Si on avait bien noté du côté des Virages Marseillais une
certaine effervescence chez les représentants des forces de l’ordre et
notamment du SIR sous le Virage Sud, les supporters bordelais auraient
selon ce témoignage, subis quelques désagréments de la part des CRS lors de
leur départ du Stade Vélodrome. Un récit publié sur le site webgirondins.com
repris ici in extenso…
J'étais présent à Marseille lors du match de dimanche, en
déplacement dans un bus des Ultramarines. Ce voyage restera à jamais gravé dans
ma mémoire, pas pour le match que j'y ai vu, mais bel et bien pour tout ce qui
s'est passé en dehors de celui-ci, et notamment pour l'intervention abusive des
forces de l'ordre dont nous avons été les victimes en fin de rencontre. Je
tiens par ailleurs à préciser, pour la crédibilité de mon article, que je ne
suis pas "carté" chez les Ultramarines, l'association principalement
visée par la police. Je suis par ailleurs un habitué des déplacements, puisque
j'en ai effectué une quarantaine sur ces trois dernières années. Si j'assure
l'entière véracité de ce qui suit, je peux néanmoins dire que la majorité des
déplacements se déroulent sans problèmes majeurs et qu'il est par conséquent
toujours possible d'aller voir jouer son équipe à l'extérieur en famille sans
risquer forcément de recevoir des coups.
De plus, il me semble utile de préciser que ce genre de dérive
policière ne constitue pas une première pour les supporters Bordelais. L'an
passé, à Marseille déjà, un CRS avait envoyé une bombe lacrymogène dans un bus
Ultramarines, obligeant tous ses occupants à sortir dans la cohue afin de
pouvoir de nouveau respirer. Cet acte imbécile et dangereux avait par ailleurs
contraint le chauffeur du bus a assurer un retour sur Bordeaux périlleux dans
un bus encore rempli de gaz lacrymogènes. Le tord des occupants du bus reste à
ce jour inconnu. Pourquoi ont-ils été punis pour être dans leur bus? La
question mérite d'être posée.
Un deuxième incident notable s'était déroulé à Lyon pour le
compte des Quarts de Finale le la Ligue des Champions l'an passé. Au prétexte
officiel d'un doigt d'honneur tendu vers les Lyonnais (sic), les CRS avaient
chargé les supporters dans la tribune, provoquant panique et bousculades. Le
résultat de cette triste opération avait été de plusieurs blessés côté
supporters. Bien évidemment, la tribune contenait des enfants, des femmes, des
personnes agées... Les Ultramarines avaient alors déposé une plainte dont on
est sans nouvelles.
Mais revenons à l'actualité, à ce qui s'est déroulé dimanche
soir. La scène se déroule donc en fin de match, où malgré un feu d'artifice
offert par le club Marseillais à ses supporters, nous sommes encore abasourdis
de la triste performance des Girondins. Les supporters Marseillais ont quitté
le Vélodrome et nous pouvons enfin sortir de la tribune à notre tour. C'est
alors que quelque chose d'inhabituel se produit. Un leader des Ultramarines
prévient: "Ca va être le moment les coups de matraques et de la
lacrymo!" tandis qu'un autre nous dit de rester groupés en tribune:
"On sort tous ensemble et dans le calme". Je suis surpris par cette annonce
peu habituelle. Je rejoins néanmoins le groupe des Ultras qui grossit.
L'inquiétude est palpable dans tous les yeux dont je croise le regard. Dans les
miens sans doute aussi. Personne ne sait ce qui va se produire, mais
visiblement la sortie sera chaude. Je cherche alors un motif d'intervention des
forces de l'ordre. Certes trois fumigènes ont été allumés en début de match
mais cela se produit à chaque rencontre et ne justifie pas d'habitude une
intervention policière.
