Les deux clubs les plus titrés d'Argentine
traversent depuis plusieurs années une crise latente. Relégués dans les
profondeurs du classement, River Plate et Boca Juniors sont les symboles d'une
crise structurelle qui secoue le football Argentin…
Une situation inédite dont les raisons sont
sans doute davantage nationales et mondiales qu'internes aux deux grands clubs
de Buenos-Aires.
En 2009, le pays fait face, comme le reste
du monde, à une crise économique sans précédent qui contraint les présidents de
club de reporter le coup d’envoi du championnat. Une décision radicale qui fait
officiellement apparaître les travers et l’endettement massif du football
argentin.
À cette époque, on découvre que les clubs
argentins doivent environ 128 millions d'euros à leurs joueurs, à l’AFA
(fédération) et aux impôts. Parmi les clubs de première division les plus
touchés figurent Independiente et River Plate, deux des piliers historiques du
football argentin, détenteur du record de victoires en Libertadores pour l’un,
de titres nationaux pour l’autre.
Parmi les autres raisons de la faiblesse du
niveau du championnat argentin actuel on trouve incontestablement les départs,
de plus en plus tôt, de joueurs talentueux, vers l’Europe, voire le Brésil ou
le Mexique.
Des joueurs de qualité comme Carlos Tevez,
Sergio Aguero ou Gonzalo Higuain, qui évoluent aujourd’hui dans les plus grands
clubs européens, sont partis rejoindre le Vieux Continent alors qu’il n'avait
que 19 ans. Sans parler de Lionel Messi qui, bien que son cas soit
exceptionnel, est parti d’Argentine à l'âge de 12 ans…
Frappés de plein fouet par cette hémorragie
de jeunes talents, les clubs argentins n'ont d'autre choix que de construire
leur équipe autour de joueurs plus âgés, à l’image de Juan Sebastián Veron (35
ans), Martin Palermo (37 ans) ou Juan Roman Riquelme (32 ans)…
Autrefois réputé pour son centre de
formation, River Plate, d'où sont sortis Gabriel Batistuta, Marcelo Gallardo,
Gonzalo Higuain, Hernán Crespo, Pablo Aimar, ou encore Javier Mascherano, ne
produit plus aujourd’hui de talents susceptibles d’apporter immédiatement un
plus en équipe première.
Dès lors la situation des deux clubs ne peut
être que problématique dans ce football argentin qui a vu tous ses repères
exploser en quelques années.
Du côté des Millonarios, 7 matches sans
victoire auront coûté sa place à l'entraîneur Angel Cappa. Le technicien de 64
ans est resté à la tête du club de Nunez pendant seulement 18 matches et une
défaite (1-0) contre les All Boys, le week-end dernier, qui aura été la défaite
de trop pour la Banda Sangre qui joue (aussi) son maintien cette saison avec
sur le banc, Juan José López, un ancien joueur du club, vainqueur de sept
titres avec les Millonarios entre 1970 et 1981).
Un signe de la faiblesse de River ces
dernières années alors que le système de relégation-promotion sur trois saisons
instauré en Argentine depuis les années 80 est souvent perçu comme un moyen
infaillible de s’assurer que les clubs des clasicos (River, Boca,
Independiente, Racing et San Lorenzo) restent en Primera Division.
Boca Juniors de son côté n’arrive toujours
pas, malgré l’arrivée de Borghi sur le banc à retrouver son niveau de ces
dernières années qui avait permis aux xeneizes de remporter depuis l’an 2000,
quatre Libertadores…
L'éventuel vainqueur du Superclásico ne
sauvera pas, loin de là même son année, mais gagnera le droit de travailler en
paix la semaine prochaine, pas plus…