jeudi 14 avril 2011

Chroniques d’Argentine : Independiente : el grito del campeón!


Alors que se profile samedi un nouveau clasico d’Avellaneda entre le Racing et Independiente, on vous propose avec du retard (encore mille excuses à lui…) un CR transmis par l’ami Fabri pour résumer (si c’est possible) toute la passion qui accompagne Independiente


Texte mis en ligne in extenso et dans le contexte malgré le retard pris dans la publication…

Suite à la défaire à domicile contre River (0-1) et la débâcle lors du petit clásico de Avellaneda contre Arsenal de Sarandí (3-0), Independiente se voit dangereusement flirter avec la table de promoción aux côtés de Huracán, Tigre ou encore River Plate.

Une situation qui contraste avec le récent titre de champion d'Amérique du Sud (Copa Sudamericana 2010) et ce classement d'excellence qui fait del Rojo le deuxième club du monde le plus titré sur le plan international derrière le Milan AC.

Une singularité sportive possible grâce aux règles propres au championnat Argentin, désignant les relégués non pas sur une saison comme en Europe, mais sur trois.

Ainsi, avec une équipe qui sur le plan footballistique était limitée pour prétendre jouer sur deux tableaux, el Turco Mohammed avait décidé de tout miser sur la coupe. Un pari gagnant ? Oui. Car Independiente est le nouveau champion.

Mais le prix à payer fut une dernière place historique en championnat, avec 14 petits points lors de l'Apertura 2010. La saison la plus noire du club.

Voilà alors la Roja, après un début de clausura insuffisant (2 nuls, 2 défaites), prête à sortir la calculatrice pour évaluer le danger de la relégation.

C'est dans ce contexte stressant que ce jouait ce lundi soir Independiente-Newells.

Et dans ce même contexte est né un appel à la solidarité pour sauver le club de la médiocrité, un appel pour "los verdaderos hinchas" (Les vrais supporteurs).

Et il est important de comprendre ce que le pueblo Rojo entant par vrais supporteurs.

Au delà de la richesse du palmarès sportif, Independiente se démarque définitivement de tout le football Argentin par son dégoût prononcé pour la "cultura del aguante" (Culture du supporteurisme), autrement dit "el hinchismo por la hinchada" (Les supporteurs des supporteurs), cet état d'esprit qui caractérise son voisin Racing, ou encore Boca Juniors, toujours prêts à regarder le tribune plutôt que la pelouse.

Cette particularité Diabolique a donné naissance à un surnom qui ne quitte plus les supporteurs d'Independiente : los amargos (Les aigris).

De ce fait, ce peuple amer aime son club pour son football. Lors de l'épopée des années 1970 avec Bochini comme fer de lance, le football Rojo fut considéré comme étant un des plus beau football proposé par un club Argentin. Le match Gremio-Independiente est historiquement reconnu comme étant le plus beau, et le plus complet des matchs joué par un club Argentin en Amérique du Sud, qui plus est au Brésil. (Un soir de 27 juillet 1984 qui verra Independiente vaincre Gremio en final de Libertadores à Porto Alegre. Au coup de sifflet final, les 90 000 Brésiliens applaudirent la bande à Bochini, Burruchaga, Pastoriza, etc...)…

Le peuple amer aime son club pour ses couleurs, son écusson, et sa gloire.

Independiente ne vit que pour la Gloire. Voir le club lever une coupe sera toujours la priorité absolue, bien au-delà de savoir qui a emmené plus de personne dans une tribune.

Ainsi, sous la pression de cette vague d'amertume, une vague brulante et d'un rouge vif, le president Comparada a accepté de baisser les prix des places pour le Libertadores de América, des prix jusque-là exorbitants.

Résultat : c'est dans un stade en ébullition, plein à craquer, pour une ambiance rappelant une finale de coupe, que se joua la dernière rencontre de cette 5ème journée de championnat Argentin.

L'union de toute une famille pour sauver son club. Non pas pour éviter la promoción, mais pour combattre le déshonneur qu'implique le simple fait de jouer le bas du tableau. Independiente comme tous les grands d'Argentine (À part Racing Club), n'a jamais connu la descente. Et ne l'envisage nullement.

Et en ce lundi soir, la mystique réapparue nouvellement.

Le stade explosa après trois minutes de jeu seulement. Cabrera fit s'effondrer la popular. Et remit ça 10 minutes plus tard. 15 minutes de jeu : Independiente menait 2-0. El Cuqui Silvera fêtait son 34ème anniversaire, et pour marquer le coup il s'offrit, sur un superbe service de l'intenable Cabrera, son 101èm but. Nous jouions alors la 26ème minute. 3-0. Pour un stade en fusion.

La deuxième mi-temps fut une ballade en Enfer pour un Newells sans réponse. La dernière recrue, le cafetero Jairo Castillo, comme à sa grande époque Roja, marqua un 4èmè but de toute beauté.

Dans un match qui devait être angoissant, le Diable s'est réveillé et démontra une nouvelle fois qu'Independiente n'est pas ce genre de club, de celui qui regarde vers le bas.

L'institution Indépendantiste n'aspire qu'au, et ne vit que pour, le prestige. Et si un jour elle doit rencontrer la mort, ce sera à la conquête de la Gloire.

Ce lundi soir, le peuple rouge répondit une énième fois présent, se serrant les coudes et offrant un soutient inconditionnel à ses joueurs et à son entraîneur.

Car si amertume il y a, elle est uniquement diabolique. El Gran Diablo est sorti de son Antre et rugit d'une voix venue des tréfonds de son indépendance.

Un son clair et puissant : celui du dernier champion.

Fabri