Nous avançons donc groupés vers la sortie. C'est à ce moment
que nous aperçevons les CRS groupés eux aussi, en nombre impressionant et armés
de leurs boucliers et matraques en train de nous attendre. Les dernières
consignes des leaders Ultras sont lancées "Surtout, on reste
ensemble!" crie l'un d'eux. Notre cortège marche alors lentement vers la
sortie, nous souhaitons juste rejoindre nos bus, et passe entre deux cordons de
CRS qui forment l'unique voie de passsage, en entonnoir. C'est alors que
l'impensable se produit. Le cordon se referme et les coups de matraques
pleuvent sur les supporters qui se trouvent devant, coupables d'avoir comme
tout le monde marché en silence vers les bus. Le cris indignés de ces derniers
n'y changent rien, c'est la panique. Nous sommes tombés dans un véritable guet
apens...des forces de l'ordre!
Les coups cessent mais nous voilà désormais pris en sandwich
entre deux rangées de CRS. Leurs ordres sont confus. Ceux de devant crient
"Reculez!" sur un ton qui a dépassé les limites du mal aimable tandis
que ceux de derrière nous hurlent d'avancer. Nous sommes poussés sur notre
passage, la manoeuvre des CRS semblent être de nous séparer. Heureusement,
certains Ultras se mettent eux même en opposition, sans violence afin de nous
permettre de nous rassembler. L'un deux lance à nos assaillants "On ne
laisse personne ici, on partira tous ensemble!" Ils sont repoussés de
manière brutale mais tiennent bon et permettent à un petit groupe en retrait
dont je fais partie de réintégrer l'ensemble des supporters. Un leader Ultra
s'exclame alors:
- "Que voulez-vous faire?"
- "Des vérifications!"
- "Des vérifications de quoi?"
- "Des vérifications..."
Visiblement, eux-mêmes ne savent pas pourquoi ils agissent de
la sorte. C'est la panique la plus complète. Mon voisin de droite lève les
mains en l'air en signe de soumission et d'incompréhension face au traitement
qui nous est infligé. On nous presse de partout. Certains ont sorti leurs
portables afin de filmer la scène. Finalement, une brèche s'ouvre parmi les CRS
qui nous permet de nous frayer un passage libérateur vers nos bus. Nous
avançons d'un pas pressé vers ces derniers. Alors que je me marche, j'entends
un CRS qui parle dans son talkie-walkie: "Les derniers, on les presse au
pas de course". Nous pouvons enfin rejoindre nos bus. Les mêmes CRS qui
nous ont littéralement attaqué quelques minutes plus tôt nous protègent
désormais en formant un convoi impressionnant. la scène est pour le moins
sur-réaliste. Nous partons finalement de Marseille.
Dès lors, plusieurs questions se posent à moi. Pourquoi les CRS
nous ont-ils chargé? Quel était notre tord? Quelles sont ces fameuses
"vérifications" qu'ils souhaitaient effectuer? Etait-ce juste un
prétexte puisque celles-ci ne semblaient plus avoir d'importance au moment de
repartir? Pourquoi ont-ils cessé de nous bloquer quand ils se sont senti
filmés? Leur action était-elle légale?! Qui leur a donné l'ordre de nous
matraquer? Toutes ces questions sont sans réponse.
Il est à signaler que l'endroit où ils nous attendaient était
discret, à l'abri des regards et d'éventuelles caméras ou journalistes qui
auraient pu être gênants. A l'heure où l'on fustige les supporters pour leur
violence, que penser de ces véritables "flics-voyous" auquels nous
avons eu affaire? Ce genre de comportement est inadmissible et les quelques
minutes qu'a duré le moment m'ont paru durer des heures. Les CRS ne possèdent
pas de matricule et ne sont donc pas identifiables pour porter plainte. De
toute façon, quel poids a la parole d'un supporter face à eux? Nous constituons
donc les victimes idéales pour ce genre de pratiques. Il est aussi à souligner
l'intelligence des supporters présents qui n'ont pas riposté, évitant ainsi un
véritable conflit.