Rome sera
dimanche encore une fois en fusion pour le derby del Campidoglio ou plus
simplement le derby Capitolino, qui verra la Lazio recevoir la Roma dans ce
stade Olympique que les deux équipes se partagent.
Si l'on retrouve
de nombreux derby dans toute l'Italie Derby della Madonnina à Milan, Derby
della Mole à Turin, Derby della Lanterna à Gênes, Derby della Scala à Vérone,
celui de Rome reste unique de part son environnement spécifique.
Ainsi dans
toutes les grandes villes italiennes où apparaissent deux clubs historiquement
implantés, l'origine en est souvent identique : Un club bourgeois répond à
un club populaire ou inversement. Ainsi l’Inter et le Milan AC, la Juventus et
le Torino, la Sampdoria et le Genoa...Dans toutes les grandes villes c'est la
même chose, la même histoire plus ou moins modifiée au fil des années, partout,
sauf dans une Ville, et pas des moindres, la Capitale elle-même : Rome
Ainsi, Le 9
janvier 1900, huit gentlemen romains, Luigi Bigiarelli en tête, fondent la SS
Lazio sur la place de la Liberté, dans le quartier chic du Prati. Lazio
(Latium, ou Lazio en italien, comme la région d'Italie de Rome afin de marquer
le caractère régional du club). Les couleurs choisies, bleu ciel et blanc sont
celles du drapeau de la Grèce, patrie du sport en général, des Jeux olympiques
en particulier, dont les fondateurs «laziale» entendent intégrer les valeurs.
Quant à l'emblème de l'Aigle, symbole de Zeus, Dieu de l'Olympe, mais aussi des
légions impériales, il symbolise par extension la puissance de Rome…
Créée et
soutenue par la bourgeoisie romaine, la Lazio sera donc le premier club de foot
de la capitale, qui en comptera jusqu'à huit : Roman, Lazio, Juventus,
Alba, Fortitudo, Audace, UC Romana, Pro Roma.
Autant d'équipes
dont les identités sociales sont bien définies. C'est d'ailleurs cet ensemble
hétéroclite de clubs diversement impliqués socialement et politiquement qui
servira de combustible à la flambée extrémiste du Calcio romain.
En 1927, Italo
Foschi, un dirigeant passé des rangs fascistes chez les nationalistes, membre
du Comité olympique italien et Président de Fortitudo, qui a déjà réussi la
fusion avec Pro Roma prône maintenant le rassemblement de toutes les formations
de la capitale, pour s'opposer à la réorganisation gagnante des clubs du
Nord.de l'Italie.
C'est ainsi que
naîtra l'AS Rome, le 22 juillet 1927, l'équipe du peuple...
Seule la Lazio
résiste à cette fusion car il est inenvisageable pour les footeux issus des
beaux quartiers, de côtoyer ces ouvriers amateurs de Calcio.
Après la Seconde
Guerre mondiale, les rivalités politico-sportives demeurent et les deux clubs
conservent leurs propres identités bien ancrées dans la société romaine. Lazio
la bourgeoise, Roma la populaire qui "glissent" de part et d'autre
vers l'extrémisme politique qui va bientôt toucher l'Italie.
Dès le début des
années 70, le mouvement ultra investit les gradins et se partage les Curve
(virages) du Stade Olympique : la Nord aux Laziale, la Curva Sud aux
Giallorossi et les "identités" politiques perdurent avec le même
antagonisme.
Une fracture se
produit lors de la saison 1987/1988 lorsque des ultras plus agressifs prennent
le pouvoir dans les rangs des tifosi de la Lazio, les Irriducibili.
De l'autre coté,
la Curva Sud du mythique CUCS de la Roma se divise en deux entre le Vecchio
CUCS et Le CUCS GAM.
Les premiers
symboles de l'extrême droite arrivent début 1990. Une faction néofasciste
paramilitaire, le Mouvement occidental, a regroupé les skinheads à Rome. Des
tifosi des deux clubs s'y retrouvent. En parallèle, le côté violent des
actions des ultras se développe…
Depuis lors, la
distinction politique et sociale qui existait en tifosi de la Lazio et de la
Roma n'a plus lieu d'être et les deux clubs sont en constante surenchère dans
la provocation verbale et physique…
Ainsi la Roma,
qui affiche à l'intention des Ciel et Blanc de la Lazio : "Même couleur,
même odeur", en rapport au drapeau israélien ce à quoi les Irriducibili
répondent : "Auschwitz votre patrie, les fours vos maisons"…
Bien évidemment
que ce soit dans un camp ou dans l'autre, une grande partie des tifosi ne se
reconnaît pas dans cet extrémisme mais comme dans tous les stades (italiens et
partout ailleurs aussi en fait…) ce sont les "Curve" qui définissent
"l'image" d'un club et de sa tifoseria.
Paradoxalement
ces évolutions n'ont pas rapproché les deux "tifoserie" (sauf au moment de la mort de Gabriele Sandri) et
l'antagonisme entre les ultras des deux clubs restent le plus violent d'Italie
avec certainement le derby della Mole entre le Torino et la Juve…