Cass
Pennant qui est né le 6 Mars 1958 (52 ans aujourd’hui donc) à Doncaster (South
Yorkshire) a été un personnage clé
de la célèbre Inter City Firm de West Ham United. Sa capacité à se sortir de
tous les combats à la force des poings et à se tirer de n’importe quelle
situation lui a valu d’être respecté de ses pairs et craint de ses ennemis.
Dans
son autobiographie, «Cass», Pennant raconte ses années au sein de l’Inter City
Firm, le groupe de supporters (hooligans) de West Ham devenu un véritable mythe
en Angleterre et dans l’Europe entière depuis…
Né
d’une mère jamaïcaine qui immigra en Angleterre alors quelle était enceinte et
qui l’abandonna six semaines après sa naissance, le jeune « Carol » son (vrai)
prénom de baptême se retrouva rapidement placé dans une famille d’accueil de
Plaistow dans l’East London, dans ce qui était alors le County Borough of West
Ham et où il se trouva être le seul enfant de « couleur » non seulement de la
famille mais aussi du quartier dans l’Angleterre conservatrice des années 60…
Pennant,
confronté au racisme et aux moqueries, son prénom Carol, communément attribué à
des garçons dans les Caraïbes, la région d’origine de sa mère biologique, «
(ré)sonnant » comme un prénom féminin en Angleterre, du rapidement apprendre à
se faire respecter dans un quartier ouvrier où la violence était souvent le
seul recours possible…C’est après avoir vu Cassius Clay battre Henry Cooper
qu’il adopta le surnom de « Cass »…
Supporter
de West Ham United, le grand club de l’East End, rapidement membre et bientôt
(un) leader de l’Inter City Firm, qui prend son nom du réseau de train
interurbain utilisé prioritairement pour les déplacements et essentiellement
constitué de cokneys. Cass Pennant fût le premier hooligan incarcéré et
condamné (à quatre ans de prison) pour des faits de violences liés au «
hooliganisme ».
Après
son second « séjour » en prison, il fonda une société de sécurité spécialisée
dans les boîtes de nuits. C’est dans ce cadre qu’une nuit, il fût grièvement
blessé, touché par trois balles de revolver tirées par un homme à qui il avait
refusé l’entrée d’un night-club dans le South London. Donné comme quasiment «
perdu » par les médecins, il sortit pourtant du coma après 48h de soins intensifs…
Pennant
commença à écrire ses mémoires lors de son premier séjour en prison, sur des
pages des livres empruntés à la Bibliothèque mais ses écrits « clandestins »
furent saisis par les « matons ». C’est lors de son second séjour qu’il reprit
l’écriture et réussi à faire passer à l’extérieur son livre qui deviendra son
autobiographie « Cass » publiée en 2002 et qui a été classée dans les dix
meilleures ventes en Angleterre …
Il
publia ensuite d’autres livres sur les « firms et le hooliganisme » comme «
Congratulations, You Have Just Met the I.C.F », le fameux « Terrace Legends »
avec Martin King une des leaders charismatiques des…Headhunters de Chelsea ou
encore le « cultissime» Good Afternoon Gentlemen, the Name's Bill Gardner en
collaboration avec Bill Gardner, « The General » lui-même, leader et autre
figure emblématique de l’ICF…
Retour
dans ces années 80 de révoltes et de violences sous la plume de Cass Pennant :
Newcastle
- 15 mars 1980 : West Ham joue à l’extérieur. Nous sommes l’avant-garde. La
flicaille ne sait pas que l’Inter City Firm débarque en force par le train
interurbain. Le train s’arrête. Tout le monde descend en même temps, en criant,
en chantant. Ton groupe est le premier à bondir hors de la gare. Même si les
flics ignorent que tu es là avec les autres, ça n’a pas d’importance, parce que
les supporters de l’équipe qui reçoit sont tous là. Ils t’attendent. C’est pas
très cool à voir, 500 ou 600 mecs qui n’ont qu’une envie, te rentrer dans le
lard. Tu te dis «Est-ce que je me barre ? Ou bien c’est quoi la prochaine étape
? Et puis merde, je laisse pas tomber les potes !»
