Les individus qui ont fait parler la poudre
à Belgrade et à Gênes sont le plus souvent des supporters de foot ultraviolents.
Ils obéissent à des règles d'engagement strictes et sont dirigés par des
"hommes d'affaires" au dessus des lois, révèle une enquête de
l'hebdomadaire Serbe "Vreme", traduite et publiée par "Courrier International"…
Treize mois après l'assassinat de Brice Taton, le supporter du FC de Toulouse, dans le centre de Belgrade, les "ultras" serbes ont de nouveau fait parler d'eux, à la fois dans la capitale serbe où ils étaient au cœur des émeutes contre la Gay Pride, qu'à Gênes, en Italie, où ils ont tenté de mettre à sac le stade et la ville. Ces faits d'armes se sont conclus cette fois-ci par des centaines de personnes blessées - surtout dans les rangs des forces de l'ordre - et l'arrestation de plusieurs hooligans. En attendant les prochains affrontements, l'opinion publique serbe se demande avec raison quel est le rôle exact de certains partis politiques dans ces troubles, mais aussi d'une partie des services de sécurité et de l'Eglise, qui n'arrêtait pas de répéter que l'homosexualité était "une maladie qui menace de détruire la Serbie".
Treize mois après l'assassinat de Brice Taton, le supporter du FC de Toulouse, dans le centre de Belgrade, les "ultras" serbes ont de nouveau fait parler d'eux, à la fois dans la capitale serbe où ils étaient au cœur des émeutes contre la Gay Pride, qu'à Gênes, en Italie, où ils ont tenté de mettre à sac le stade et la ville. Ces faits d'armes se sont conclus cette fois-ci par des centaines de personnes blessées - surtout dans les rangs des forces de l'ordre - et l'arrestation de plusieurs hooligans. En attendant les prochains affrontements, l'opinion publique serbe se demande avec raison quel est le rôle exact de certains partis politiques dans ces troubles, mais aussi d'une partie des services de sécurité et de l'Eglise, qui n'arrêtait pas de répéter que l'homosexualité était "une maladie qui menace de détruire la Serbie".
Les exemples du passé, fondés sur les
témoignages et le vécu des personnes accusées pour hooliganisme, peuvent nous
servir à esquisser le portrait social et psychologique de ceux qui ont montré à
plusieurs reprises qu'ils étaient décidés à tout détruire sur leur passage,
motivés uniquement par l'idéologie du sang et du sol. Dans leur partie visible,
les hooligans sont constitués de groupes des jeunes entre 16 et 24 ans. Ils
forment les "fantassins", alors que leurs meneurs se recrutent soit
dans les structures dirigeantes de certaines organisations d'extrême-droite
soit dans celles des clubs officiels de supporters.
On ne peut pas réduire tous les fantassins à
des jeunes désemparés, sans emploi et sans perspective d'avenir, comme on les a
souvent présenté. On ne peut pas non plus les qualifier d'inconscients et
d'écervelés. Pour preuve, leur comportement une fois qu'ils se font arrêter est
toujours très calculé : ils font le dos rond, en attendant que quelqu'un
les sorte de là, un de leur chefs ou parent ; parfois ils passent un deal
avec la police à qui ils promettent une collaboration future et ressortent
libres. Jusqu'à la prochaine fois...
Nous avons pu parler avec les parents de
certains ultras accusés d'avoir pris part au violent tabassage qui a coûté la
vie à Brice Taton. Parmi eux, il n'y a pas de cas sociaux. Il s'agit, pour la
plupart, de jeunes issus de "bonnes familles". Selon leurs parents,
ils ont été "influencés par des personnes qui les ont mis sur la mauvaise
voie". Un des accusés a même dû partir à l'étranger pour poursuivre ses
études, mais il y a renoncé par "amour" pour son club de foot...
La nature des bandes d'ultras et telle
qu'elle ne permet pas l'individualisation, c'est à dire la possibilité que les
agissements des fantassins échappent à la connaissance de leurs chefs. Le
tabassage et le meurtre de Brice Tation apparaît comme une démonstration de
force, quasiment comme un cas d'école pour une attaque ciblée de hooligans.
C'est le chef qui, par téléphone, donne un lieu et une cible ; c'est lui
qui distribue les armes et décide quand et contre qui il faut passer à
l'action. Les fantassins se contentent d'obéir et ils n'ont pas leur mot à
dire. En cas de refus, ils sont désignés comme des faibles ou des traîtres, et
souvent passés à tabac sur le champ. Tout cela a été mis en pratique le 10
octobre, à l'occasion de la Gay Pride, mais sur une plus grande échelle. On a
pu constater à cette occasion que les intérêts de ceux qui organisent ces
manifestations obéissent, aussi, à un véritable agenda politique.
C'est là que le profil de ces groupes
violents devient intéressant. A leur tête, on trouve des chefs informels plus
âgés qui ont arrêté de se battre dans les parcs et qui sont désormais dans les
"affaires". Selon la police, il s'agit de personnes "bien
sapées, qui conduisent des voitures de luxe, fréquentent les restaurants et les
cafés huppés, aident les œuvres sociales de l'Eglise, amènent leurs enfants à
des cours de tennis et d'anglais". Ces citoyens "exemplaires"
paient aussi régulièrement leur taxe d'habitation et leur redevance télé. Ils
ont voyagé à l'étranger et savent comment fonctionne une société démocratique
et bien organisée. Certains font de fréquents séjours en Suisse ou au Pays-Bas
d'où ils reviennent parfois chargés de produits illicites dissimulés dans du
matériel de sport... La police les connaît, mais ne les touche pas. On a
souvent évoqué leurs liens avec les patrons des grands clubs de foot, avec
certains hommes politiques ou le milieu de la criminalité organisée
internationale... Pourtant un simple coup d'oeil à leur fiche d'imposition
suffit pour constater que les impôts qu'ils payent ne correspondent pas à leur
confortable situation matérielle. Mais ils restent intouchables, et lorsque les
médias s'intéressent à leur cas ils sont poursuivis pour diffamation et
atteinte à l'honneur. Est-ce normal ?