mardi 11 octobre 2011

Chroniques de Bosnie-Herzégovine : Des stades de plus en plus violents (Part I)…


Jeudi dernier, le Zeljeznicar Sarajevo devait recevoir le Hajduk Split en amical, mais le match a été annulé à cause des violentes bagarres qui ont éclaté entre les supporteurs des deux équipes avant même le début de la rencontre. La violence dans le foot est de plus en plus fréquentes en Bosnie-Herzégovine et prend souvent une dimension « ethno-politique », quand les matches opposent des équipes des différentes entités...


De violents affrontements ont éclaté à Banja Luka le 24 septembre dernier entre les supporters du Borac Banja Luka et ceux du ZeljezniCar de Sarajevo en marge du match qui opposait les deux équipes en championnat de Bosnie-Herzégovine.

Quelques jours plus tard, à Mostar lors du derby comptant pour la coupe de Bosnie-Herzégovine, ce sont les ultras croates du Zrinjski qui se sont illustrés en envahissant le terrain et poursuivant les joueurs du Velez après un but marqué.

Le match du 24 septembre dernier était très attendu au niveau sportif : Le Borac, champion en titre, accueillait le Zeljeznicar, club historique de Sarajevo qui vient de fêter ses 90 ans, entraîné par Amar Osim, le fils de la légende Ivica Osim.

Pour soutenir son équipe, les ultras du Zeljo, les Maniacs, étaient venus par centaines à Banja Luka dès vendredi. Dans la soirée, une rixe avait éclaté dans un bar, conduisant à l’arrestation de quatre supporters du Zeljo, dont deux mineurs. Un incident comme il en existe des dizaines chaque fin de semaine avec son lot de jeunes transportés à l’hôpital avec des blessures au couteau ou à l’arme à feu.

But du Zeljo, l’assaut commence

Le lendemain, les deux équipes rentrent pleinement dans le match. En dépit de l’enjeu, la rencontre se déroule dans le fair play total, avec un seul carton jaune. A la 28e minute de jeu, le Zeljo marque un but. Quelques secondes plus tard, les chants des Lesinari, les ultras du Borac, s’arrêtent et laissent place à l’invasion du terrain par certains d’entre eux qui, par dizaines, foncent vers la tribune réservée aux supporters adverses en leur jetant projectiles et fumigènes. Le journaliste interrompt la retransmission pour raconter ce qu’il voit : « l’arbitre s’est enfui…les joueurs du Zeljo se réfugient dans les vestiaires… la police spéciale poursuit les supporters sur le terrain… nos collègues cameramen résistent aux jets de pierre et de projectiles, et continuent de filmer dans la brume provoquée par les fumigènes tout en protégeant leur matériel ».

À la 33e minute, la nouvelle tombe officiellement : la rencontre est suspendue pour raisons de sécurité. Pendant que la police cherche à éviter les affrontements en ville entre supporters, le combat se poursuit et se propage sur les forums et réseaux sociaux. Avec un niveau de violence au moins équivalent, et sans personne pour l’empêcher.

L’histoire sonne comme une mauvaise blague : Un match qui se joue entre une équipe de Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine et siège du gouvernement de la Fédération de Bosnie-Herzégovine (51% du territoire de l’Etat), et une équipe de Banja Luka, capitale de la Republika Srpska (49% du territoire de l’Etat). Selon les clichés, typiques dans les analyses des « internationaux », il s’agit d’un match à haute valeur symbolique qu’aucune équipe ne peut perdre par rapport à ses propres supporters, entre une formation et des fans à majorité bosniaque et une autre à majorité serbe. Et pour couronner le tout, l’arbitre était croate. L’issue du match était prévisible.

Mais cette blague ne fait rire personne, et on se demande bien à quoi sert de disserter sur la réconciliation si dans le même temps dans les virages des stades de football résonnent des slogans tels que « ubij turke » (tuez les Turcs). Les « Turcs », dans le langage fasciste et néo-médiéval des ultras du Borac, cela désigne les « Musulmans » du Zeljo.

Le derby de Mostar

Le mercredi 28 septembre, on devait assister au match entre le Zrinjski et le Velez, les deux équipes de Mostar, ou, pour certains, les équipes des deux Mostar (Est et Ouest). Encore du pain béni pour justifier d’autres rapports inutiles d’organismes internationaux de monitoring. Vu que le derby de la ville au vieux pont est toujours un moment de tension, les représentants des deux clubs ont fait un appel commun au calme et à l’apaisement : «  le temps du primitivisme est terminé... Aujourd’hui, en vous comportant mal, vous ne ferez que punir votre propre équipe, aussi bien sur le plan économique qu’au niveau des sanctions sportives, notamment les matchs à huis clos ».

Et si ce rappel ne suffisait pas, juste avant le match les capitaines des deux équipes se sont directement tournés vers les supporters pour demander le calme : «  soyez assurés qu’entre les joueurs sur le terrain, il ne s’agit que d’une question de sport, et cela doit rester ainsi… Soutenez votre équipe, soyez le douzième homme, mais nous n’avons pas besoin de ce primitivisme. Le meilleur gagnera, le plus chanceux gagnera… Il y aura d’autres matchs… ».

Des messages de sport…

(Traduction d’un article de l’Osservatorio Balcani e Caucaso - Courrier des Balkans )