Et
puis tu entends le rugissement qui monte de ton propre groupe, ce grondement
qui te fait dresser les cheveux sur la nuque. C’est à ce moment que tu
commences à prendre ton pied. Tu vois ceux d’en face courir, ils arrivent sur
toi, poings levés. Ton adrénaline grimpe en flèche, ton coeur cogne, et tout
bascule, dans quelques minutes ce sera fini, tu n’arriveras pas à croire à ce
qui s’est passé. Et ça se termine toujours comme ça, brusquement, comme si
l’arbitre avait sifflé la fin du match. Parfois, tes émotions franchissent un
cap, tu n’es plus conscient que du bonheur d’avoir survécu. Ce n’est que quand
c’est vraiment fini que tu peux redescendre, tu étais tellement haut, c’était
vraiment l’extase. L’atmosphère autour est électrique, les types sont
déchaînés, pleins d’eux-mêmes, chacun revit le moment, la pâtée qu’ils viennent
de coller à l’une des plus grandes « firms » adverses. Tu te dis juste «putain
de merde !» et tu vas vibrer toute la semaine, jusqu’à ce que tu remettes ça au
prochain match. Et puis tu verras les autres types avec sur la figure ce
sourire spécial, le même que fait tout le monde après la bagarre.
C’est
ça, le pied que tu prends quand tu vas aux matchs et à la castagne, tu sais
qu’il y a du danger mais tu n’y penses pas une seconde. On forme un sacré
groupe ce jour-là, le même que depuis des années, on est juste devenus un peu
plus coriaces avec le temps, ça nous rapproche, on sait que personne ne va nous
en remontrer. On a le sentiment d’être libres, de ne compter que sur
nous-mêmes, que personne ne viendra nous filer un coup de main.
C’est
de ça dont parlent tous les «hoolies», c’est un truc qu’ils ne cherchent pas à
expliquer parce qu’ils ne peuvent pas, ils n’analysent pas ce qu’ils font.
S’ils le faisaient, ils trouveraient ça injustifiable, exactement comme vous
!
La
plupart répondraient «ça vient de l’intérieur». Pour ma part, je trouve risible
que la société ne puisse pas accepter cette réponse typique - il faut toujours
une raison à tout ! Tout doit être ou tout noir ou tout blanc, il n’y a jamais
de gris…Pourquoi des types normaux, sympathiques, vont-ils se castagner autour
des matchs ? La plupart de ceux que je connaissais ne pensaient pas au départ
aller se battre pour une équipe, mais ils acceptaient que ce soit devenu la
raison pour laquelle nous allions aux matchs. Nous ne nous considérions pas
comme des hooligans, c’était un sale mot. Tout ça, c’était parce qu’on était
jeunes, la plupart d’entre nous célibataires, et que c’était ce qui se passait,
ce qui se faisait, ce qu’on faisait. Ça avait quelque chose à voir avec le fait
de grandir, de devenir ce qu’on croyait être un homme à l’époque.
Le
frisson, l’excitation, tout se passe dans les tribunes. C’est la première fois
qu’on est libres, qu’on peut faire ce qu’on veut, et qu’on est ensemble dans
une bande. La société change, les gens pas forcément. J’ai été élevé dans la
culture du combat. Je n’ai jamais fait l’expérience de la violence à la maison,
contrairement à d’autres, mais en étant avec les autres je voyais les
différents «street-gangs». A l’époque, on était en plein trip skinhead. Au
début des années 70, la culture skinhead a envahi les classes ouvrières de
Grande-Bretagne. La paix et l’amour ont été balayés, la haine et la guerre
régnaient en maîtres absolus. Ce tout nouveau culte coïncidait avec la musique,
avec le football, et tout le monde se promenait comme s’il avait envie d’en
découdre avec le monde entier, et puis ça a commencé à castagner sur les
terrains de foot partout dans le pays....