jeudi 14 octobre 2010

Chroniques de Serbie : Ces Ultras qui sont le bras armé de la Serbie nationaliste…

Dimanche dernier, des groupes de l’extrême droite nationaliste majoritairement composés de hooligans Serbes, qui ont de nombreux points communs avec ceux qui ont perturbé le match entre l’Italie et la Serbie à Gênes, ont mis Belgrade à feu et sang en manifestant contre un défilé organisé par des associations d’Homosexuels (Gay Pride)…



Un signal désastreux (ou légitime) pour le Président Serbe, Boris Tadic, venant d’un pays dont la demande d'adhésion à l'Union européenne doit être examinée le 25 octobre prochain et alors que la tension qu’entretiennent les ultranationalistes monte dangereusement, comme l'ont démontré ces récentes violences.

"Cekamo vas", (On vous attend). Cet avertissement, inscrit en lettres majuscules sur les murs de Belgrade, accompagné de gouttes de sang dessinées à la peinture rouge, n’a pu échapper à Hillary Clinton quand la secrétaire d’État américaine a traversé pour la première fois le pont sur la Save ("Savski most") appelé aussi le Pont de Branko, là où la rivière se jette dans le Danube et où la Pannonie rencontre les Balkans.

Dix ans après la chute de Milosevic, la mosaïque balkanique est encore fragmentée par les séquelles d’un passé qui semble résister au changement. La Bosnie sort à peine d’une campagne électorale qui a confirmé les divisions ethniques, le Kosovo, dans l’attente d’élections anticipées, s’efforce d’exister avec l’aide de Européens alors que Boris Tadic vient encore de déclarer que "Jamais Belgrade ne reconnaîtra son indépendance".

À la fois, ouverte sur l’Europe, et recluse sur un nationalisme endémique, la Serbie et son Président Boris Tadic doivent aujourd’hui faire face à un obstacle interne de taille avec la politisation à outrance des ultras Serbes, des hooligans en grande partie issue des deux grands clubs de Belgrade, l’Etoile Rouge et le Partizan  qui, en l'espace de quelques jours, ont défrayé la chronique. D'abord, en "mettant à feu et à sang la capitale" à l'occasion de la Gay Pride qui s'est déroulée à Belgrade le 10 octobre, ensuite en parvenant à faire arrêter le match qualificatif entre l’Italie et la Serbie deux jours plus tard à Gênes.

Des ultras qui ont fini par s’allier avec les milieux les plus factieux de la droite nationaliste, comme le mouvement Obraz, un groupe ultranationaliste de plus en plus présent en Serbie. Le mot ‘obraz’ a plusieurs sens : l'honneur, mais également la joue, qui, pour les Serbes, symbolise la franchise, la droiture...


En 1994, quand Obraz est créé, ce n'est encore qu'une simple maison d'édition qui défend les thèses ultraconservatrices de l'Eglise orthodoxe serbe avant d’être en 1998, transformé par son directeur, Nebojsa M. Krstic, théologien et sociologue de formation, en mouvement politique. La nouvelle organisation connaît un succès rapide au sein d'une partie de la jeunesse serbe pendant les guerres de Yougoslavie. Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2001, Krstic se tue avec deux autres personnes dans un accident de voiture près de Nis, dans le sud de la Serbie. Ses disciples restent persuadés que Krstic a été victime d'un crime d'Etat. Une alliance donc, qui a désormais un objectif politique clair puisqu’il s'agit de créer autant de problèmes que possible à Tadic et à son gouvernement. Un climat d'instabilité qui devrait, dans leurs intentions, amener le pays au plus vite vers des élections anticipées…