abonnements. La Lega
estime que la perte pourrait être de 70 000 abonnés à terme. Certes, il y a
aussi la concurrence de la télévision, la guerre entre Sky et Mediaset Premium
qui contribue certainement à vider un peu plus les tribunes de stades obsolètes
et dangereux, mais force est de constater que la mise en place (et les
problèmes afférents) de la tessera del tifoso a été mal gérée par la plupart
des clubs qui l’ont subie comme une imposition du Ministère de l'Intérieur…
Des signes clairs de préoccupation apparaissent donc déjà
chez les autorités, particulièrement lors des déplacements où le danger est
réel, notamment avec les "cani sciolti" puisque maintenant que les
"capi" ultras ont (auront) perdu le pouvoir (et le business), Il y
aura des Curve à répartir entre eux, entre ceux qui ont pris la tessera et ceux
qui, par conviction ou par idéologie l’auront refusé.
Les incidents de la gare centrale de Milan entre ultras
Giallorossi et la Police milanaise en marge de la Super Coupe d'Italie entre
l’Inter et la Roma prouvent que la tessera ne règle rien. Même si pour ce match
elle n’était pas obligatoire pour les tifosi romanisti, au contraire les
risques de radicalisation de certaines tifoserie s’en trouvent accentués…