Présentés
de façon manichéenne comme des hooligans ultras nationalistes et néofascistes
depuis les incidents de Gênes du 12 Octobre dernier, les Delije, ultras de l’Étoile
Rouge de Belgrade et principaux accusés de ces violences, étaient pourtant ceux
là même qui pratiquement dix ans avant jour pour jour (5 Octobre 2000) avaient
contribué à la Démocratisation de la Yougoslavie devenue Serbie depuis…
Ainsi le 5 octobre 2000, les Delije étaient au premier rang des manifestants qui ont investi le Parlement fédéral de Belgrade. Pourtant, longtemps manipulés par Slobodan Milosevic, les ultras de la Crvena Zvezda avaient été d’ardents partisans du nationalisme serbe.
Ainsi le 5 octobre 2000, les Delije étaient au premier rang des manifestants qui ont investi le Parlement fédéral de Belgrade. Pourtant, longtemps manipulés par Slobodan Milosevic, les ultras de la Crvena Zvezda avaient été d’ardents partisans du nationalisme serbe.
La
cassure s’est produite à l’été 2000, quand les ultras de l’Étoile Rouge ont
rallié l’opposition démocratique après plus de dix années passées au service
des nationalistes Yougoslaves.
Une
histoire faite de sang et de haine commencée vers la fin des années 80 quand
Slobodan Milosevic s’est rendu compte de la capacité de nuisance que pouvaient
lui apporter ces centaines d’ultras formés aux combats de rue…
Alors
que les supporters de l’Étoile Rouge de Belgrade brandissaient des banderoles à
la gloire de l’Église serbe orthodoxe, ou à l’effigie de l’opposant
nationaliste Vuk Draskovic, Milosevic a vite perçu la menace de ce que de tels
groupuscules extrêmement violents et incontrôlables pouvaient avoir pour lui.
Par
l’intermédiaire de Jovica Stanisic, il fait alors en sorte de placer à la tête
des supporters de l’Étoile Rouge un homme de confiance, charismatique et
violent, Zeljko Raznatovic, dit Arkan qui va unifier les ultras Belgradois au
travers des Delije.
Quand
la guerre éclate, plus que l’armée régulière, ce sont des groupes
paramilitaires qui feront le sale boulot, au premier rang desquels la
"Srpska dobrovoljacka garda" (la Garde des volontaires serbes)
également connue sous le nom des "Tigres d'Arkan" formés en grande
partie de membres des Delije.
Mais
ce que Milosevic, comme tous les groupes d’extrême droite en Europe qui pensent
pouvoir infiltrer des groupes de supporters, a oublié, c’est que la
caractéristique première de ces groupes, quelles que soient leurs modèles et
traditions et quelles que soient leurs orientations idéologiques, reste la
volonté farouche d’indépendance par rapport à toute contrainte étatique…
Ainsi
en 2000, Milosevic convoque une élection anticipée à la Présidence de la
Yougoslavie. Après une décennie de chaos où il a conduit le peuple serbe à la
guerre, et à l’isolement international, il est battu par Vojislav Kostunica.
Pourtant, il tente de faire annuler le scrutin.
C’en
est trop pour le peuple, qui se soulève. Parmi les manifestants, les étudiants
du mouvement Otpor, les habitants de Cacak devenus symboles de la Démocratie
Yougoslave avec Veljimir Ilic à leur tête et les Delije, formés aux combats
avec la Police et qui depuis quelques mois ont basculé dans l’opposition à Slobodan
Milosevic.
Depuis
le 26 juillet 2000 plus précisément et un match qualificatif de Ligue des
Champions entre l’Étoile Rouge et les Géorgiens du Torpedo Kukaisi. Alors que
l’Étoile Rouge mènait 4-0, les Delije commencèrent à scander "Slobo, sauve la
Serbie, suicide-toi !", allusion sarcastique aux multiples suicides qui
ont touché la famille de Milosevic. La Police pénétra dans la tribune et se
heurta aux Delije. Symboliquement l’Étoile Rouge et les Delije ont
définitivement rejoint l’opposition ce jour-là, et à partir de là, tous les
matchs se sont transformés en manifestation anti-Milosevic…
Quelques
mois plus tard, le 5 octobre 2000, près de 500.000 Serbes parmi lesquels les
Delije, se dirigèrent vers le Parlement pour en terminer avec l’ère Milosevic.
La Police tira des gaz lacrymogènes, mais les Delije refusèrent de reculer,
habitués aux affrontements avec les forces de l’ordre, ils continuèrent
d’avancer et chargèrent la Police qui ne tira pas sur la foule. Les portes du
Parlement ne tardèrent pas à céder et la Démocratie pouvait ainsi s’y
installer…