jeudi 20 janvier 2011

Chroniques de la Place Beauvau : Des supporters de Bordeaux dénoncent le comportement de la Police lors du match à Marseille…



Si on avait bien noté du côté des Virages Marseillais une certaine effervescence chez les représentants des forces de l’ordre et notamment du SIR sous le Virage Sud, les supporters bordelais auraient selon ce témoignage, subis quelques désagréments de la part des CRS lors de leur départ du Stade Vélodrome. Un récit publié sur le site webgirondins.com repris ici in extenso…


J'étais présent à Marseille lors du match de dimanche, en déplacement dans un bus des Ultramarines. Ce voyage restera à jamais gravé dans ma mémoire, pas pour le match que j'y ai vu, mais bel et bien pour tout ce qui s'est passé en dehors de celui-ci, et notamment pour l'intervention abusive des forces de l'ordre dont nous avons été les victimes en fin de rencontre. Je tiens par ailleurs à préciser, pour la crédibilité de mon article, que je ne suis pas "carté" chez les Ultramarines, l'association principalement visée par la police. Je suis par ailleurs un habitué des déplacements, puisque j'en ai effectué une quarantaine sur ces trois dernières années. Si j'assure l'entière véracité de ce qui suit, je peux néanmoins dire que la majorité des déplacements se déroulent sans problèmes majeurs et qu'il est par conséquent toujours possible d'aller voir jouer son équipe à l'extérieur en famille sans risquer forcément de recevoir des coups.

De plus, il me semble utile de préciser que ce genre de dérive policière ne constitue pas une première pour les supporters Bordelais. L'an passé, à Marseille déjà, un CRS avait envoyé une bombe lacrymogène dans un bus Ultramarines, obligeant tous ses occupants à sortir dans la cohue afin de pouvoir de nouveau respirer. Cet acte imbécile et dangereux avait par ailleurs contraint le chauffeur du bus a assurer un retour sur Bordeaux périlleux dans un bus encore rempli de gaz lacrymogènes. Le tord des occupants du bus reste à ce jour inconnu. Pourquoi ont-ils été punis pour être dans leur bus? La question mérite d'être posée.

Un deuxième incident notable s'était déroulé à Lyon pour le compte des Quarts de Finale le la Ligue des Champions l'an passé. Au prétexte officiel d'un doigt d'honneur tendu vers les Lyonnais (sic), les CRS avaient chargé les supporters dans la tribune, provoquant panique et bousculades. Le résultat de cette triste opération avait été de plusieurs blessés côté supporters. Bien évidemment, la tribune contenait des enfants, des femmes, des personnes agées... Les Ultramarines avaient alors déposé une plainte dont on est sans nouvelles.

Mais revenons à l'actualité, à ce qui s'est déroulé dimanche soir. La scène se déroule donc en fin de match, où malgré un feu d'artifice offert par le club Marseillais à ses supporters, nous sommes encore abasourdis de la triste performance des Girondins. Les supporters Marseillais ont quitté le Vélodrome et nous pouvons enfin sortir de la tribune à notre tour. C'est alors que quelque chose d'inhabituel se produit. Un leader des Ultramarines prévient: "Ca va être le moment les coups de matraques et de la lacrymo!" tandis qu'un autre nous dit de rester groupés en tribune: "On sort tous ensemble et dans le calme". Je suis surpris par cette annonce peu habituelle. Je rejoins néanmoins le groupe des Ultras qui grossit. L'inquiétude est palpable dans tous les yeux dont je croise le regard. Dans les miens sans doute aussi. Personne ne sait ce qui va se produire, mais visiblement la sortie sera chaude. Je cherche alors un motif d'intervention des forces de l'ordre. Certes trois fumigènes ont été allumés en début de match mais cela se produit à chaque rencontre et ne justifie pas d'habitude une intervention policière.

