En 1927, Winston Churchill était
Chancelier de l’Echiquier au sein du gouvernement conservateur de Stanley
Baldwin. Le premier service téléphonique transatlantique était mis en place :
l'appel de 3 minutes coûtait 15 £. Charles Lindbergh entrait dans la légende en
reliant New York à Paris d’une seule traite sur son Spirit of Saint Louis
tandis que Staline prenait le pouvoir en URSS après l’exclusion du parti
Bolchévique de Trotski. Babe Ruth devenait le premier joueur à frapper 60 home
runs en une saison et en Angleterre, Newcastle remportait ce qui reste à ce
jour son dernier titre de champion loin devant Huddersfield Town….
Une autre époque certainement, riche en exploits en tout
genre, en premières historiques et en anecdotes savoureuses…
Sur le plan sportif, le 23 avril 1927
fit date puisque, situation ubuesque, la FA Cup quitta l’Angleterre pour
prendre, pour la première et jusqu’à présent, unique fois, la direction du Pays
de Galles après la victoire de Cardiff City devant Arsenal, 1 à 0.
Un drôle de paradoxe qui faisait se
demander au Sunday Mirror, dans un article tinté de cet humour pince-sans-rire
typiquement anglais, comment l’Angleterre avait bien pu perdre sa propre coupe
au profit du Pays de Galles. Auparavant, un autre club « étranger », en
l’occurrence écossais, était parvenu en finale de la coupe d’Angleterre : le
Queen’s Park FC de Glasgow.
À la toute fin du XIXème siècle, les
Spiders avaient par deux fois été défaits par les Blackburn Rovers : 2-1 en
1884 et 2-0 l’année suivante. Cardiff City s’était également hissé en finale
lors de l’édition 1924/25, seulement battus par Sheffield United sur la plus
petite des marges, 1-0, but de l'international anglais Fred Tunstall. Déçus
mais forts de cette expérience unique à Wembley, les joueurs gallois s’étaient
alors promis d’y revenir…
La campagne de FA Cup 1927 démarra à
domicile pour Cardiff, avec la réception d’Aston Villa, battus 2-1. Les
Bluebirds allèrent ensuite s’imposer 2-0, à l’extérieur, du côté de Darlington.
Le vrai test eut lieu au tour suivant avec le déplacement à Bolton, tenant du
titre. Afin de préparer cette rencontre au sommet, les Gallois se rendirent au
Royal Birkdale Golf de Southport, une préparation effectuée sous les yeux d’un
spectateur bien particulier puisqu’un petit chat noir suivait les entraînements
de près. Intrigués de retrouver ce chat quel que soit le jour et l’heure où ils
décidaient de s’entraîner, les joueurs chargèrent un des leurs de retrouver le
domicile de l’animal. Hughie Ferguson fut désigné.
L’intéressé s’acquitta avec
succès de cette tâche, mais persuada le propriétaire de laisser l’équipe
adopter le chat en guise de mascotte. Si Cardiff atteignait la finale, deux
tickets seraient attribués au propriétaire, qui accepta cet insolite marché. Le
chat resta donc au sein de l’équipe et devint le porte bonheur du club. Il prit
le nom de Trixie et fut présent dans son panier, tant lors des matchs à
domicile au Ninian Park de Cardiff que lors de tous les déplacements des
Bluebirds. Un porte bonheur efficace puisque face à Bolton, les Gallois ne
tremblèrent pas, éliminant les Wanderers grâce à une éclatante victoire 2 buts
à 0. Face à Chelsea, lors des quarts de finale, deux matchs seront nécessaire
aux Bluebirds pour se qualifier. Un premier se solda par un 0-0 à Stamford
Bridge puis le « replay » fut gagné à Cardiff dans la douleur 3 buts à 2.
La
victoire face à Reading, 3-0, sur terrain neutre (à Wolverhampton) n’est plus
qu’une formalité pour des Bluebirds qui s’ouvraient de nouveau les portes de
Wembley et de la grande finale, cette fois-ci contre Arsenal, néophyte à ce
niveau de la compétition. Quant au propriétaire de Trixie, il fit naturellement
partie des 91 000 heureux bénéficiant d’une place pour cette finale, sur près
de 300 000 demandes de tickets.
Arsenal se présentait en grandissime
favori de cette finale, retransmise pour la première en direct à la radio par
la BBC. Désormais entraînés par Herbert Chapman, entraîneur couvert de gloire
depuis ses succès avec Huddersfield Town (deux titres de champion consécutifs
précédés d’une Cup), les Gunners avaient terminé deuxième du championnat lors
de la saison 1925/26 et n’avaient guère tremblé pour atteindre la finale lors
de cette édition 1927 de la Cup hormis un huitième de finale délicat face à
Port Vale (2-2, puis 1-0 lors du match d’appui).
Rendez-vous fut donc pris le 23 avril
1927, qui ironie de l’histoire correspondait au St George's Day, fête du saint
patron de l’Angleterre.