Tandis
que le Ministre de l’Intérieur Italien tente de faire croire que ses mesures
liberticides contre les tifosi (et maintenant les étudiants Italiens) peuvent
être un moyen de limiter la violence en marge des manifestations sportives, un
rapide retour sur une partie de l’Histoire du Calcio permet pourtant de
vérifier qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau en Italie…
Ainsi
c’est entre 1919 et 1925, dans cette période trouble de la montée du fascisme
que l’Italie connut sa première vague de violence symbolisée par les incidents
survenus en marge de la finale du Championnat d’Italie du Nord opposant Bologne
et le Genoa qui a vu l'attribution du titre (et le droit de jouer la finale
contre l’Alba Roma) se jouer au cours de cinq rencontres (matchs aller/retour
et trois matchs de barrages).
Après
que le Genoa l’eut emporté sur la pelouse de Bologne (1-2) et que les joueurs
d’Émilie-Romagne aient fait de même à Marassi, le premier match de joué à Milan
fut le théâtre de nombreuses irrégularités avec le but égalisateur de Bologne
inscrit sur un ballon rendu par les…tifosi Bolognesi massés au bord de la
pelouse. L'arbitre
annula dans un premier temps le but, mais devant la colère et les menaces du
public, finit, après treize minutes de discussion par accorder le but.
La
rencontre suivante, qui se termina encore sur un score de parité (1-1) se
déroula à Turin sur le campo Juventus du Corso Marsiglia le 5 juillet 1925. Le
quotidien sportif de la capitale piémontaise, Il Paese Sportivo, annonçait que "par décision de l'autorité supérieure l'entrée serait interdite aux personnes
munies de bâton". Et le lendemain de la rencontre, le même journal rapportait
que toutes les précautions avaient été prises pour que la partie se déroule
dans le calme : "Autour du rectangle de jeu, un cordon de carabiniers est mis en
faction : un militaire tous les trois mètres"…
Un
match joué avec des mesures de sécurités renforcées dans le stade Turinois mais
qui n’ont pas cependant empêché des incidents de se produire ensuite à la gare
de Porta Nuova (Turin) au départ des deux trains spéciaux quand après que des
insultes furent échangées entre les deux groupes de tifosi genoani et bolognesi,
quelques coups de pistolets furent tirés du train pour Bologne, touchant
Francesco Tentorio, un docker du Port de Gênes, touché à la cuisse gauche.
Les
commentaires d’une presse soumise à la censure depuis l’établissement de la
dictature fasciste en janvier 1925 montrairent que loin d’être un phénomène
isolé, les coups de feu de la gare Porta Nuova n’étaient que l’expression la
plus poussée de la passion sportive. Le match n'ayant pas abouti à la victoire
d'un camp, la lutte continuait, le prochain match était déjà lancé.
Certains
journalistes mettaient aussi déjà en cause les clubs qui pour les déplacements
réservaient souvent un train entier transportant 500 à un millier de tifosi,
non seulement pour satisfaire ces derniers mais également pour ne pas se
retrouver en situation d'infériorité en terrain adverse…
Une
identification aux couleurs des clubs, en tout cas déjà très forte, puisque à
la fin du mois de Juillet, alors que la FIGC avait puni le club émilien d'une
très lourde amende de 5.000 lires et qu'elle l'avait sommée de donner le nom
des coupables, une assemblée de tifosi réunit plus d’un millier de personnes,
Piazza Nettuno dans le centre ville de Bologne pour soutenir le club qui avait
repoussé la délibération fédérale.
Malgré
cette manifestation de soutien, Bologne avait dû se soumettre à la sanction
d’autant que les autorités mirent en place une législation spécifique sur les
rencontres sportives.
Le
9 Août 1925 à Milan, Bologne gagnera le match suivant (2-0), joué à huis clos
pour éviter tout nouvel incident entre les tifoserie et remportera ensuite deux
semaines plus tard son premier Scudetto en dominant largement le Champion de la
Lega Sud, la Società Sportiva Alba Roma (4-0 / 2-0) qui deux ans plus tard
fusionnera avec d’autres clubs Romains pour donner naissance à l’AS Roma…