Nous avançons donc groupés vers la sortie. C'est à ce moment que nous aperçevons les CRS groupés eux aussi, en nombre impressionant et armés de leurs boucliers et matraques en train de nous attendre. Les dernières consignes des leaders Ultras sont lancées "Surtout, on reste ensemble!" crie l'un d'eux. Notre cortège marche alors lentement vers la sortie, nous souhaitons juste rejoindre nos bus, et passe entre deux cordons de CRS qui forment l'unique voie de passsage, en entonnoir. C'est alors que l'impensable se produit. Le cordon se referme et les coups de matraques pleuvent sur les supporters qui se trouvent devant, coupables d'avoir comme tout le monde marché en silence vers les bus. Le cris indignés de ces derniers n'y changent rien, c'est la panique. Nous sommes tombés dans un véritable guet apens...des forces de l'ordre!

Les coups cessent mais nous voilà désormais pris en sandwich entre deux rangées de CRS. Leurs ordres sont confus. Ceux de devant crient "Reculez!" sur un ton qui a dépassé les limites du mal aimable tandis que ceux de derrière nous hurlent d'avancer. Nous sommes poussés sur notre passage, la manoeuvre des CRS semblent être de nous séparer. Heureusement, certains Ultras se mettent eux même en opposition, sans violence afin de nous permettre de nous rassembler. L'un deux lance à nos assaillants "On ne laisse personne ici, on partira tous ensemble!" Ils sont repoussés de manière brutale mais tiennent bon et permettent à un petit groupe en retrait dont je fais partie de réintégrer l'ensemble des supporters. Un leader Ultra s'exclame alors:

- "Que voulez-vous faire?"

- "Des vérifications!"

- "Des vérifications de quoi?"

- "Des vérifications..."

Visiblement, eux-mêmes ne savent pas pourquoi ils agissent de la sorte. C'est la panique la plus complète. Mon voisin de droite lève les mains en l'air en signe de soumission et d'incompréhension face au traitement qui nous est infligé. On nous presse de partout. Certains ont sorti leurs portables afin de filmer la scène. Finalement, une brèche s'ouvre parmi les CRS qui nous permet de nous frayer un passage libérateur vers nos bus. Nous avançons d'un pas pressé vers ces derniers. Alors que je me marche, j'entends un CRS qui parle dans son talkie-walkie: "Les derniers, on les presse au pas de course". Nous pouvons enfin rejoindre nos bus. Les mêmes CRS qui nous ont littéralement attaqué quelques minutes plus tôt nous protègent désormais en formant un convoi impressionnant. la scène est pour le moins sur-réaliste. Nous partons finalement de Marseille.

Dès lors, plusieurs questions se posent à moi. Pourquoi les CRS nous ont-ils chargé? Quel était notre tord? Quelles sont ces fameuses "vérifications" qu'ils souhaitaient effectuer? Etait-ce juste un prétexte puisque celles-ci ne semblaient plus avoir d'importance au moment de repartir? Pourquoi ont-ils cessé de nous bloquer quand ils se sont senti filmés? Leur action était-elle légale?! Qui leur a donné l'ordre de nous matraquer? Toutes ces questions sont sans réponse.

Il est à signaler que l'endroit où ils nous attendaient était discret, à l'abri des regards et d'éventuelles caméras ou journalistes qui auraient pu être gênants. A l'heure où l'on fustige les supporters pour leur violence, que penser de ces véritables "flics-voyous" auquels nous avons eu affaire? Ce genre de comportement est inadmissible et les quelques minutes qu'a duré le moment m'ont paru durer des heures. Les CRS ne possèdent pas de matricule et ne sont donc pas identifiables pour porter plainte. De toute façon, quel poids a la parole d'un supporter face à eux? Nous constituons donc les victimes idéales pour ce genre de pratiques. Il est aussi à souligner l'intelligence des supporters présents qui n'ont pas riposté, évitant ainsi un véritable conflit.